Ronsard et ses adversaires protestants : une relation parodique

Vouloir parler de parodie au sujet de l'ceuvre de Pierre de Ronsard peut passer pour une provocation de cuistre, tant cette oeuvre semble s'identi fier au lyrisme sublime et a la grande eloquence. Pourtant, Ronsard a par fois taquine la muse comique et cela des ses debuts, lorsque pour se dis traire d'un petrarquisme brusque et epique il s'orienta vers le style ? bas ? des Continuations des Amours (1555-1556) et surtout du Livret de Folas tries (1553). Sur le tard, le poete devenu chagrin composa quelques pie ces pour ridiculiser les mceurs et certains personnages de la cour de Henri III. Au total, la moisson de pieces satiriques ou comiques est assez maigre, on en conviendra1. A l'inverse, la poesie ronsardienne s'est parfois vue ridiculisee, paro diee par ses imitateurs, ses emules et aussi ses adversaires. C'est, en effet, un aspect bien connu de la querelle des Discours qui, entre 1562 et 1563, mit aux prises Ronsard et ses opposants huguenots par poemes interposes2. Avant le massacre de Wassy, Ronsard semble appeler les rebelles de tous bords a rentrer dans le rang. Apres le declenchement des hostilites armees, le poete durcit le ton pour defendre le parti catholique de la couronne et pour vilipender la Reforme et ses partisans en France et a l'etranger.