{"title":"“They Threw Her in with the Prostitutes!”: Negotiating Respectability between the Space of Prison and the Place of Woman in Egypt (1943–1959)","authors":"Hannah Elsisi","doi":"10.4000/genrehistoire.5213","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Les memoires des prisonniers politiques articulent generalement la lutte de dissidents individuels et celle de groupes politiques pour atteindre plusieurs buts, simples et souvent recurrents : la liberte d’expression et d’association, la securite economique et sociale, des traitements humains et le droit de donner son avis sur les affaires de l’Etat et de la societe. Cela est vrai des memoires ecrits par des hommes et par des femmes egalement. Toutefois, des echos de luttes particulieres transparaissent dans les recits des prisonnieres politiques, et donc des mu‘taqalāt : comment elles se sont efforcees de concilier leur experience de prisonnieres avec la construction personnelle et publique d’elles-memes comme etudiantes serieuses, meres de famille aimantes, epouses consciencieuses, filles obeissantes et femmes respectables de la classe moyenne, parcourent l’ensemble de leurs temoignages. Les manifestations etudiantes de 1945-1946 ont confronte l’Etat egyptien semi-colonial a un probleme unique et nouveau : jusque-la les prisonnieres etaient considerees comme des criminelles de droit commun – revendeuses de drogues, prostituees (sic) et meurtrieres. Il n’y avait aucune possibilite culturelle, ni meme logistique ou infrastructurelle, d’incarcerer une femme de la classe moyenne comme revolutionnaire. De leur cote, les femmes de la classe moyenne, penetrant dans l’espace de la prison pour la premiere fois, risquaient leur reputation et leur honneur si elles ne pouvaient affirmer le caractere specifique de leur emprisonnement. Il s’ensuit par consequent que le combat pour la respectabilite mene par ces pionnieres mu‘taqalāt et le desarroi moral cause par leur emprisonnement se montra fondateur du paysage post-colonial des regimes de genre et de citoyennete nationaux. Cet article pose deux questions qui sont liees entre elles : comment la prison fut-elle impliquee dans la production de regimes de genre nationaux et comment les mu‘taqalāt defiaient-elles a leur tour ces regimes de genre nationaux depuis leur prison ? Je definis ici les mu‘taqalāt comme des femmes qui s’identifiaient elles-memes comme emprisonnees pour ce qu’elles-memes ou l’Etat consideraient comme des crimes lies a une identite ou une activite politiques.","PeriodicalId":332348,"journal":{"name":"Genre & histoire","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Genre & histoire","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/genrehistoire.5213","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les memoires des prisonniers politiques articulent generalement la lutte de dissidents individuels et celle de groupes politiques pour atteindre plusieurs buts, simples et souvent recurrents : la liberte d’expression et d’association, la securite economique et sociale, des traitements humains et le droit de donner son avis sur les affaires de l’Etat et de la societe. Cela est vrai des memoires ecrits par des hommes et par des femmes egalement. Toutefois, des echos de luttes particulieres transparaissent dans les recits des prisonnieres politiques, et donc des mu‘taqalāt : comment elles se sont efforcees de concilier leur experience de prisonnieres avec la construction personnelle et publique d’elles-memes comme etudiantes serieuses, meres de famille aimantes, epouses consciencieuses, filles obeissantes et femmes respectables de la classe moyenne, parcourent l’ensemble de leurs temoignages. Les manifestations etudiantes de 1945-1946 ont confronte l’Etat egyptien semi-colonial a un probleme unique et nouveau : jusque-la les prisonnieres etaient considerees comme des criminelles de droit commun – revendeuses de drogues, prostituees (sic) et meurtrieres. Il n’y avait aucune possibilite culturelle, ni meme logistique ou infrastructurelle, d’incarcerer une femme de la classe moyenne comme revolutionnaire. De leur cote, les femmes de la classe moyenne, penetrant dans l’espace de la prison pour la premiere fois, risquaient leur reputation et leur honneur si elles ne pouvaient affirmer le caractere specifique de leur emprisonnement. Il s’ensuit par consequent que le combat pour la respectabilite mene par ces pionnieres mu‘taqalāt et le desarroi moral cause par leur emprisonnement se montra fondateur du paysage post-colonial des regimes de genre et de citoyennete nationaux. Cet article pose deux questions qui sont liees entre elles : comment la prison fut-elle impliquee dans la production de regimes de genre nationaux et comment les mu‘taqalāt defiaient-elles a leur tour ces regimes de genre nationaux depuis leur prison ? Je definis ici les mu‘taqalāt comme des femmes qui s’identifiaient elles-memes comme emprisonnees pour ce qu’elles-memes ou l’Etat consideraient comme des crimes lies a une identite ou une activite politiques.