Amélie Daveluy , Aude Théret , Alexandra Boucher , Salim Mezaache , Caroline Victorri-Vigneau , Sylvie Deheul , Sandra Thorigné , Johan Thiery , Bruno Revol , Maryse Lapeyre , Hélène Peyrière , Ghada Miremont-Salamé , Anne Batisse
{"title":"Gammahydroxybutyrate (GHB) et précurseurs, gammabutyrolactone (GBL) et 1,4-butanediol (1,4-BD) en France","authors":"Amélie Daveluy , Aude Théret , Alexandra Boucher , Salim Mezaache , Caroline Victorri-Vigneau , Sylvie Deheul , Sandra Thorigné , Johan Thiery , Bruno Revol , Maryse Lapeyre , Hélène Peyrière , Ghada Miremont-Salamé , Anne Batisse","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.008","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le gammahydroxybutyrate (GHB) ainsi que ses précurseurs, la gammabutyrolactone (GBL) et le 1,4-butanediol (1,4-BD) sont des substances psychoactives, à demi-vie très courte, pris pour leurs effets euphorisants et désinhibiteurs. L’augmentation des cas rapportés au Réseau français d’addictovigilance (FAN) depuis plusieurs années, signe d’un usage banalisé dans le contexte du chemsex mais aussi en milieu festif, et ce malgré un classement comme stupéfiant du GHB et des restrictions des ventes aux particuliers des précurseurs en 2011, a conduit à analyser de nouveau les données disponibles.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Le centre d’addictovigilance de Bordeaux a mené une étude multisource, combinant les cas d’abus et de dépendance rapportés avec la GBL, le 1,4-BD et le GHB entre le 01/07/2018 et le 31/12/2023 et les données des outils d’addictovigilance. Une recherche bibliographique a également été réalisée sur la même période.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Six cent trente-deux cas ont été notifiés : 473 (74,8 %) après un effet aigu, 159 (25,2 %) pour un trouble de l’usage. Il s’agissait surtout d’hommes (92,2 %) d’âge moyen de 34,5 ans (médiane : 33 ans ; extrêmes : 16–68 ans), la plupart du temps, des consommateurs habitués de GHB/GBL (91,8 %). Le contexte est majoritairement sexuel et/ou festif. Dans plus de la moitié des cas, le GHB/GBL est consommé seul ; dans le cas contraire, les cathinones, la cocaïne et l’alcool sont les principales substances associées. On observe une augmentation inquiétante du nombre des cas graves, en particulier une augmentation des décès et des cas de comas sévères (G-hole) parfois à répétition, en particulier chez des consommateurs habitués à consommer. Ces tendances sont également retrouvées dans la littérature.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Cette étude montre que l’arrêté du 2 septembre 2011, restreignant la vente aux particuliers n’a pas eu d’influence sur le nombre de cas d’intoxications ou de trouble de l’usage, bien au contraire. Il existe : 1/ une forte sous-notification, liée au fait que la prise de GHB/GBL n’est pas toujours évoquée ; 2/ une confusion sur le produit réellement utilisé (GBL ou GHB), les termes GHB, voire G restant souvent employés par les consommateurs et les urgentistes et les analyses toxicologiques ne permettant pas de connaître quel produit a été pris à l’origine, puisque seul le GHB est identifiable après la prise. Les campagnes de communication pourraient être renouvelées, aussi bien auprès des nouveaux consommateurs, qu’auprès des « habitués », qui sont aussi à risque de présenter un coma, mais également auprès des professionnels de santé.</div></div>","PeriodicalId":23147,"journal":{"name":"Therapie","volume":"79 6","pages":"Page 741"},"PeriodicalIF":2.2000,"publicationDate":"2024-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Therapie","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595724001240","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"PHARMACOLOGY & PHARMACY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le gammahydroxybutyrate (GHB) ainsi que ses précurseurs, la gammabutyrolactone (GBL) et le 1,4-butanediol (1,4-BD) sont des substances psychoactives, à demi-vie très courte, pris pour leurs effets euphorisants et désinhibiteurs. L’augmentation des cas rapportés au Réseau français d’addictovigilance (FAN) depuis plusieurs années, signe d’un usage banalisé dans le contexte du chemsex mais aussi en milieu festif, et ce malgré un classement comme stupéfiant du GHB et des restrictions des ventes aux particuliers des précurseurs en 2011, a conduit à analyser de nouveau les données disponibles.
Matériel et méthodes
Le centre d’addictovigilance de Bordeaux a mené une étude multisource, combinant les cas d’abus et de dépendance rapportés avec la GBL, le 1,4-BD et le GHB entre le 01/07/2018 et le 31/12/2023 et les données des outils d’addictovigilance. Une recherche bibliographique a également été réalisée sur la même période.
Résultats
Six cent trente-deux cas ont été notifiés : 473 (74,8 %) après un effet aigu, 159 (25,2 %) pour un trouble de l’usage. Il s’agissait surtout d’hommes (92,2 %) d’âge moyen de 34,5 ans (médiane : 33 ans ; extrêmes : 16–68 ans), la plupart du temps, des consommateurs habitués de GHB/GBL (91,8 %). Le contexte est majoritairement sexuel et/ou festif. Dans plus de la moitié des cas, le GHB/GBL est consommé seul ; dans le cas contraire, les cathinones, la cocaïne et l’alcool sont les principales substances associées. On observe une augmentation inquiétante du nombre des cas graves, en particulier une augmentation des décès et des cas de comas sévères (G-hole) parfois à répétition, en particulier chez des consommateurs habitués à consommer. Ces tendances sont également retrouvées dans la littérature.
Conclusion
Cette étude montre que l’arrêté du 2 septembre 2011, restreignant la vente aux particuliers n’a pas eu d’influence sur le nombre de cas d’intoxications ou de trouble de l’usage, bien au contraire. Il existe : 1/ une forte sous-notification, liée au fait que la prise de GHB/GBL n’est pas toujours évoquée ; 2/ une confusion sur le produit réellement utilisé (GBL ou GHB), les termes GHB, voire G restant souvent employés par les consommateurs et les urgentistes et les analyses toxicologiques ne permettant pas de connaître quel produit a été pris à l’origine, puisque seul le GHB est identifiable après la prise. Les campagnes de communication pourraient être renouvelées, aussi bien auprès des nouveaux consommateurs, qu’auprès des « habitués », qui sont aussi à risque de présenter un coma, mais également auprès des professionnels de santé.
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.