S. Milesi , A. Ortiz Brugues , M. Starace , D. Koumaki , Z. Apalla , E. Tournier , K. Peris , P. Sollena , J.L. Lacaze , M. Iorizzo , C. Bost , V. Sibaud
{"title":"Maladies bulleuses auto-immunes induites par les inhibiteurs de CDK 4/6 : première série européenne","authors":"S. Milesi , A. Ortiz Brugues , M. Starace , D. Koumaki , Z. Apalla , E. Tournier , K. Peris , P. Sollena , J.L. Lacaze , M. Iorizzo , C. Bost , V. Sibaud","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.474","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les inhibiteurs de CDK 4/6 (cyclin-dependent kinase 4/6) ont révolutionné la prise en charge du cancer du sein localement avancé ou métastatique. Des effets indésirables cutanés ont été rapportés chez environ 15 % des patientes exposées, les plus fréquents étant le prurit, l’alopécie et les lésions eczématiformes. Plus récemment, des toxicités dermatologiques plus caractéristiques ont été décrites, notamment les réactions vitiligoïdes et des lupus érythémateux induits. La survenue de lésions bulleuses n’a en revanche été qu’exceptionnellement décrite dans ce contexte.</div><div>Nous rapportons ici pour la première fois une série de neuf patients traités par inhibiteurs CDK/6 développant une maladie bulleuse auto-immune (MBAI) authentifiée.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Cette étude rétrospective européenne était menée au sein de l’EADV « <em>dermatology for cancer patients</em> » Task Force. Les critères d’inclusion dans cette étude comprenaient tous les patients développant une maladie bulleuse auto-immune sous inhibiteurs CDK 4/6 (incluant ribociclib, palbociclib, abemaciclib), avec plusieurs lésions bulleuses et au moins une immunofluorescence cutanée directe positive (IFD).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Neuf patients issus de 5 centres européens ont été inclus, dont 5 patients traités par palbociclib et 4 par ribociclib. Le diagnostic retenu était celui de pemphigoïde bulleuse dans la grande majorité des cas (90 %), un patient présentant une pemphigoïde des muqueuses.</div><div>Le délai moyen d’apparition des bulles était de 20 semaines. Les lésions étaient considérées comme légères à modérées chez la plupart des patients et 3 d’entre eux présentaient une atteinte endobuccale. Des dépôts linéaires d’IgG et de C3 de la membrane basale étaient individualisés dans tous les cas sur l’immunofluorexcence directe. La recherche en ELISA des anticorps anti-BP180 et 230 était positive chez 7 patients. La prise en charge reposait principalement sur l’usage des corticoïdes topiques et/ou oraux. L’arrêt des inhibiteurs de CDK4/6 était jugé nécessaire chez 5 patients. Les symptômes récidivaient dans 100 % des cas (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3) lors de la réintroduction du traitement.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Nous décrivons pour la première fois et de manière multicentrique la survenue de MBAI chez des patients exposés aux inhibiteurs de CDK 4/6. L’imputabilité de ces thérapies ciblées apparaît très probable étant donnée la survenue assez rapide après introduction du traitement dans une population relativement jeune (66<!--> <!-->ans), la description avec au moins deux molécules (suggérant un effet classe) et la récidive systématique en cas de réintroduction.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Nous rapportons, à notre connaissance, la première série de maladies bulleuses auto-immunes induites par les inhibiteurs CDK4/6. Il est important que les dermatologues en soient bien informés, étant donnée l’expansion rapide du nombre de patientes exposées à ces molécules avec de nouvelles indications à venir dans le cancer du sein (néoadjuvant, adjuvant).</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A61"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007347","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les inhibiteurs de CDK 4/6 (cyclin-dependent kinase 4/6) ont révolutionné la prise en charge du cancer du sein localement avancé ou métastatique. Des effets indésirables cutanés ont été rapportés chez environ 15 % des patientes exposées, les plus fréquents étant le prurit, l’alopécie et les lésions eczématiformes. Plus récemment, des toxicités dermatologiques plus caractéristiques ont été décrites, notamment les réactions vitiligoïdes et des lupus érythémateux induits. La survenue de lésions bulleuses n’a en revanche été qu’exceptionnellement décrite dans ce contexte.
Nous rapportons ici pour la première fois une série de neuf patients traités par inhibiteurs CDK/6 développant une maladie bulleuse auto-immune (MBAI) authentifiée.
Matériel et méthodes
Cette étude rétrospective européenne était menée au sein de l’EADV « dermatology for cancer patients » Task Force. Les critères d’inclusion dans cette étude comprenaient tous les patients développant une maladie bulleuse auto-immune sous inhibiteurs CDK 4/6 (incluant ribociclib, palbociclib, abemaciclib), avec plusieurs lésions bulleuses et au moins une immunofluorescence cutanée directe positive (IFD).
Résultats
Neuf patients issus de 5 centres européens ont été inclus, dont 5 patients traités par palbociclib et 4 par ribociclib. Le diagnostic retenu était celui de pemphigoïde bulleuse dans la grande majorité des cas (90 %), un patient présentant une pemphigoïde des muqueuses.
Le délai moyen d’apparition des bulles était de 20 semaines. Les lésions étaient considérées comme légères à modérées chez la plupart des patients et 3 d’entre eux présentaient une atteinte endobuccale. Des dépôts linéaires d’IgG et de C3 de la membrane basale étaient individualisés dans tous les cas sur l’immunofluorexcence directe. La recherche en ELISA des anticorps anti-BP180 et 230 était positive chez 7 patients. La prise en charge reposait principalement sur l’usage des corticoïdes topiques et/ou oraux. L’arrêt des inhibiteurs de CDK4/6 était jugé nécessaire chez 5 patients. Les symptômes récidivaient dans 100 % des cas (n = 3) lors de la réintroduction du traitement.
Discussion
Nous décrivons pour la première fois et de manière multicentrique la survenue de MBAI chez des patients exposés aux inhibiteurs de CDK 4/6. L’imputabilité de ces thérapies ciblées apparaît très probable étant donnée la survenue assez rapide après introduction du traitement dans une population relativement jeune (66 ans), la description avec au moins deux molécules (suggérant un effet classe) et la récidive systématique en cas de réintroduction.
Conclusion
Nous rapportons, à notre connaissance, la première série de maladies bulleuses auto-immunes induites par les inhibiteurs CDK4/6. Il est important que les dermatologues en soient bien informés, étant donnée l’expansion rapide du nombre de patientes exposées à ces molécules avec de nouvelles indications à venir dans le cancer du sein (néoadjuvant, adjuvant).