G. Battesti , A. Bozonnat , T. Mahévas , M. Passet , E. Tournier , T. Comont , A. Michon , P. Sohier , M. Jachiet , C. Lepelletier , F. Cordoliani , A. De Masson , R. Itzykson , P. Fenaux , E. Raffoux , E. Clappier , J.D. Bouaziz , M. Battistella
{"title":"Granulomatoses cutanées clonales au cours des hémopathies myéloïdes : série de 11 cas","authors":"G. Battesti , A. Bozonnat , T. Mahévas , M. Passet , E. Tournier , T. Comont , A. Michon , P. Sohier , M. Jachiet , C. Lepelletier , F. Cordoliani , A. De Masson , R. Itzykson , P. Fenaux , E. Raffoux , E. Clappier , J.D. Bouaziz , M. Battistella","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.452","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les dermatoses granulomateuses (DG) forment un groupe de maladies hétérogènes par leur présentation clinico-histologique et leur association possible à des affections extra-dermatologiques. Des DG en contexte d’hémopathie myéloïde (HM) ont rarement été rapportées, le plus souvent sans preuve d’une origine clonale commune. Nous rapportons une série de 11 cas de DG avec le même profil mutationnel que l’HM à laquelle elle s’associe.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Série de cas multicentrique incluant des patients avec DG (diagnostic histologique) et HM (diagnostic en accord avec la classification OMS 2022). Identification de mutations en séquençage haut débit (panel « hémopathie myéloïde ») sur biopsie cutanée et prélèvement médullaire.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur les 11 patients inclus, 8 (73 %) étaient des femmes et l’âge médian au diagnostic dermatologique était de 69<!--> <!-->ans. Le plus souvent, la DG se manifestait cliniquement par des plaques (82 %), papules (73 %), nodules (36 %) des membres inférieurs (73 %), tronc (64 %), visage (55 %), membres supérieurs (45 %) et des zones photoexposées (36 %). Une atteinte extra-cutanée du spectre des granulomatoses était rapportée chez 36 % des patients (4 uvéites, 1 pachyméningite). L’HM était le plus souvent une leucémie aiguë myéloïde (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3), un syndrome myélodysplasique, une LMMC (2 cas chacun). Chez 2 patients, seule une hématopoïèse clonale de signification indéterminée a été observée à ce jour. Les mutations trouvées dans la DG et le clone hématopoïétique touchaient le plus souvent les gènes <em>IDH2</em> (36 %), <em>SRSF2</em>, ASLX1 (27 % chacun) et <em>TET2</em> (18 %), avec des fréquences alléliques (FA) moyennes de 34 % dans la moelle et 15 % sur la biopsie cutanée. Ces mutations n’étaient pas retrouvées sur du tissu témoin extra-cutané sans infiltrat granulomateux, disponible chez 4 patients. Dans 8 cas (73 %), le diagnostic de DG précédait celui de l’HM (délai médian : 2<!--> <!-->ans). Chez 7 (88 %) de ces 8 patients, des anomalies de la NFS au diagnostic de DG étaient notées.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>L’absence des mutations impliquées dans l’HM et la DG sur du tissu témoin chez 4 patients exclut l’hypothèse de mutations germinales constitutionnelles. La présence des mutations à FA relativement élevée dans les biopsies de DG n’est pas en faveur d’une contamination sanguine et est en faveur d’une composante cellulaire clonale au sein des lésions de DG, faisant proposer le terme de « granulomatose clonale ». Ces granulomatoses clonales s’associent à diverses HM. La parenté mutationnelle de l’infiltrat cellulaire des DG au clone impliqué dans l’HM plaide pour une origine commune des deux entités. Dans la plupart des cas, le diagnostic de DG précédait celui de l’HM chez des patients présentant des anomalies de la NFS.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Une DG peut constituer une manifestation cutanée de parenté clonale avec diverses HM. La survenue d’une DG pouvant précéder le diagnostic d’HM, il est justifié de rechercher et d’explorer des anomalies de la NFS lors du diagnostic de DG.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Pages A47-A48"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007128","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les dermatoses granulomateuses (DG) forment un groupe de maladies hétérogènes par leur présentation clinico-histologique et leur association possible à des affections extra-dermatologiques. Des DG en contexte d’hémopathie myéloïde (HM) ont rarement été rapportées, le plus souvent sans preuve d’une origine clonale commune. Nous rapportons une série de 11 cas de DG avec le même profil mutationnel que l’HM à laquelle elle s’associe.
Matériel et méthodes
Série de cas multicentrique incluant des patients avec DG (diagnostic histologique) et HM (diagnostic en accord avec la classification OMS 2022). Identification de mutations en séquençage haut débit (panel « hémopathie myéloïde ») sur biopsie cutanée et prélèvement médullaire.
Résultats
Sur les 11 patients inclus, 8 (73 %) étaient des femmes et l’âge médian au diagnostic dermatologique était de 69 ans. Le plus souvent, la DG se manifestait cliniquement par des plaques (82 %), papules (73 %), nodules (36 %) des membres inférieurs (73 %), tronc (64 %), visage (55 %), membres supérieurs (45 %) et des zones photoexposées (36 %). Une atteinte extra-cutanée du spectre des granulomatoses était rapportée chez 36 % des patients (4 uvéites, 1 pachyméningite). L’HM était le plus souvent une leucémie aiguë myéloïde (n = 3), un syndrome myélodysplasique, une LMMC (2 cas chacun). Chez 2 patients, seule une hématopoïèse clonale de signification indéterminée a été observée à ce jour. Les mutations trouvées dans la DG et le clone hématopoïétique touchaient le plus souvent les gènes IDH2 (36 %), SRSF2, ASLX1 (27 % chacun) et TET2 (18 %), avec des fréquences alléliques (FA) moyennes de 34 % dans la moelle et 15 % sur la biopsie cutanée. Ces mutations n’étaient pas retrouvées sur du tissu témoin extra-cutané sans infiltrat granulomateux, disponible chez 4 patients. Dans 8 cas (73 %), le diagnostic de DG précédait celui de l’HM (délai médian : 2 ans). Chez 7 (88 %) de ces 8 patients, des anomalies de la NFS au diagnostic de DG étaient notées.
Discussion
L’absence des mutations impliquées dans l’HM et la DG sur du tissu témoin chez 4 patients exclut l’hypothèse de mutations germinales constitutionnelles. La présence des mutations à FA relativement élevée dans les biopsies de DG n’est pas en faveur d’une contamination sanguine et est en faveur d’une composante cellulaire clonale au sein des lésions de DG, faisant proposer le terme de « granulomatose clonale ». Ces granulomatoses clonales s’associent à diverses HM. La parenté mutationnelle de l’infiltrat cellulaire des DG au clone impliqué dans l’HM plaide pour une origine commune des deux entités. Dans la plupart des cas, le diagnostic de DG précédait celui de l’HM chez des patients présentant des anomalies de la NFS.
Conclusion
Une DG peut constituer une manifestation cutanée de parenté clonale avec diverses HM. La survenue d’une DG pouvant précéder le diagnostic d’HM, il est justifié de rechercher et d’explorer des anomalies de la NFS lors du diagnostic de DG.