{"title":"Poésie de la langue des colonies dans Nos Créoles d’Armand Corre (1890)","authors":"Odile Hamot","doi":"10.4000/etudescaribeennes.28323","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cet article entend montrer comment la réflexion sur la langue créole proposée par le médecin de la Marine, Armand Corre, dans l’étude « politico-sociologique » qu’il fait paraître en 1890 sous le titre Nos Créoles, est nourrie de partis pris anthropologiques clairement énoncés ou perceptibles en filigrane, et aboutit à une étonnante inversion axiologique : aux insuffisances d’une langue nègre envisagée à travers les œillères d’un racisme d’époque comme parler de « grands enfants » viennent s’ajouter les séductions d’une langue-femme, riche de tout l’imaginaire exotique suscité, depuis le xviiie siècle, par la Blanche créole et la mulâtresse, ainsi que la nostalgie idéalisatrice d’un monde originel perdu qui trouve sa source dans la littérature. Ce passé idéalisé, perçu comme enfance du monde social, ancre en définitive la langue créole dans l’espace de la poésie. Par là seulement, la société créole trouve grâce aux yeux d’Armand Corre.","PeriodicalId":11790,"journal":{"name":"Études Caribéennes","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-09-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Études Caribéennes","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.28323","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Cet article entend montrer comment la réflexion sur la langue créole proposée par le médecin de la Marine, Armand Corre, dans l’étude « politico-sociologique » qu’il fait paraître en 1890 sous le titre Nos Créoles, est nourrie de partis pris anthropologiques clairement énoncés ou perceptibles en filigrane, et aboutit à une étonnante inversion axiologique : aux insuffisances d’une langue nègre envisagée à travers les œillères d’un racisme d’époque comme parler de « grands enfants » viennent s’ajouter les séductions d’une langue-femme, riche de tout l’imaginaire exotique suscité, depuis le xviiie siècle, par la Blanche créole et la mulâtresse, ainsi que la nostalgie idéalisatrice d’un monde originel perdu qui trouve sa source dans la littérature. Ce passé idéalisé, perçu comme enfance du monde social, ancre en définitive la langue créole dans l’espace de la poésie. Par là seulement, la société créole trouve grâce aux yeux d’Armand Corre.