R. Robert , A. Abel , F. Louis-Sidney , A. Felix , R. Cougnaud , A. Parsemain , F. Moinet , I. Coco-Viloin , M. Dramé , E. Amazan , R. Bellance , C. Deligny , B. Suzon
{"title":"La dysphonie et les anticorps anti-MI2 sont indépendamment associés à la dysphagie au cours des myopathies inflammatoires en Martinique","authors":"R. Robert , A. Abel , F. Louis-Sidney , A. Felix , R. Cougnaud , A. Parsemain , F. Moinet , I. Coco-Viloin , M. Dramé , E. Amazan , R. Bellance , C. Deligny , B. Suzon","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.343","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>La dysphagie est une manifestation grave des myopathies inflammatoires idiopathiques (MI) mettant en jeu le pronostic vital. Certaines caractéristiques et facteurs associés ont été rapportés chez des personnes d’origine caucasienne et asiatique, mais il existe très peu de données relatives aux individus d’ascendance africaine.</p><p>L’objectif de cette étude était donc de déterminer les caractéristiques et facteurs associés à la dysphagie au cours des myopathies inflammatoires en Martinique.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Les dossiers médicaux des patients atteints de MI vus entre 2004 et 2022 dans le seul centre tertiaire de l’île caribéenne de la Martinique ont été examinés. Pour être inclus, les patients devaient être âgés de 18 ans ou plus et répondre aux critères diagnostiques de MI probable ou certaine. La dysphagie a été retenue après évaluation par un orthophoniste et/ou un oto-rhino-laryngologiste, appuyé par une évaluation endoscopique souple de la déglutition (FEES). La date du diagnostic, les caractéristiques cliniques et biologiques, le traitement et l’évolution de la maladie ont été recueillis et comparés entre les patients atteints de MI avec et sans dysphagie. Afin d’identifier les facteurs indépendants associés à l’apparition de la dysphagie, une analyse multivariée a été réalisée à l’aide d’un modèle de régression logistique.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Cent soixante-neuf patients atteints de MI (31 patients avec dysphagie et 138 témoins sans dysphagie) ont été inclus. La fausse route était le symptôme le plus fréquent (77,4 %) et la stase salivaire (59,1 %) était l’élément le plus retrouvé au cours des FEES.</p><p>Comparativement, les patients souffrant de dysphagie étaient plus souvent atteints de dermatomyosite (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,021), diagnostiquée par ailleurs plus tôt (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,003) que dans le groupe sans dysphagie. Le déficit musculaire était également plus fréquent chez les patients atteints de dysphagie que chez les témoins (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001).</p><p>L’analyse multivariée a identifié la positivité des anti-Mi2 (OR : 4,605, IC95 % [1,386–15,661] ; <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,013) et la dysphonie (OR : 10,119, IC95 % [1,549–90,560] ; <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,020) comme des facteurs indépendants de dysphagie au cours des MI. En ce qui concerne les traitements, les patients avec dysphagie ont reçu plus de boli de corticostéroïdes (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,010), d’immunoglobulines intraveineuses (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001) et de méthotrexate (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,006) que les patients sans dysphagie.</p><p>Enfin, les patients avec dysphagie étaient significativement plus dénutris (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002), et avaient plus de pneumonie d’inhalation (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,004) et de rechutes de la MI (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,013) que ceux sans dysphagie. Il n’y avait pas de différence entre les groupes en ce qui concerne la survenue de cancers ou de décès liés à la MI.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>La positivité des anticorps anti-Mi2 et la dysphonie sont des facteurs prédictifs indépendants de la survenue d’une dysphagie chez les patients martiniquais atteints de MI. Il existe une potentielle corrélation avec l’origine ethnique, mais des données comparatives supplémentaires sont nécessaires.</p></div>","PeriodicalId":0,"journal":{"name":"","volume":"45 ","pages":"Pages A61-A62"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324004363","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La dysphagie est une manifestation grave des myopathies inflammatoires idiopathiques (MI) mettant en jeu le pronostic vital. Certaines caractéristiques et facteurs associés ont été rapportés chez des personnes d’origine caucasienne et asiatique, mais il existe très peu de données relatives aux individus d’ascendance africaine.
L’objectif de cette étude était donc de déterminer les caractéristiques et facteurs associés à la dysphagie au cours des myopathies inflammatoires en Martinique.
Patients et méthodes
Les dossiers médicaux des patients atteints de MI vus entre 2004 et 2022 dans le seul centre tertiaire de l’île caribéenne de la Martinique ont été examinés. Pour être inclus, les patients devaient être âgés de 18 ans ou plus et répondre aux critères diagnostiques de MI probable ou certaine. La dysphagie a été retenue après évaluation par un orthophoniste et/ou un oto-rhino-laryngologiste, appuyé par une évaluation endoscopique souple de la déglutition (FEES). La date du diagnostic, les caractéristiques cliniques et biologiques, le traitement et l’évolution de la maladie ont été recueillis et comparés entre les patients atteints de MI avec et sans dysphagie. Afin d’identifier les facteurs indépendants associés à l’apparition de la dysphagie, une analyse multivariée a été réalisée à l’aide d’un modèle de régression logistique.
Résultats
Cent soixante-neuf patients atteints de MI (31 patients avec dysphagie et 138 témoins sans dysphagie) ont été inclus. La fausse route était le symptôme le plus fréquent (77,4 %) et la stase salivaire (59,1 %) était l’élément le plus retrouvé au cours des FEES.
Comparativement, les patients souffrant de dysphagie étaient plus souvent atteints de dermatomyosite (p = 0,021), diagnostiquée par ailleurs plus tôt (p = 0,003) que dans le groupe sans dysphagie. Le déficit musculaire était également plus fréquent chez les patients atteints de dysphagie que chez les témoins (p < 0,001).
L’analyse multivariée a identifié la positivité des anti-Mi2 (OR : 4,605, IC95 % [1,386–15,661] ; p = 0,013) et la dysphonie (OR : 10,119, IC95 % [1,549–90,560] ; p = 0,020) comme des facteurs indépendants de dysphagie au cours des MI. En ce qui concerne les traitements, les patients avec dysphagie ont reçu plus de boli de corticostéroïdes (p = 0,010), d’immunoglobulines intraveineuses (p < 0,001) et de méthotrexate (p = 0,006) que les patients sans dysphagie.
Enfin, les patients avec dysphagie étaient significativement plus dénutris (p = 0,002), et avaient plus de pneumonie d’inhalation (p = 0,004) et de rechutes de la MI (p = 0,013) que ceux sans dysphagie. Il n’y avait pas de différence entre les groupes en ce qui concerne la survenue de cancers ou de décès liés à la MI.
Conclusion
La positivité des anticorps anti-Mi2 et la dysphonie sont des facteurs prédictifs indépendants de la survenue d’une dysphagie chez les patients martiniquais atteints de MI. Il existe une potentielle corrélation avec l’origine ethnique, mais des données comparatives supplémentaires sont nécessaires.