M. Raby , F. Balusson , E. Oger , A. Dupuy , F. Poizeau
{"title":"Évènements cardiovasculaires graves précoces sous anti-IL-17 : étude pharmaco-épidémiologique basée sur le système national des données de santé","authors":"M. Raby , F. Balusson , E. Oger , A. Dupuy , F. Poizeau","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.485","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La sécurité cardiovasculaire des biothérapies du psoriasis est un sujet de controverse. Alors que les anti-TNF ne semblent pas incriminés, les anti-IL-17 pourraient, tout comme les anti-IL-12/23, déclencher des événements cardiovasculaires graves (ECVG, critère composite regroupant les accidents vasculaires cérébraux ischémiques ou les syndromes coronariens aigus) par déstabilisation de plaques d’athérome liée à l’inhibition des lymphocytes Th17. Notre objectif était de rechercher un effet déclencheur d’ECVG suivant l’initiation d’un anti-IL-17.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>À partir du système national des données de santé, nous avons extrait les données des sujets ayant reçu du sécukinumab, ixékizumab, brodalumab, adalimumab ou étanercept entre le 01/01/2010 et le 31/12/2021. Nous avons ensuite identifié les ECVG. Nous avons appliqué un schéma case-time-control: nous avons comparé les introductions d’anti-IL-17 dans la période « à risque », définie comme les 6 mois précédant un ECVG, à celles de la période « référence », définie comme les 6 mois qui lui sont antérieurs. Un groupe de témoins n’ayant pas fait d’ECVG permettait d’ajuster sur la tendance temporelle des initiations. Le schéma était répété chez les patients ayant reçu un anti-TNF pour une indication commune à celles des anti-IL-17. Les anti-TNF n’étaient pas comparés aux anti-IL-17 mais agissaient comme contrôle négatif. L’analyse était stratifiée sur le niveau de risque cardiovasculaire, défini comme haut en présence de 2 facteurs de risque ou d’un antécédent de maladie thrombo-embolique.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Parmi 34 241 sujets exposés aux anti-IL-17, 315 ECVG étaient survenus après l’initiation du traitement, soit une incidence de 3,4 pour 100 000 patients-années. Après application des critères d’exclusion, 260 ECVG étaient analysés. Parmi 108 811 sujets exposés aux anti-TNF, 1561 ECVG étaient analysés. Après ajustement, l’odds-ratio estimant le risque d’ECVG précoces sous anti-IL-17 était de 1,39 (intervalle de confiance à 95%: 0,76–2,54). Il n’y avait pas de différence selon le niveau de risque cardiovasculaire. En analyse de sensibilité, nous avons élargi la définition des ECVG et réduit la durée des périodes à 3 mois: les conclusions étaient inchangées.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Ces résultats ne plaident pas en faveur d’un déclenchement d’ECVG suivant l’introduction d’un anti-IL-17. La base de données quasi-exhaustive et le modèle choisi plaident en faveur de la robustesse des résultats. Certains facteurs de risque cardiovasculaire, comme l’obésité ou la sédentarité, n’ont pu être identifiés; cependant, l’utilisation d’un schéma où le patient est comparé à lui-même permet de ne pas introduire de biais de confusion.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Nous n’avons pas trouvé d’excès d’ECVG dans les 6 mois suivant l’introduction d’un anti-IL-17. Bien que rassurants, ces résultats appellent à d’autres études sur le risque lié à l’exposition prolongée à ces traitements, ainsi que sur les anti-IL-23.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A67"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007451","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La sécurité cardiovasculaire des biothérapies du psoriasis est un sujet de controverse. Alors que les anti-TNF ne semblent pas incriminés, les anti-IL-17 pourraient, tout comme les anti-IL-12/23, déclencher des événements cardiovasculaires graves (ECVG, critère composite regroupant les accidents vasculaires cérébraux ischémiques ou les syndromes coronariens aigus) par déstabilisation de plaques d’athérome liée à l’inhibition des lymphocytes Th17. Notre objectif était de rechercher un effet déclencheur d’ECVG suivant l’initiation d’un anti-IL-17.
Matériel et méthodes
À partir du système national des données de santé, nous avons extrait les données des sujets ayant reçu du sécukinumab, ixékizumab, brodalumab, adalimumab ou étanercept entre le 01/01/2010 et le 31/12/2021. Nous avons ensuite identifié les ECVG. Nous avons appliqué un schéma case-time-control: nous avons comparé les introductions d’anti-IL-17 dans la période « à risque », définie comme les 6 mois précédant un ECVG, à celles de la période « référence », définie comme les 6 mois qui lui sont antérieurs. Un groupe de témoins n’ayant pas fait d’ECVG permettait d’ajuster sur la tendance temporelle des initiations. Le schéma était répété chez les patients ayant reçu un anti-TNF pour une indication commune à celles des anti-IL-17. Les anti-TNF n’étaient pas comparés aux anti-IL-17 mais agissaient comme contrôle négatif. L’analyse était stratifiée sur le niveau de risque cardiovasculaire, défini comme haut en présence de 2 facteurs de risque ou d’un antécédent de maladie thrombo-embolique.
Résultats
Parmi 34 241 sujets exposés aux anti-IL-17, 315 ECVG étaient survenus après l’initiation du traitement, soit une incidence de 3,4 pour 100 000 patients-années. Après application des critères d’exclusion, 260 ECVG étaient analysés. Parmi 108 811 sujets exposés aux anti-TNF, 1561 ECVG étaient analysés. Après ajustement, l’odds-ratio estimant le risque d’ECVG précoces sous anti-IL-17 était de 1,39 (intervalle de confiance à 95%: 0,76–2,54). Il n’y avait pas de différence selon le niveau de risque cardiovasculaire. En analyse de sensibilité, nous avons élargi la définition des ECVG et réduit la durée des périodes à 3 mois: les conclusions étaient inchangées.
Discussion
Ces résultats ne plaident pas en faveur d’un déclenchement d’ECVG suivant l’introduction d’un anti-IL-17. La base de données quasi-exhaustive et le modèle choisi plaident en faveur de la robustesse des résultats. Certains facteurs de risque cardiovasculaire, comme l’obésité ou la sédentarité, n’ont pu être identifiés; cependant, l’utilisation d’un schéma où le patient est comparé à lui-même permet de ne pas introduire de biais de confusion.
Conclusion
Nous n’avons pas trouvé d’excès d’ECVG dans les 6 mois suivant l’introduction d’un anti-IL-17. Bien que rassurants, ces résultats appellent à d’autres études sur le risque lié à l’exposition prolongée à ces traitements, ainsi que sur les anti-IL-23.