« Quand on me battait debout, je saignais en pile. »

Gilles Delâtre
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Abstract

En Guadeloupe, au mois de décembre 1841, Eugène Vaultier de Moyencourt, propriétaire dans la commune de Petit-Canal, est jugé par la cour d’assises de Basse-Terre pour « châtiments excessifs et traitements inhumains sur ses esclaves ». De janvier à mars 1842, Louis-Joseph Vallentin, propriétaire de Joinville à Marie-Galante, est jugé par la cour d’assises de Pointe-à-Pitre pour avoir, dans le courant de l’année 1838, donné la mort à l’esclave Sébastien. À mesure que le discours abolitionniste gagne en audience en métropole et que la justice coloniale – prononcée par le ministère public – se veut plus clémente, les « propriétaires » de la Guadeloupe n’entendent pas abdiquer, arguant tour à tour de l’inviolabilité de la propriété privée, des caractéristiques raciales des Noirs qui seraient inaptes à la liberté, de l’intérêt national et de conceptions issues de la religion ou de l’Antiquité classique, selon lesquelles l’esclavage serait nécessaire à la civilisation. Entre 1840 et 1848, on peut recenser 21 dossiers où la violence arbitraire du maître, allant jusqu’à la cruauté, voire le sadisme, entraîne souvent la mort des esclaves (Josette Fallope, 1992). C’est le cas des affaires Vaultier de Moyencourt et Vallentin qui mettent au jour sévices quotidiens, châtiments et tortures qu’endurent des esclaves réputés empoisonneurs. Si elles se terminent sans surprise par l’acquittement des maîtres, représentants d’une plantocratie fondée sur l’endogamie blanche et résolue à conserver le pouvoir dans la colonie, elles donnent à entendre, à petit bruit, une remise en cause pusillanime de l’impunité du maître par le ministère public. De surcroît, elles nous laissent entendre la voix des esclaves qui témoignent. Si certains restent sous influence, d’autres accusent et décrivent les supplices et les crimes. Ces témoignages, prononcés en créole, nous sont parvenus traduits en français par le truchement des greffiers (avec toutefois quelques mots maintenus en créole) dans la relation que La Gazette officielle de la Guadeloupe a donnée de ces procès.
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“当他们站着打我的时候,我一堆流血。»
1841年12月,在瓜德罗普岛,eugene Vaultier de moycourt, Petit-Canal公社的所有者,因“对奴隶的过度惩罚和不人道待遇”被巴斯特雷法庭审判。1842年1月至3月,玛丽-加兰特Joinville的所有者路易斯-约瑟夫·瓦伦丁(Louis-Joseph Vallentin)因1838年杀害奴隶sebastien而受到波因特- a - pitre巡回法庭的审判。随着废奴主义话语赢得觐见殖民宗主国和正义——检察机关要以更宽大,瓜德罗普的«»业主们不打算退位,反过来说,这些私有财产不受侵犯,黑人的种族特征,将不适合自由、国家利益和观念是从古典古代宗教,奴隶制对文明是必要的。在1840年至1848年间,有21个案例表明,主人的任意暴力,甚至虐待,经常导致奴隶死亡(Josette Fallope, 1992)。Vaultier de moycourt和Vallentin的案件就是这样,他们揭露了被认为是毒贩子的奴隶每天遭受的虐待、惩罚和酷刑。如果他们以“主人”的无罪释放而结束,这是一个建立在白人内婚基础上并决心在殖民地保留权力的plantocratie的代表,那么他们就会悄无声息地暗示检察官办公室对主人有罪不罚的懦弱挑战。更重要的是,他们让我们听到奴隶的声音。虽然一些人仍然受到影响,但另一些人指责和描述酷刑和罪行。这些证词是用克里奥尔语发表的,并通过书记员翻译成法语,在《瓜德罗普官方公报》对这些审判的描述中保留了一些克里奥尔语。
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