P. Mansuy , T. El Jammal , R. Jacquot , T. Mathis , L. Kodjikian , P. Sève
{"title":"Étiologies des uvéites intermédiaires : un bilan orienté en fonction de l’âge ?","authors":"P. Mansuy , T. El Jammal , R. Jacquot , T. Mathis , L. Kodjikian , P. Sève","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.372","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>Les uvéites intermédiaires (UI) sont définies par une inflammation prédominant au niveau du corps vitré et de la rétine périphérique <span>[1]</span>. Les UI sont souvent idiopathiques ; la sarcoïdose et la sclérose en plaques sont les principales causes identifiées dans la littérature, mais de nombreuses étiologies sont rapportées <span>[2]</span>. Comme pour les autres types anatomiques d’uvéites, l’approche diagnostique nécessite la prise en compte des données démographiques, anamnestiques, de l’examen physique puis des résultats d’examens complémentaires orientés. L’objectif de cette étude est d’analyser la distribution des étiologies d’UI en fonction de l’âge afin de pouvoir guider la démarche diagnostique.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective. Les patients ont été adressés par un ophtalmologiste, dans un service de médecine interne au sein d’un centre tertiaire, avec un diagnostic d’uvéite sans cause immédiatement identifiée entre juillet 2002 et avril 2023. Le diagnostic d’uvéite intermédiaire a été retenu à partir des critères SUN <span>[1]</span>. Étaient exclues : les uvéites survenant dans le cadre d’une pathologie systémique connue susceptible d’expliquer l’inflammation oculaire et les uvéites dont le diagnostic étiologique était porté par l’examen ophtalmologique uniquement. 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Sur le plan anatomique, 90 patients (69,2 %) présentaient une UI bilatérale, presque toujours chronique (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->129). Sur le plan étiologique, l’uvéite était considérée comme idiopathique chez 68 patients (52,3 %), dont l’âge médian était de 47,5 [33–65] ans. L’étiologie la plus fréquemment identifiée était la sarcoïdose chez 20 patients (15,4 %) (âge médian : 54 [42–59] ans), 11 patients (8,5 %) avaient une UI associée à un lymphome (âge médian : 62 [56,5–69,5] ans), 10 patients (7,8 %) présentaient une pars planite (âge médian : 25 [22–30] ans), tandis que 6 patients présentaient une UI en lien avec une sclérose en plaques (âge médian : 36 [26–48] ans). 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Abstract
Introduction
Les uvéites intermédiaires (UI) sont définies par une inflammation prédominant au niveau du corps vitré et de la rétine périphérique [1]. Les UI sont souvent idiopathiques ; la sarcoïdose et la sclérose en plaques sont les principales causes identifiées dans la littérature, mais de nombreuses étiologies sont rapportées [2]. Comme pour les autres types anatomiques d’uvéites, l’approche diagnostique nécessite la prise en compte des données démographiques, anamnestiques, de l’examen physique puis des résultats d’examens complémentaires orientés. L’objectif de cette étude est d’analyser la distribution des étiologies d’UI en fonction de l’âge afin de pouvoir guider la démarche diagnostique.
Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective. Les patients ont été adressés par un ophtalmologiste, dans un service de médecine interne au sein d’un centre tertiaire, avec un diagnostic d’uvéite sans cause immédiatement identifiée entre juillet 2002 et avril 2023. Le diagnostic d’uvéite intermédiaire a été retenu à partir des critères SUN [1]. Étaient exclues : les uvéites survenant dans le cadre d’une pathologie systémique connue susceptible d’expliquer l’inflammation oculaire et les uvéites dont le diagnostic étiologique était porté par l’examen ophtalmologique uniquement. Les critères diagnostiques étaient : les critères d’Abad modifiés pour la sarcoïdose, les critères de McDonald 2017 révisés [3] pour la sclérose en plaque, les critères SUN pour les pars planites [1] et les tests microbiologiques appropriés pour les UI d’origine infectieuse. Le diagnostic de lymphome oculo-cérébral et de lymphome intra-oculaire primitif étaient établis à partir de l’analyse cytopathologique.
Résultats
Parmi les 1914 patients inclus dans la cohorte, 130 patients présentaient une uvéite intermédiaire répondant aux critères d’inclusion ; il s’agissait majoritairement de femmes (n = 78 ; 60 %) avec un âge médian de 49 [32–61] ans. La majorité des patients étaient d’origine caucasienne (n = 115, 88 %). La durée médiane de suivi était de 20 [2,25–59,5] mois. Sur le plan anatomique, 90 patients (69,2 %) présentaient une UI bilatérale, presque toujours chronique (n = 129). Sur le plan étiologique, l’uvéite était considérée comme idiopathique chez 68 patients (52,3 %), dont l’âge médian était de 47,5 [33–65] ans. L’étiologie la plus fréquemment identifiée était la sarcoïdose chez 20 patients (15,4 %) (âge médian : 54 [42–59] ans), 11 patients (8,5 %) avaient une UI associée à un lymphome (âge médian : 62 [56,5–69,5] ans), 10 patients (7,8 %) présentaient une pars planite (âge médian : 25 [22–30] ans), tandis que 6 patients présentaient une UI en lien avec une sclérose en plaques (âge médian : 36 [26–48] ans). Les autres étiologies rassemblaient les UI d’origine infectieuse (n = 4 ; 2 uvéites d’origine tuberculeuse et 2 uvéites en lien avec une maladie de Lyme), la rétinochoroïdopathie de Birdshot (n = 4), l’iridocyclite hétérochromique de Fuchs (n = 3), la maladie de Behçet (n = 2), la rectocolite hémorragique (n = 1) et un syndrome radiologiquement isolé (n = 1). La Figure 1 présente la répartition étiologique en fonction des classes d’âge.
Conclusion
L’analyse de l’âge est utile pour guider la démarche étiologique devant une UI. À cet égard, on peut retenir dans notre série, l’absence d’UI liée à une sclérose en plaques après 60 ans, l’absence d’UI liée à un lymphome avant 45 ans et d’UI sarcoïdosique avant 30 ans. De plus, trois étiologies rendent compte de la grande majorité des causes d’UI pour chaque classe d’âge : il s’agit des uvéites idiopathiques, des pars planites et de la SEP avant 30 ans. Après 30 ans, il s’agit principalement des uvéites idiopathiques, de la sarcoïdose ainsi que le lymphome (à évoquer exclusivement après 45 ans). Après 60 ans, les lymphomes sont plus fréquents que la sarcoïdose. La répartition étiologique en fonction de l’âge observée dans notre étude doit être confirmée dans d’autres cohortes.
期刊介绍:
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La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.