{"title":"Editorial","authors":"Y. Chuang","doi":"10.4103/uros.uros_81_22","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Les fruits et légumes participent de plus en plus aux campagnes de sensibilisation, de prévention et de publicité à destination des consommateurs en raison de leurs effets bénéfiques sur la santé. Si les études épidémiologiques sont formelles (régime crétois et paradoxe français à l’appui), les mécanismes scientifiques sous-jacents sont toujours aussi difficiles et délicats à démonter et à expliquer. Les industriels de l’agroalimentaire en profitent pour mettre en avant leurs jus de fruits survitaminés, leurs laitages parfumés et leurs soupes traditionnelles mijotées, et les producteurs se plaignent toujours d’une baisse de la consommation des produits frais, et de leurs revenus. Les scientifiques présents à la 7e conférence EGEA 2015à Milan, en juin dernier1, n’y peuvent rien : l’écart se creuse toujours entre la perception des fruits et des légumes par les consommateurs, et la réalité économique et sanitaire de la filière. La bonne image et la valeur-santé des fruits et légumes profite aux produits transformés, plus faciles d’accès, à préparer, occasionnant moins de perte et de gaspillage pour le consommateur, tandis que les fruits et légumes frais sont considérés comme chers et périssables. Les politiques publiques dans le monde entier se sont emparées du problème, pour encourager la consommation des produits frais et tenter de contrecarrer la montée des maladies non-communicables (NCD) liées aux carences, aux déséquilibres nutritionnels et à l’obésité. Il est différent de traiter les personnes individuellement (cas de la médecine) et de s’adresser à des populations tout-entières. Or la valeur santé des aliments concerne non-pas un individu isolé, mais toute sa descendance. La recherche à cependant mis en évidence des résultats significatifs : la réduction des NCD par une consommation de fruits et légumes variés, mais aussi par une moindre consommation de viande rouge et transformée (charcuterie) ; et cette tendance est nettement marquée chez les enfants dont la mère a suivi un régime alimentaire de ce type durant sa grossesse. Le plus étonnant dans les études scientifiques récentes sur les effets des fruits et des légumes, c’est leur degré de complexité à mesure que les outils analytiques s’affinent. Tel est le message-clé délivré par le Pr. Yves Desjardins (Université Laval, Québec) à la conférence InnoHort d’Avignon, en juin toujours2. L’impact du changement climatique et du système de culture (conventionnel, raisonné, intégré, biologique . . .) sur la composition nutritionnelle des fruits est déjà ardu à appréhender. Il n’est rien, selon lui, en comparaison de la complexité liée à l’environnement microbiologique digestif de chaque individu, qui détermine la biodisponibilité et l’efficacité biologique de tel ou tel composant nutritionnel dans le corps humain. Dans ces deux conférences, il a été dit et répété que des descripteurs biochimiques des fruits ou des légumes ne sont pas toujours directement liés à des effets sur la santé humaine. D’abord parce que les techniques d’extraction actuelles ont un rendement de 20 à 30 % seulement du total des micronutriments existant dans ces produits, les polyphénols en particulier. Ensuite parce que l’on connait encore mal les facteurs de régulation (chez les plantes) et le mode d’action (chez l’homme) de ces composés, en particulier les liens entre biodisponibilité et efficacité. Ceci doit inciter les chercheurs à davantage explorer les effets génétiques, agronomiques et environnementaux lors de l’élaboration des produits, et à s’interroger sur les interactions plante-homme que ce soit dans la construction de modèles agro-économiques ou dans l’élaboration de régimes alimentaires durables. Les deux conférences ont ainsi lancé un nouveau défi à la recherche sur les fruits et les légumes, celui d’une « nutrition écologique ».","PeriodicalId":23449,"journal":{"name":"Urological Science","volume":"33 1","pages":"99 - 100"},"PeriodicalIF":0.8000,"publicationDate":"2022-07-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Urological Science","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4103/uros.uros_81_22","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"UROLOGY & NEPHROLOGY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Les fruits et légumes participent de plus en plus aux campagnes de sensibilisation, de prévention et de publicité à destination des consommateurs en raison de leurs effets bénéfiques sur la santé. Si les études épidémiologiques sont formelles (régime crétois et paradoxe français à l’appui), les mécanismes scientifiques sous-jacents sont toujours aussi difficiles et délicats à démonter et à expliquer. Les industriels de l’agroalimentaire en profitent pour mettre en avant leurs jus de fruits survitaminés, leurs laitages parfumés et leurs soupes traditionnelles mijotées, et les producteurs se plaignent toujours d’une baisse de la consommation des produits frais, et de leurs revenus. Les scientifiques présents à la 7e conférence EGEA 2015à Milan, en juin dernier1, n’y peuvent rien : l’écart se creuse toujours entre la perception des fruits et des légumes par les consommateurs, et la réalité économique et sanitaire de la filière. La bonne image et la valeur-santé des fruits et légumes profite aux produits transformés, plus faciles d’accès, à préparer, occasionnant moins de perte et de gaspillage pour le consommateur, tandis que les fruits et légumes frais sont considérés comme chers et périssables. Les politiques publiques dans le monde entier se sont emparées du problème, pour encourager la consommation des produits frais et tenter de contrecarrer la montée des maladies non-communicables (NCD) liées aux carences, aux déséquilibres nutritionnels et à l’obésité. Il est différent de traiter les personnes individuellement (cas de la médecine) et de s’adresser à des populations tout-entières. Or la valeur santé des aliments concerne non-pas un individu isolé, mais toute sa descendance. La recherche à cependant mis en évidence des résultats significatifs : la réduction des NCD par une consommation de fruits et légumes variés, mais aussi par une moindre consommation de viande rouge et transformée (charcuterie) ; et cette tendance est nettement marquée chez les enfants dont la mère a suivi un régime alimentaire de ce type durant sa grossesse. Le plus étonnant dans les études scientifiques récentes sur les effets des fruits et des légumes, c’est leur degré de complexité à mesure que les outils analytiques s’affinent. Tel est le message-clé délivré par le Pr. Yves Desjardins (Université Laval, Québec) à la conférence InnoHort d’Avignon, en juin toujours2. L’impact du changement climatique et du système de culture (conventionnel, raisonné, intégré, biologique . . .) sur la composition nutritionnelle des fruits est déjà ardu à appréhender. Il n’est rien, selon lui, en comparaison de la complexité liée à l’environnement microbiologique digestif de chaque individu, qui détermine la biodisponibilité et l’efficacité biologique de tel ou tel composant nutritionnel dans le corps humain. Dans ces deux conférences, il a été dit et répété que des descripteurs biochimiques des fruits ou des légumes ne sont pas toujours directement liés à des effets sur la santé humaine. D’abord parce que les techniques d’extraction actuelles ont un rendement de 20 à 30 % seulement du total des micronutriments existant dans ces produits, les polyphénols en particulier. Ensuite parce que l’on connait encore mal les facteurs de régulation (chez les plantes) et le mode d’action (chez l’homme) de ces composés, en particulier les liens entre biodisponibilité et efficacité. Ceci doit inciter les chercheurs à davantage explorer les effets génétiques, agronomiques et environnementaux lors de l’élaboration des produits, et à s’interroger sur les interactions plante-homme que ce soit dans la construction de modèles agro-économiques ou dans l’élaboration de régimes alimentaires durables. Les deux conférences ont ainsi lancé un nouveau défi à la recherche sur les fruits et les légumes, celui d’une « nutrition écologique ».