{"title":"Briser les « chaînes extérieures » : le combat commun de la Révolution française et de la Doctrine de la science de Fichte","authors":"Thomas Van der Hallen","doi":"10.4000/ASTERION.5629","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans sa violente charge contre la Revolution francaise, Edmund Burke avait eleve le debat politique a un niveau philosophique. Son argument le plus profond consistait a reprocher aux revolutionnaires de pecher par apriorisme, en cherchant a deduire, comme des geometres, une nouvelle constitution a partir des principes abstraits enonces dans la Declaration des droits de l’homme. Reprise par les disciples allemands de Burke, cette critique de la methode adoptee par la Constituante tirait des postulats empiristes des Lumieres anglo-ecossaises toutes les implications conservatrices que recelaient deja les textes politiques et historiques de Hume. Or c’est d’emblee sur ce terrain speculatif que se joue, chez Fichte, la defense du droit de revolution. Reprochant a l’empirisme de reduire l’esprit au « mecanisme aveugle de l’association des idees », passivement determine par une exteriorite en soi, Fichte entend au contraire fonder l’experience elle-meme sur l’activite d’un « Moi-en-soi », absolument independant. Concu comme causalite libre, pouvant donc s’affranchir des « conjonctions coutumieres » humiennes pour commencer une nouvelle serie dans l’ordre des phenomenes, l’homme, pour Fichte, n’a pas seulement la « faculte de se perfectionner », mais la loi de sa liberte lui en fait meme un devoir. Au regard de cet imperatif categorique de perfectionnement, il n’y a pas de Common Law qui tienne. Aussi Fichte ne recule-t-il pas devant la revolution, si les institutions du passe font obstacle a la destination de l’homme.","PeriodicalId":53745,"journal":{"name":"Asterion-Philosophie Histoire des Idees Pensee Politique","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2021-10-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Asterion-Philosophie Histoire des Idees Pensee Politique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/ASTERION.5629","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"PHILOSOPHY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Dans sa violente charge contre la Revolution francaise, Edmund Burke avait eleve le debat politique a un niveau philosophique. Son argument le plus profond consistait a reprocher aux revolutionnaires de pecher par apriorisme, en cherchant a deduire, comme des geometres, une nouvelle constitution a partir des principes abstraits enonces dans la Declaration des droits de l’homme. Reprise par les disciples allemands de Burke, cette critique de la methode adoptee par la Constituante tirait des postulats empiristes des Lumieres anglo-ecossaises toutes les implications conservatrices que recelaient deja les textes politiques et historiques de Hume. Or c’est d’emblee sur ce terrain speculatif que se joue, chez Fichte, la defense du droit de revolution. Reprochant a l’empirisme de reduire l’esprit au « mecanisme aveugle de l’association des idees », passivement determine par une exteriorite en soi, Fichte entend au contraire fonder l’experience elle-meme sur l’activite d’un « Moi-en-soi », absolument independant. Concu comme causalite libre, pouvant donc s’affranchir des « conjonctions coutumieres » humiennes pour commencer une nouvelle serie dans l’ordre des phenomenes, l’homme, pour Fichte, n’a pas seulement la « faculte de se perfectionner », mais la loi de sa liberte lui en fait meme un devoir. Au regard de cet imperatif categorique de perfectionnement, il n’y a pas de Common Law qui tienne. Aussi Fichte ne recule-t-il pas devant la revolution, si les institutions du passe font obstacle a la destination de l’homme.