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Abstract
Hante par la terreur, The Names de Don DeLillo enterine un telos mortifere : un groupuscule fanatique cache dans les collines poursuit et tue des personnes dont les initiales du nom coincident avec celui du lieu ou elles sont executees. La formule equationnelle meurtriere repose sur une mathematique implacable et absurde dont la matrice ne sont plus les nombres mais l’alphabet. Autrement dit, la secte conjugue meticuleusement la langue a la mort en delimitant a la fois l’origine et la fin du langage. Ce mouvement teleologique semble rejouer la pulsion de mort qui est au cœur de bon nombre de romans de Don DeLillo et qu’il convient d’attribuer a un principe meme de la fiction, ou a tout le moins, de l’intrigue fictionnelle chez cet auteur : « All plots tend to move deathward. This is the nature of plots » (White Noise, 26). C’est la recherche d’un absolu, d’une forme de transcendance factice qui tend a privilegier la fin comme un principe de cloture et de totalisation. Pourtant, le roman offre en contrepoint, contre la fin et a la fin du roman, la fiction inattendue du jeune enfant Tap, ecrivain en herbe, fils du narrateur James Axton. Tap propose un texte qui, liberant par sa vitalite et son originalite, contrecarre la terreur et la mort qui lui est associee. Son texte permet une alterite toujours renouvelee de la langue, non seulement dans le jeu des erreurs orthographiques de son court recit, mais aussi dans le caractere prospectif d’un sens qui est toujours a venir et qui fonctionne sur le mode du supplement tel que Jacques Derrida l’entend. Le travail litteraire de Tap, de par sa position finale dans l’economie du roman, l’empeche pourtant s’achever.