{"title":"Du geste corporel au geste vocal : implications de la théorie de la musicalité communicative dans l'apprentissage des comptines à l'école primaire","authors":"Nathalie Estienne, Stéphane Veyssière","doi":"10.26034/vd.jrea.2024.4719","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"En France, les comptines à l’école maternelle sont présentées dans les programmes nationaux comme un point d’appui fort à l’apprentissage du langage ; cette orientation est par ailleurs largement attestée par la recherche (Bolduc et Lefevre, 2012). Nous abordons dans cet article la comptine parlée dans ses dimensions corporelles et musicales, en interrogeant le rôle du geste dans la fluidité de son apprentissage en termes de mémorisation, de motivation à la dire, d’engagement des élèves et de l’enseignant lors de son interprétation. À la lumière du concept de musicalité communicative développé par Trevarthen (2010), nous observons une séquence d’enseignement/apprentissage de comptines en moyenne et grande section de maternelle. L’analyse nous permet de faire émerger des éléments caractéristiques de la proto-narration nous mettant en prise directe avec le rôle organisateur du geste – non pas le geste paraphrasant le sens ou les mots de la comptine – mais le geste qui, par son organisation rythmique, structure et donne sa direction à la temporalité de la narration. Elle nous permet ensuite d’appuyer l’idée selon laquelle, dans la manifestation rythmique du temps, le geste associé à la voix se charge d’intentions et d’émotions dont l’expressivité participe de la transmission du message. Des différents exemples choisis, il ressort que le geste corporel ou vocal n’est pas le fidèle accompagnateur du sens, mais qu’il produit le sens par une cohérence interne de ses enchaînements, cohérence d’un autre ordre que celle du texte et dont la plasticité est source de plaisir. L’article cherche à faire émerger cette cohérence, intuitivement pressentie par le professeur d’école observé lorsqu’il a conceptualisé sa pratique. Cette approche de la comptine vise à faire émerger de cette petite forme hybride sa dimension de forme temporelle abstraite, nourrie d’unités sonores dont la composante est gestuelle.","PeriodicalId":240039,"journal":{"name":"Journal de recherche en éducations artistiques (JREA)","volume":"130 2","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-02-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Journal de recherche en éducations artistiques (JREA)","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.26034/vd.jrea.2024.4719","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
En France, les comptines à l’école maternelle sont présentées dans les programmes nationaux comme un point d’appui fort à l’apprentissage du langage ; cette orientation est par ailleurs largement attestée par la recherche (Bolduc et Lefevre, 2012). Nous abordons dans cet article la comptine parlée dans ses dimensions corporelles et musicales, en interrogeant le rôle du geste dans la fluidité de son apprentissage en termes de mémorisation, de motivation à la dire, d’engagement des élèves et de l’enseignant lors de son interprétation. À la lumière du concept de musicalité communicative développé par Trevarthen (2010), nous observons une séquence d’enseignement/apprentissage de comptines en moyenne et grande section de maternelle. L’analyse nous permet de faire émerger des éléments caractéristiques de la proto-narration nous mettant en prise directe avec le rôle organisateur du geste – non pas le geste paraphrasant le sens ou les mots de la comptine – mais le geste qui, par son organisation rythmique, structure et donne sa direction à la temporalité de la narration. Elle nous permet ensuite d’appuyer l’idée selon laquelle, dans la manifestation rythmique du temps, le geste associé à la voix se charge d’intentions et d’émotions dont l’expressivité participe de la transmission du message. Des différents exemples choisis, il ressort que le geste corporel ou vocal n’est pas le fidèle accompagnateur du sens, mais qu’il produit le sens par une cohérence interne de ses enchaînements, cohérence d’un autre ordre que celle du texte et dont la plasticité est source de plaisir. L’article cherche à faire émerger cette cohérence, intuitivement pressentie par le professeur d’école observé lorsqu’il a conceptualisé sa pratique. Cette approche de la comptine vise à faire émerger de cette petite forme hybride sa dimension de forme temporelle abstraite, nourrie d’unités sonores dont la composante est gestuelle.