VÉCU PSYCHOLOGIQUE ET ATTACHEMENT DÉSORGANISÉ CHEZ L’ENFANT DIT « SORCIER » : CAS D’IBRAHIM À ABIDJAN, CÔTE D’IVOIRE

Abstract

La sorcellerie hante les esprits et nuit à l’existence des individus qui se disent victimes. Elle est évoquée lorsque la famille ou la société vit le malheur en son sein. Ainsi, les victimes entrent en conflit avec les coupables déclarées, en l’occurrence le membre le plus vulnérable, l’enfant. L’objectif de cette étude qualitative est de montrer à partir d’une étude de cas d’un garçon prénommé Ibrahim (anonyme), le vécu de stigmatisation, son monde psychique et l’attachement qu’il a pu construire avec son entourage. A travers la méthode clinique (entretien semi-directif, test Patte noire, dessins du bonhomme et de famille), les résultats révèlent qu’Ibrahim, enfant dit « sorcier », présente un vécu douloureux, traumatique, dépressif et abandonnique. Dans un contexte familial trop excitant, non contenant et insécure, il réagit par des manifestations réactionnelles et par la fuite dans la rue. Il a une image dévalorisée de soi et de sa famille au point de vivre des interactions indifférentes et distantes, voire absentes (attachement désorganisé). De plus, il manifeste un fort besoin de régression et a besoin d’une figure contenante et sécurisante pour résorber son angoisse d’abandon, d’anéantissement. Ces résultats ont été discutés en nous référant à la littérature scientifique antérieure existante. Cette recherche implique de tenir compte des potentialités de l’enfant et de lui offrir un cadre contenant dans lequel il puisse se structurer psychiquement, de développer chez lui un système défensif solide et d’initier un processus de résilience en s’appuyant sur les étayages externes à la famille.Witchcraft haunts the minds and harms the existence of individuals who claim to be victims. It is evoked when the family or society experiences misfortune within it. Thus, the victims come into conflict with the declared culprits, in this case the most vulnerable member, the child. The objective of this qualitative study is to show from a case study of a boy named Ibrahim (anonymous), the experience of stigmatization, his psychic world and the attachment he was able to build with those around him. Through the clinical method (semi-directive interview, Patte noire test, drawings of the man and of the family), the results reveal that Ibrahim, known as child sorcerer, presents a painful, traumatic, depressive and abandoned experience. In a family context that is too exciting, non-containing, insecure, he reacts by reactionary manifestations and by fleeing into the street. He has a devalued image of himself and his family to the point of experiencing indifferent and distant, even absent interactions (disorganized attachment). In addition, he shows a strong need for regression and needs a containing and reassuring figure to reduce his anxiety of abandonment, of annihilation. These results were discussed with reference to the existing prior scientific literature. This research involves taking into account the potentialities of the child and offering him a containing framework in which he can structure himself psychically, developing a solid defensive system in him and initiating a process of resilience by relying on the scaffolding outside the family.  Article visualizations: