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Abstract
Fort dissemblables, Amuleto de Roberto Bolano et Insensatez d’Horacio Castellanos Moya partagent cependant une conviction : il n’est de valeur du temoignage que dans son intensite poetique. Prenant a rebours l’historique mesinterpretation dont a fait l’objet la phrase d’Adorno sur l’impossibilite d’ecrire une certaine poesie apres Auschwitz, les deux romans font du temoin et de son role dans l’instruction de crimes d’Etat ou le retablissement d’une memoire post-traumatique, le fragile porteur ou le lecteur avide d’un dire poetique qui, pour egare qu’il soit, est le garant d’une verite ethique et esthetique. C’est sur cette mise en acte ou en scene de la parole poetique memorielle dans la fiction que se fonde une veritable riposte a l’insense de la violence d’Etat et a l’oubli, tout autant qu’une reflexion sur le paradoxal pouvoir de la litterature ou, comme le predit Auxilio Lacouture dans Amuleto, sur la « metempsychose » a venir de la poesie apres le xxe siecle, sur son « non-pouvoir, qui se fera visible autrement ».