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Abstract
Lors du tournage d’un de ses prochains films, Henrico’s Farm, le realisateur philippin a accepte de nous rencontrer pour parler de sa pratique cinematographique et de ses methodes de travail. En dressant le portrait de son pays dans dix-huit longs metrages, trois courts et un documentaire, l’œuvre du realisateur s’attache a representer les differentes formes de repressions qu’ont endurees les Philippines (colonialisme espagnol, occupation americaine et japonaise, loi martiale de Marcos) a travers la vie privee quotidienne d’une galerie de personnages. Cet entretien a ainsi ete l’occasion de revenir sur les defis poses par la representation d’un passe traumatique qui ne fait que se repeter. Contre cet « appareil politique de la representation » dictant ce qui est digne d’etre visible et ces « conventions hollywoodiennes » qui supposent l’imbecilite du spectateur et refusent la pensee critique, le cinema de Lav Diaz propose de se tourner vers les espaces negliges (barrios et espaces ruraux dans From What is Before), les populations delaissees (les paysans itinerants dans Heremias) et les vies « infâmes » (les femmes emprisonnees et une prostituee transgenre dans The Women who Left). Pour combattre « ce cercle vicieux de la culture de la peur et de la violence », il faut accepter le temps long du plan fixe nous devoilant ce que nous refusons de voir.