R. Ouakrat , L. Penso , H. Sokol , D. Jullien , E. Sbidian
{"title":"Effet de l’exposition aux antibiotiques sur la persistance des biothérapies dans le psoriasis (étude sur données du SNDS)","authors":"R. Ouakrat , L. Penso , H. Sokol , D. Jullien , E. Sbidian","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.445","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Une diminution de l’efficacité des biomédicaments dans le psoriasis a été observée au cours du temps. Une dysbiose intestinale induite par une exposition aux antibiotiques (ATB) pourrait expliquer en partie une moindre persistance. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet de l’exposition aux ATB sur la persistance des biothérapies dans le psoriasis.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Étude sur cohorte sur données médico-administrative (SNDS). Étaient sélectionnés tous les patients adultes atteints de psoriasis et initiateurs d’un biomédicament entre le 31/12/2011 et le 31/06/2022. Les patients atteints de MICI à l’inclusion étaient exclus. Le critère de jugement principal était l’arrêt de la première séquence de biothérapie ou le switch pour un autre biomédicament. Les patients étaient censurés en cas de décès ou à la date de point. L’exposition aux ATB était recherchée dans les 6 mois précédant la date de début du biomédicament et au cours du suivi. Étaient colligées les variables connues comme étant associées à la persistance des biothérapies ou à la dysbiose intestinale (sévérité du psoriasis, prise de méthotrexate, âge, comorbidités cardiovasculaires, diabète, maladie respiratoire chronique, insuffisance rénale chronique, PsA, obésité, consommation alcoolique et tabagique), à l’inclusion et au cours du suivi (consommation d’IPP, diagnostic de MICI). La persistance a été évaluée par un modèle structural marginal de Cox pondéré et un hasard ratio pondéré (pHR) estimé.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 39 387 patients ont débuté une biothérapie (56 % d’hommes, âge moyen 48,2<!--> <!-->±<!--> <!-->15,1), suivi moyen (20,74<!--> <!-->±<!--> <!-->18,1 mois): 10 115 (25,6 %) avaient été exposés au moins une fois à un ATB à l’inclusion et 22 840 (57,9 %) l’ont été au cours du suivi. Le nombre d’expositions moyen au cours du suivi était de 2,12<!--> <!-->±<!--> <!-->3,81 délivrances, pour 12,91<!--> <!-->±<!--> <!-->30,17 de jours cumulés moyen/patient. Les 3 principales classes d’ATB prescrites au cours du suivi étaient les béta-lactamines, les macrolides et les fluoroquinolones. Après pondération, un patient exposé à une dispensation d’ATB dans les 6 mois (pHR 1,11 IC95 % 1,06–1,16) ou à deux dispensations ou plus (pHR 1,30 IC95 % 1,21–1,38) avait plus de risque d’arrêter sa biothérapie qu’un patient non exposé.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La prise d’ATB au cours du temps était associée à une moindre persistance des biothérapies. Un effet-dose était également observé. Comme hypothèse physiopathologique, nous pouvons discuter la survenue d’une dysbiose digestive liée à la prise d’ATB. On ne peut exclure l’arrêt du biomédicament lié à la survenue d’infections. Des analyses en sous-groupe s’intéressant aux types d’ATB (haut/modéré/bas risque de dysbiose) trouvent une association plus importante pour les ATB à haut risque de dysbiose.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La prise d’ATB semble être associée à une moindre persistance des biothérapies dans le psoriasis. Ces résultats interrogent un lien éventuel entre la dysbiose induite par les ATB et l’efficacité des biomédicaments.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A43"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007050","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Une diminution de l’efficacité des biomédicaments dans le psoriasis a été observée au cours du temps. Une dysbiose intestinale induite par une exposition aux antibiotiques (ATB) pourrait expliquer en partie une moindre persistance. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet de l’exposition aux ATB sur la persistance des biothérapies dans le psoriasis.
Matériel et méthodes
Étude sur cohorte sur données médico-administrative (SNDS). Étaient sélectionnés tous les patients adultes atteints de psoriasis et initiateurs d’un biomédicament entre le 31/12/2011 et le 31/06/2022. Les patients atteints de MICI à l’inclusion étaient exclus. Le critère de jugement principal était l’arrêt de la première séquence de biothérapie ou le switch pour un autre biomédicament. Les patients étaient censurés en cas de décès ou à la date de point. L’exposition aux ATB était recherchée dans les 6 mois précédant la date de début du biomédicament et au cours du suivi. Étaient colligées les variables connues comme étant associées à la persistance des biothérapies ou à la dysbiose intestinale (sévérité du psoriasis, prise de méthotrexate, âge, comorbidités cardiovasculaires, diabète, maladie respiratoire chronique, insuffisance rénale chronique, PsA, obésité, consommation alcoolique et tabagique), à l’inclusion et au cours du suivi (consommation d’IPP, diagnostic de MICI). La persistance a été évaluée par un modèle structural marginal de Cox pondéré et un hasard ratio pondéré (pHR) estimé.
Résultats
Au total, 39 387 patients ont débuté une biothérapie (56 % d’hommes, âge moyen 48,2 ± 15,1), suivi moyen (20,74 ± 18,1 mois): 10 115 (25,6 %) avaient été exposés au moins une fois à un ATB à l’inclusion et 22 840 (57,9 %) l’ont été au cours du suivi. Le nombre d’expositions moyen au cours du suivi était de 2,12 ± 3,81 délivrances, pour 12,91 ± 30,17 de jours cumulés moyen/patient. Les 3 principales classes d’ATB prescrites au cours du suivi étaient les béta-lactamines, les macrolides et les fluoroquinolones. Après pondération, un patient exposé à une dispensation d’ATB dans les 6 mois (pHR 1,11 IC95 % 1,06–1,16) ou à deux dispensations ou plus (pHR 1,30 IC95 % 1,21–1,38) avait plus de risque d’arrêter sa biothérapie qu’un patient non exposé.
Discussion
La prise d’ATB au cours du temps était associée à une moindre persistance des biothérapies. Un effet-dose était également observé. Comme hypothèse physiopathologique, nous pouvons discuter la survenue d’une dysbiose digestive liée à la prise d’ATB. On ne peut exclure l’arrêt du biomédicament lié à la survenue d’infections. Des analyses en sous-groupe s’intéressant aux types d’ATB (haut/modéré/bas risque de dysbiose) trouvent une association plus importante pour les ATB à haut risque de dysbiose.
Conclusion
La prise d’ATB semble être associée à une moindre persistance des biothérapies dans le psoriasis. Ces résultats interrogent un lien éventuel entre la dysbiose induite par les ATB et l’efficacité des biomédicaments.