Les mutations gain de fonction de TLR7 sont à l’origine d’une maladie systémique et neuro-inflammatoire

IF 0.7 4区 医学 Q3 MEDICINE, GENERAL & INTERNAL Revue De Medecine Interne Pub Date : 2024-06-01 DOI:10.1016/j.revmed.2024.04.365
C. David , M. Badony , R. Kechiche , A. Insalaco , M. Zecca , F. De Benedetti , S. Orcesi , L. Chiapparini , P. Comoli , S. Federici , M. Gattorno , M. Ginevrino , E. Giorgio , V. Matteo , P. Moran-alvarez , D. Politano , P. Giusi , S. Fabio , S. Volpi , C. Masson , Y. Crow
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L’existence de formes familiales y compris chez des jumeaux monozygotes suggèrent une composante héréditaire majeure, concordante avec la description de quelques formes monogéniques. Les <em>Toll-like</em> récepteurs (TLRs) sont une famille de récepteurs immunitaires qui reconnaissent des motifs microbiens conservés et entraînent une réponse immunitaire innée et adaptative. Parmi les TLRs, TLR7, qui reconnaît les acides nucléiques viraux mais aussi du soi, a été particulièrement impliqué dans la physiopathologie du lupus. En effet, la surexpression de TLR7 suffit à entraîner une maladie lupique dans des modèles murins. De plus, des mutations hétérozygotes gain de fonction (GOF) du gène <em>TLR7</em> (situé sur le chromosome X) ont été décrites récemment comme une cause de lupus monogénique chez l’homme. Nous décrivons dans ce travail deux nouvelles mutations de TLR7 qui élargissent le spectre clinique du phénotype.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Le cas index de la première famille (F1.P1) était une fille qui a développé à 4<!--> <!-->ans un tableau de lupus avec une fièvre, un rash malaire, une anémie, une lymphopénie et une glomérulonéphrite classe III/IV associées à des anticorps antinucléaires (AAN) avec présence d’anti-ADN, d’anticorps anti-phospholipides et une hypocomplémentémie C3/C4. Elle a, de manière plus atypique, présenté un tableau de vascularite cérébrale avec ischémies cérébrales et calcifications cérébrales diffuses. Malgré de nombreux traitements immunosuppresseurs, elle est décédée à l’âge de 17<!--> <!-->ans d’un infarctus du myocarde. Le frère de F1.P1 a présenté à l’âge de 2<!--> <!-->jours une épilepsie réfractaire révélant des calcifications des noyaux gris centraux. 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Abstract

Introduction

Le lupus érythémateux systémique est une maladie très hétérogène associée habituellement à une activation de la voie des interférons de type I et à la présence d’auto-anticorps ciblant des auto-antigènes nucléaires. L’existence de formes familiales y compris chez des jumeaux monozygotes suggèrent une composante héréditaire majeure, concordante avec la description de quelques formes monogéniques. Les Toll-like récepteurs (TLRs) sont une famille de récepteurs immunitaires qui reconnaissent des motifs microbiens conservés et entraînent une réponse immunitaire innée et adaptative. Parmi les TLRs, TLR7, qui reconnaît les acides nucléiques viraux mais aussi du soi, a été particulièrement impliqué dans la physiopathologie du lupus. En effet, la surexpression de TLR7 suffit à entraîner une maladie lupique dans des modèles murins. De plus, des mutations hétérozygotes gain de fonction (GOF) du gène TLR7 (situé sur le chromosome X) ont été décrites récemment comme une cause de lupus monogénique chez l’homme. Nous décrivons dans ce travail deux nouvelles mutations de TLR7 qui élargissent le spectre clinique du phénotype.

Résultats

Le cas index de la première famille (F1.P1) était une fille qui a développé à 4 ans un tableau de lupus avec une fièvre, un rash malaire, une anémie, une lymphopénie et une glomérulonéphrite classe III/IV associées à des anticorps antinucléaires (AAN) avec présence d’anti-ADN, d’anticorps anti-phospholipides et une hypocomplémentémie C3/C4. Elle a, de manière plus atypique, présenté un tableau de vascularite cérébrale avec ischémies cérébrales et calcifications cérébrales diffuses. Malgré de nombreux traitements immunosuppresseurs, elle est décédée à l’âge de 17 ans d’un infarctus du myocarde. Le frère de F1.P1 a présenté à l’âge de 2 jours une épilepsie réfractaire révélant des calcifications des noyaux gris centraux. Une fièvre associée à des poussées d’éruptions cutanées et une lymphopénie sont ensuite apparues et ont bien répondu à un traitement immunosuppresseur comprenant du ruxolitinib. Le bilan auto-immun était négatif. La mère des deux enfants a développé à 12 ans un rash malaire avec AAN positifs puis a présenté à 24 ans un épisode de purpura thrombopénique immunologique (PTI), et une thrombose artérielle étendue du membre inférieur droit à 44 ans (malgré l’absence d’anticorps anti-phospholipides). Les trois membres de la famille étaient porteurs de la mutation F507S (c.1520 T>C) dans le gène TLR7.

La deuxième famille était composée d’une seule fille (F2.P1) qui a développé à l’âge de 1 an un PTI et une anémie hémolytique auto-immune (syndrome d’Evans). Une IRM cérébrale, réalisée à l’âge de 8 ans devant un retard de développement, retrouvait de nombreux hypersignaux corticaux et sous corticaux. À 10 ans, du fait du caractère réfractaire de l’anémie et de la thrombopénie malgré de nombreux traitements immunosuppresseurs, elle a reçu une allogreffe de moelle osseuse d’un donneur phéno-identique. L’évolution hématologique a été favorable au décours de la greffe mais la leuco-encéphalopathie a continué à progresser sur les IRM. La patiente était porteuse de la substitution L528I (c.1582C>A) survenue de manière de novo dans le gène TLR7.

Les analyses fonctionnelles réalisées dans un modèle cellulaire ont montré un mécanisme gain de fonction pour les deux variants (F507S et L528I) au même niveau qu’un mutant GOF TLR7 déjà publié (F507L). La modélisation de la structure protéique de TLR7 a montré que tous les variants étaient situés au niveau de l’interface d’homo-dimérisation de TLR7, et que l’effet du variant L528I était prédit comme le plus élevé sur la capacité de dimérisation de TLR7. Etant donné que l’homo-dimérisation de TLR7 est nécessaire pour l’activation de son signal, il est probable que la perturbation de cette interface entraîne l’effet GOF que nous observons.

Conclusion

Nous rapportons ici deux nouvelles mutations de TLR7 encore jamais décrites. Bien que les mutations de TLR7 soient principalement associées à des phénotypes de lupus, nous décrivons ici un spectre clinique plus élargi, avec atteinte neuro-inflammatoire atypique pour des lupus et la possible absence d’auto-immunité lupique. De plus, nous décrivons pour la première fois la possibilité que des hommes hémizygotes soient atteints. Enfin, ce travail souligne l’importance de l’homo-dimérisation de TLR7 pour la régulation de son activité.

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TLR7 功能增益突变导致全身性和神经性炎症疾病
导言系统性红斑狼疮是一种高度异质性疾病,通常与 I 型干扰素通路的激活和针对核自身抗原的自身抗体的存在有关。家族性疾病(包括单卵双生子)的存在表明该病有很大的遗传因素,这与少数单基因疾病的描述一致。Toll 样受体(TLRs)是一个免疫受体家族,能识别保守的微生物图案并触发先天性和适应性免疫反应。在 TLRs 中,TLR7 既能识别病毒核酸,也能识别自身核酸,它与狼疮的病理生理学关系尤为密切。在小鼠模型中,TLR7 的过表达足以导致狼疮疾病。此外,TLR7 基因(位于 X 染色体上)的杂合子功能增益(GOF)突变最近被描述为人类单基因狼疮的病因之一。结果第一个家族中的病例(F1.P1)是一名女孩,4 岁时患上狼疮,伴有发热、跖疹、贫血、淋巴细胞减少和 III/IV 级肾小球肾炎,并伴有抗核抗体 (ANA)、抗DNA、抗磷脂抗体和 C3/C4 低补体血症。更为罕见的是,她还出现了脑血管炎,伴有脑缺血和弥漫性脑钙化。尽管经过多次免疫抑制治疗,她还是在 17 岁时死于心肌梗塞。F1.P1的弟弟在2岁时患上难治性癫痫,显示基底节钙化。随后出现发热伴皮疹和淋巴细胞减少症,对包括芦可利替尼在内的免疫抑制治疗反应良好。自身免疫检查结果为阴性。两个孩子的母亲在 12 岁时出现了 ANA 阳性的睑板腺皮疹,随后在 24 岁时出现了免疫性血小板减少性紫癜(ITP),在 44 岁时出现了右下肢广泛的动脉血栓(尽管没有抗磷脂抗体)。该家族的三名成员均携带 TLR7 基因的 F507S(c.1520 T>C)突变。 第二个家族由一个女儿(F2.P1)组成,她在 1 岁时患上了 ITP 和自身免疫性溶血性贫血(埃文斯综合征)。由于发育迟缓,她在 8 岁时接受了脑部核磁共振成像检查,结果显示大脑皮层和皮层下存在大量超信号。10 岁时,由于在多次免疫抑制治疗后仍出现难治性贫血和血小板减少症,她接受了来自同种异体捐献者的骨髓异体移植。移植后,患者的血液学状况良好,但核磁共振成像显示白质脑病仍在发展。在细胞模型中进行的功能分析显示,这两个变异体(F507S和L528I)的功能增益机制与之前发表的TLR7 GOF突变体(F507L)处于同一水平。对 TLR7 蛋白结构的建模显示,所有变体都位于 TLR7 同源二聚化界面,而 L528I 变体对 TLR7 二聚化能力的影响预计最大。鉴于 TLR7 同源二聚化是激活其信号的必要条件,因此该界面的破坏很可能导致我们观察到的 GOF 效应。尽管 TLR7 基因突变主要与狼疮表型有关,但我们在此描述了一个更广泛的临床谱系,其中包括非典型狼疮的神经炎症参与以及可能不存在的狼疮自身免疫。此外,我们还首次描述了血型杂合子男性也可能受到影响。最后,这项研究强调了 TLR7 同源二聚化对调节其活性的重要性。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
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来源期刊
Revue De Medecine Interne
Revue De Medecine Interne 医学-医学:内科
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期刊介绍: Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English. La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.
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