« Désirer désobéir » : politique et stylistique d’un vivre autrement chez Annie Ernaux

Résumé Chez Annie Ernaux, l’alliage « désirer désobéir » (que j’emprunte à Georges Didi-Huberman) cristallise un engagement motivé par l’indignation et porté par une révolte créatrice – contre les indignités, contre le « désengagement de l’État », contre un déclinisme mortifère. L’opposition d’Ernaux au pouvoir dépasse la simple protestation ; comme chez Camus, qui demeure une de ses inspirations, une énergie du « pour » anime cette posture politique vouée à la recherche de la vérité, à l’exercice de la liberté et à la lutte pour la dignité. Ses prises de position contre toutes les formes d’injustice (politique migratoire française, traitement des Gilets Jaunes par les autorités françaises, réforme des retraites de 2023, etc.) confirment son rôle de protagoniste capitale d’une « repolitisation » anti-capital. Si Jean-Luc Mélenchon symbolise le contre-pouvoir, Ernaux, elle, incarne la puissance du désir : donc toujours à imaginer. Politique et éthique se fondent en une stylistique (qui englobe la justesse expressive) porteuse d’une autre vie.