L. Chantelot , A. Gaillet , F. Botterel , S. Oro , N. De Prost
{"title":"Candidémie et colonisation à Candida sp. chez les patients atteints de nécrolyse épidermique en réanimation : description et pronostic","authors":"L. Chantelot , A. Gaillet , F. Botterel , S. Oro , N. De Prost","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.464","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les infections bactériennes sont la première cause de mortalité intra hospitalière au cours de la nécrolyse épidermique (NE, syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell). La colonisation cutanée bactérienne (<em>Pseudomonas aeruginosa</em> et <em>Staphylococcus aureus</em>) permet de prédire les bactériémies aux mêmes germes. Les levures de type <em>Candida sp.</em> peuvent coloniser les patients en réanimation. L’incidence des candidémies et de la colonisation à Candida chez les patients avec NE n’est pas connue. Le but de notre étude était de les décrire, ainsi que leur pronostic.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Nous avons réalisé une étude monocentrique rétrospective de janvier 2000 à août 2023. Tous les patients admis en réanimation pour NE étaient inclus. La carte fongique cutanée était dite positive si au moins un site prélevé (sur 3 habituellement) était positif à <em>Candida sp</em>. La candidémie était définie comme une hémoculture positive. Nous avons décrit les caractéristiques des patients atteints (colonisation cutanée sans candidémie ou candidémie) et les avons comparées aux patients non colonisés et sans candidémie (« contrôles ») vus pendant la même période dans la même unité de réanimation.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 155 patients étaient inclus (âge médian 50<!--> <!-->ans [37 ; 63], 46 % d’hommes) : 36 (23 %) avaient une carte fongique positive sans candidémie, 12 (8 %) une candidémie (dont 8/12 avec porte d’entrée cutanée documentée par la carte) et 107 (69 %) n’avaient ni carte fongique positive ni candidémie. <em>C. albicans</em> était l’espèce la plus souvent isolée (64 %) suivi de <em>C. parapsilosis</em> (27 %) et <em>C. glabrata</em> (17 %). La sensibilité des cartes fongiques cutanées pour prédire le risque de candidémie était bonne (89 % ; 95 % CI [52 % ;100 %]) ainsi que sa valeur prédictive négative (99 % ; 95 % CI [94 % ;100 %]). La mortalité n’était pas différente entre les trois groupes (47 % chez les patients avec carte fongique positive, 25 % chez ceux avec candidémie et 33 % chez les non colonisés, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,21) mais les patients avec candidémie avaient un séjour en réanimation plus long (médiane 59<!--> <!-->jours <em>vs</em> 18 et 12<!--> <!-->jours pour ceux avec carte positive et les contrôles, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,0002). La surface décollée-décollable maximale était associée à la survenue de candidémie (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,001).</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La colonisation cutanée à <em>Candida</em> est fréquente chez les patients avec NE en réanimation (44/155, 28 % dans notre étude) et 8 % développent une candidémie. La surface cutanée décollée est un facteur de risque. L’existence d’une candidémie est associée à un séjour prolongé en réanimation. Ces données sont cohérentes avec celle des patients brûlés admis en réanimation.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La colonisation fongique est fréquente au cours des NE graves et doit inciter à la vigilance concernant le risque de candidémie. D’autres études sont nécessaires pour déterminer une population cible éligible à une prophylaxie antifongique.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Pages A54-A55"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007244","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les infections bactériennes sont la première cause de mortalité intra hospitalière au cours de la nécrolyse épidermique (NE, syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell). La colonisation cutanée bactérienne (Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus) permet de prédire les bactériémies aux mêmes germes. Les levures de type Candida sp. peuvent coloniser les patients en réanimation. L’incidence des candidémies et de la colonisation à Candida chez les patients avec NE n’est pas connue. Le but de notre étude était de les décrire, ainsi que leur pronostic.
Matériel et méthodes
Nous avons réalisé une étude monocentrique rétrospective de janvier 2000 à août 2023. Tous les patients admis en réanimation pour NE étaient inclus. La carte fongique cutanée était dite positive si au moins un site prélevé (sur 3 habituellement) était positif à Candida sp. La candidémie était définie comme une hémoculture positive. Nous avons décrit les caractéristiques des patients atteints (colonisation cutanée sans candidémie ou candidémie) et les avons comparées aux patients non colonisés et sans candidémie (« contrôles ») vus pendant la même période dans la même unité de réanimation.
Résultats
Au total, 155 patients étaient inclus (âge médian 50 ans [37 ; 63], 46 % d’hommes) : 36 (23 %) avaient une carte fongique positive sans candidémie, 12 (8 %) une candidémie (dont 8/12 avec porte d’entrée cutanée documentée par la carte) et 107 (69 %) n’avaient ni carte fongique positive ni candidémie. C. albicans était l’espèce la plus souvent isolée (64 %) suivi de C. parapsilosis (27 %) et C. glabrata (17 %). La sensibilité des cartes fongiques cutanées pour prédire le risque de candidémie était bonne (89 % ; 95 % CI [52 % ;100 %]) ainsi que sa valeur prédictive négative (99 % ; 95 % CI [94 % ;100 %]). La mortalité n’était pas différente entre les trois groupes (47 % chez les patients avec carte fongique positive, 25 % chez ceux avec candidémie et 33 % chez les non colonisés, p = 0,21) mais les patients avec candidémie avaient un séjour en réanimation plus long (médiane 59 jours vs 18 et 12 jours pour ceux avec carte positive et les contrôles, p = 0,0002). La surface décollée-décollable maximale était associée à la survenue de candidémie (p = 0,001).
Discussion
La colonisation cutanée à Candida est fréquente chez les patients avec NE en réanimation (44/155, 28 % dans notre étude) et 8 % développent une candidémie. La surface cutanée décollée est un facteur de risque. L’existence d’une candidémie est associée à un séjour prolongé en réanimation. Ces données sont cohérentes avec celle des patients brûlés admis en réanimation.
Conclusion
La colonisation fongique est fréquente au cours des NE graves et doit inciter à la vigilance concernant le risque de candidémie. D’autres études sont nécessaires pour déterminer une population cible éligible à une prophylaxie antifongique.