Récurrences et réexpositions des médicaments suspects chez les patients avec nécrolyse épidermique : étude observationnelle sur les données du Système national des données de santé
T. Bettuzzi , B. Lebrun-Vignes , H. Assier , L. Pina Vegas , S. Oro , E. Sbidian
{"title":"Récurrences et réexpositions des médicaments suspects chez les patients avec nécrolyse épidermique : étude observationnelle sur les données du Système national des données de santé","authors":"T. Bettuzzi , B. Lebrun-Vignes , H. Assier , L. Pina Vegas , S. Oro , E. Sbidian","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.465","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La nécrolyse épidermique (NE, Stevens Johnson et nécrolyse épidermique toxique), est principalement causée par des médicaments. Après la phase aiguë, les contre-indications sont larges afin d’éviter toute récurrence. Néanmoins, les données concernant la récurrence et les réexpositions médicamenteuses sont rares. Notre objectif était d’évaluer le taux de récurrences de NE et les réexpositions médicamenteuses chez les patients ayant eu une NE.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Nous avons utilisé le Système national des données de santé et inclus les patients ayant eu une NE entre janvier 2013 et décembre 2022 en utilisant un algorithme diagnostique validé. Les médicaments suspects étaient définis par une nouvelle délivrance de la molécule entre 5 et 56<!--> <!-->jours avant l’hospitalisation. Le critère de jugement principal était la récurrence de NE. Les critères de jugement secondaires étaient les réexpositions à la molécule initialement suspecte et/ou à une molécule de la même famille ou d’une famille proche. Cette analyse était conduite pour les médicaments hypo-uricémiants, les antiépileptiques aromatiques, la lamotrigine, les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), les béta-lactamines.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Parmi 1203/1440 (83,5 %) patients survivant à la phase aiguë, 27 (2,2 % [IC95 % : 1,5–3,2]) ont eu une récurrence de NE, en médiane 214<!--> <!-->jours après l’épisode initial (4 décès). Cinq ont rechuté après reprise du suspect initial, 22 n’avaient pas d’exposition médicamenteuse en lien avec le 1<sup>er</sup> épisode.</div><div>Chez les patients avec allopurinol suspect (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->77), 2 (2,6 %) ont été réexposés à l’allopurinol et 10 (13,0 %) ont été exposés au fébuxostat, sans récurrence. Chez les patients avec la carbamazépine ou l’oxcarbazépine suspectes (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->26), aucun n’a été réexposé à la molécule et 2 (7,6 %) ont été exposés à la lamotrigine, sans récurrence. Chez ceux avec lamotrigine suspecte (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->65), 1 a été réexposé et a rechuté, et 1 a été exposé à la carbamazépine sans réaction. Pour les IPP, 12/38 (31,5 %) et 16/37 (43,2 %) patients ont été réexposés au pantoprazole (récurrence <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et à l’ésoméprazole (récurrence <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->0) respectivement. Pour les pénicillines,12/42 (28,6 %) ont été réexposés à l’amoxicilline avec une bonne tolérance.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Les rechutes de NE sont rares. La réexposition au suspect initial est exceptionnelle pour les médicaments à haut risque. L’exposition au fébuxostat et lamotrigine quand allopurinol et carbamazépine étaient respectivement suspects semble bien tolérée mais les taux de réexposition sont trop faibles pour des conclusions formelles. Le taux est élevé pour les IPP et les béta-lactamines, avec peu de rechutes. On ne peut pas exclure qu’ils n’étaient pas les traitements responsables de la NE initiale mais il pourrait aussi exister des facteurs de risque transitoires de NE en présence du même médicament.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Après une NE, le taux de récurrence est faible. Les réexpositions sont faibles pour les hypo uricémiants et les antiépileptiques, contrastant avec des réexpositions élevées pour les IPP et béta-lactamines.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Page A55"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007256","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La nécrolyse épidermique (NE, Stevens Johnson et nécrolyse épidermique toxique), est principalement causée par des médicaments. Après la phase aiguë, les contre-indications sont larges afin d’éviter toute récurrence. Néanmoins, les données concernant la récurrence et les réexpositions médicamenteuses sont rares. Notre objectif était d’évaluer le taux de récurrences de NE et les réexpositions médicamenteuses chez les patients ayant eu une NE.
Matériel et méthodes
Nous avons utilisé le Système national des données de santé et inclus les patients ayant eu une NE entre janvier 2013 et décembre 2022 en utilisant un algorithme diagnostique validé. Les médicaments suspects étaient définis par une nouvelle délivrance de la molécule entre 5 et 56 jours avant l’hospitalisation. Le critère de jugement principal était la récurrence de NE. Les critères de jugement secondaires étaient les réexpositions à la molécule initialement suspecte et/ou à une molécule de la même famille ou d’une famille proche. Cette analyse était conduite pour les médicaments hypo-uricémiants, les antiépileptiques aromatiques, la lamotrigine, les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), les béta-lactamines.
Résultats
Parmi 1203/1440 (83,5 %) patients survivant à la phase aiguë, 27 (2,2 % [IC95 % : 1,5–3,2]) ont eu une récurrence de NE, en médiane 214 jours après l’épisode initial (4 décès). Cinq ont rechuté après reprise du suspect initial, 22 n’avaient pas d’exposition médicamenteuse en lien avec le 1er épisode.
Chez les patients avec allopurinol suspect (n = 77), 2 (2,6 %) ont été réexposés à l’allopurinol et 10 (13,0 %) ont été exposés au fébuxostat, sans récurrence. Chez les patients avec la carbamazépine ou l’oxcarbazépine suspectes (n = 26), aucun n’a été réexposé à la molécule et 2 (7,6 %) ont été exposés à la lamotrigine, sans récurrence. Chez ceux avec lamotrigine suspecte (n = 65), 1 a été réexposé et a rechuté, et 1 a été exposé à la carbamazépine sans réaction. Pour les IPP, 12/38 (31,5 %) et 16/37 (43,2 %) patients ont été réexposés au pantoprazole (récurrence n = 1) et à l’ésoméprazole (récurrence n = 0) respectivement. Pour les pénicillines,12/42 (28,6 %) ont été réexposés à l’amoxicilline avec une bonne tolérance.
Discussion
Les rechutes de NE sont rares. La réexposition au suspect initial est exceptionnelle pour les médicaments à haut risque. L’exposition au fébuxostat et lamotrigine quand allopurinol et carbamazépine étaient respectivement suspects semble bien tolérée mais les taux de réexposition sont trop faibles pour des conclusions formelles. Le taux est élevé pour les IPP et les béta-lactamines, avec peu de rechutes. On ne peut pas exclure qu’ils n’étaient pas les traitements responsables de la NE initiale mais il pourrait aussi exister des facteurs de risque transitoires de NE en présence du même médicament.
Conclusion
Après une NE, le taux de récurrence est faible. Les réexpositions sont faibles pour les hypo uricémiants et les antiépileptiques, contrastant avec des réexpositions élevées pour les IPP et béta-lactamines.