Manon Granier , Marcello Solinas , Clarisse Maillet , Reynald Le Boisselier , Stéphanie Pain , Réseau français des centres d’addictovigilance
{"title":"Les cathinones : notifications d’addictovigilance en France sur la période 2022–2023","authors":"Manon Granier , Marcello Solinas , Clarisse Maillet , Reynald Le Boisselier , Stéphanie Pain , Réseau français des centres d’addictovigilance","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.044","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les cathinones font partie des nouveaux produits de synthèse (NPS) dérivés de la phenyléthylamine. Ces substances, très semblables aux amphétamines, sont utilisées dans un contexte récréatif pour leurs effets stimulants. Sur la période 2012–2021, il a été montré une augmentation exponentielle du nombre de notifications d’addictovigilance en lien avec un usage croissant en France des NPS et par le développement de la pratique du chemsex <span><span>[1]</span></span>. L’objectif de notre étude était d’évaluer, en France, l’évolution de la consommation de cathinones et leurs effets, sur la période 2022–2023 en référence à la période 2012–2021, à travers l’analyse des notifications rapportées au Réseau français d’addictovigilance.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Les données ont été obtenues à partir de la base nationale de vigilance, utilisant le mot-clé « cathinone » comme substance suspecte sur la période 2022–2023. Ces données ont été comparées à celles du rapport d’expertise sur les cathinones de 2012 à 2021 rédigé par le CEIP de Caen en 2022 <span><span>[2]</span></span>.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>L’analyse des notifications rapportées au réseaux d’addictovigilance montre que les consommateurs de cathinones sont surtout des hommes (90 %), âgés majoritairement entre 18 et 34 ans (55 %), plus jeune que la population observée durant la période 2012–2021 <span><span>[2]</span></span>. Les cathinones sont utilisées dans un contexte de chemsex dans 40 % des cas (taux plus faible que durant la période 2012–2021). Les principales cathinones utilisées sont les dérivés MMC (70 %), en consommation régulière (au moins hebdomadaire) (80 %). La polyconsommation est aussi importante (75 %), associée aux substances GHB/GBL, cannabis, cocaïne ou MDMA. Les effets sont essentiellement psychiatriques (troubles du comportement), neurologiques (troubles de la conscience) et des effets cardiovasculaires. De plus, 31 décès ont été rapportés en 2022–2023 vs 43 entre 2012 et 2021.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Au cours des deux dernières années, les résultats obtenus montrent que la consommation de cathinones touche une population plus jeune, souvent en poly-consommation et pas seulement dans un contexte de chemsex. Les effets sont principalement des affections psychiatriques et neurologiques mais peuvent également être très graves comme le montre le nombre de décès qui continue d’augmenter, majoritairement avec la 3-MMC associée au GHB. Même si les mesures réglementaires françaises interdisent la plupart des cathinones, ces NPS restent consommés, et c’est pourquoi l’information et la prévention demeurent un besoin urgent pour diminuer le nombre d’usagers et aider les professionnels de santé dans la prise en charge des patients.</div><div>Le laboratoire Inserm U1084 de Poitiers est impliqué dans un projet de recherche européen NextGeNPS visant à étudier, en préclinique, le pouvoir addictogène de nouvelles cathinones non encore identifiées sur le territoire mondial, afin d’anticiper les potentielles consommations de ces substances et leurs risques.</div></div>","PeriodicalId":23147,"journal":{"name":"Therapie","volume":"79 6","pages":"Pages 760-761"},"PeriodicalIF":2.2000,"publicationDate":"2024-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Therapie","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595724001604","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"PHARMACOLOGY & PHARMACY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les cathinones font partie des nouveaux produits de synthèse (NPS) dérivés de la phenyléthylamine. Ces substances, très semblables aux amphétamines, sont utilisées dans un contexte récréatif pour leurs effets stimulants. Sur la période 2012–2021, il a été montré une augmentation exponentielle du nombre de notifications d’addictovigilance en lien avec un usage croissant en France des NPS et par le développement de la pratique du chemsex [1]. L’objectif de notre étude était d’évaluer, en France, l’évolution de la consommation de cathinones et leurs effets, sur la période 2022–2023 en référence à la période 2012–2021, à travers l’analyse des notifications rapportées au Réseau français d’addictovigilance.
Matériel et méthodes
Les données ont été obtenues à partir de la base nationale de vigilance, utilisant le mot-clé « cathinone » comme substance suspecte sur la période 2022–2023. Ces données ont été comparées à celles du rapport d’expertise sur les cathinones de 2012 à 2021 rédigé par le CEIP de Caen en 2022 [2].
Résultats
L’analyse des notifications rapportées au réseaux d’addictovigilance montre que les consommateurs de cathinones sont surtout des hommes (90 %), âgés majoritairement entre 18 et 34 ans (55 %), plus jeune que la population observée durant la période 2012–2021 [2]. Les cathinones sont utilisées dans un contexte de chemsex dans 40 % des cas (taux plus faible que durant la période 2012–2021). Les principales cathinones utilisées sont les dérivés MMC (70 %), en consommation régulière (au moins hebdomadaire) (80 %). La polyconsommation est aussi importante (75 %), associée aux substances GHB/GBL, cannabis, cocaïne ou MDMA. Les effets sont essentiellement psychiatriques (troubles du comportement), neurologiques (troubles de la conscience) et des effets cardiovasculaires. De plus, 31 décès ont été rapportés en 2022–2023 vs 43 entre 2012 et 2021.
Conclusion
Au cours des deux dernières années, les résultats obtenus montrent que la consommation de cathinones touche une population plus jeune, souvent en poly-consommation et pas seulement dans un contexte de chemsex. Les effets sont principalement des affections psychiatriques et neurologiques mais peuvent également être très graves comme le montre le nombre de décès qui continue d’augmenter, majoritairement avec la 3-MMC associée au GHB. Même si les mesures réglementaires françaises interdisent la plupart des cathinones, ces NPS restent consommés, et c’est pourquoi l’information et la prévention demeurent un besoin urgent pour diminuer le nombre d’usagers et aider les professionnels de santé dans la prise en charge des patients.
Le laboratoire Inserm U1084 de Poitiers est impliqué dans un projet de recherche européen NextGeNPS visant à étudier, en préclinique, le pouvoir addictogène de nouvelles cathinones non encore identifiées sur le territoire mondial, afin d’anticiper les potentielles consommations de ces substances et leurs risques.
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.