{"title":"Éditorial: Retrouver les jeunes en formation et au travail (années 1950-1970)","authors":"Stéphane Lembré, Marianne Thivend","doi":"10.3917/lms1.281.0003","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"D une étude publiée en 1966, le sociologue Jean-Claude Chamboredon identifie une période d’incertitude qui s’ouvre alors, concernant tout particulièrement les jeunes issus des petites classes moyennes, désormais placés devant des choix de formations et des possibles professionnels différents de ceux de leurs parents1. Selon lui, le problème se pose différemment pour les jeunes qui ont déjà l’habitude de prolonger leurs études et aussi, dans une moindre mesure, pour celles et ceux appelés précocement à travailler. Pour autant, ces derniers sont également concernés par l’ordonnance du 6 janvier 1959 prise par le président de la République Charles de Gaulle et le ministre de l’Éducation nationale Jean Berthoin, portant l’âge de la scolarité obligatoire de 14 ans à 16 ans pour les élèves nés à compter de 1953. Quelles conséquences peut avoir le début de l’allongement des scolarités, et l’émergence d’un nouveau moment charnière entre l’école et le travail ? Malgré l’abandon du projet Langevin-Wallon, qui visait dans l’immédiat aprèsguerre à refonder le système éducatif en France, les changements amorcés depuis 1945 entrent dès la fin des années 1950 dans une phase d’accélération. La scolarisation obligatoire et post-obligatoire s’accroît très nettement dans les décennies 1950, 1960 et 1970, puisque l’on passe d’un taux de scolarisation à 15 ans de 53 % en 1958-1959 à 81,1 % en 1970-1971 et 92,4 % cinq ans plus tard2. Du début de la mise en œuvre de la réforme Berthoin au vote de la loi Haby instituant le « collège unique » en 1975, le nombre d’élèves scolarisés dans les classes des collèges de la 6e à la 3e triple, atteignant 3 millions. Au lycée, de la seconde à la terminale, on passe d’un peu moins de 400 000 élèves en 1958 à près d’un million en 1976. Quant au taux de bacheliers, il est multiplié par quatre entre la Libération (5 %) et","PeriodicalId":54158,"journal":{"name":"Mouvement Social","volume":"281 1","pages":"24 - 3"},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2023-03-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Mouvement Social","FirstCategoryId":"90","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/lms1.281.0003","RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q2","JCRName":"HISTORY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
D une étude publiée en 1966, le sociologue Jean-Claude Chamboredon identifie une période d’incertitude qui s’ouvre alors, concernant tout particulièrement les jeunes issus des petites classes moyennes, désormais placés devant des choix de formations et des possibles professionnels différents de ceux de leurs parents1. Selon lui, le problème se pose différemment pour les jeunes qui ont déjà l’habitude de prolonger leurs études et aussi, dans une moindre mesure, pour celles et ceux appelés précocement à travailler. Pour autant, ces derniers sont également concernés par l’ordonnance du 6 janvier 1959 prise par le président de la République Charles de Gaulle et le ministre de l’Éducation nationale Jean Berthoin, portant l’âge de la scolarité obligatoire de 14 ans à 16 ans pour les élèves nés à compter de 1953. Quelles conséquences peut avoir le début de l’allongement des scolarités, et l’émergence d’un nouveau moment charnière entre l’école et le travail ? Malgré l’abandon du projet Langevin-Wallon, qui visait dans l’immédiat aprèsguerre à refonder le système éducatif en France, les changements amorcés depuis 1945 entrent dès la fin des années 1950 dans une phase d’accélération. La scolarisation obligatoire et post-obligatoire s’accroît très nettement dans les décennies 1950, 1960 et 1970, puisque l’on passe d’un taux de scolarisation à 15 ans de 53 % en 1958-1959 à 81,1 % en 1970-1971 et 92,4 % cinq ans plus tard2. Du début de la mise en œuvre de la réforme Berthoin au vote de la loi Haby instituant le « collège unique » en 1975, le nombre d’élèves scolarisés dans les classes des collèges de la 6e à la 3e triple, atteignant 3 millions. Au lycée, de la seconde à la terminale, on passe d’un peu moins de 400 000 élèves en 1958 à près d’un million en 1976. Quant au taux de bacheliers, il est multiplié par quatre entre la Libération (5 %) et
期刊介绍:
Le Mouvement social a pour vocation de diffuser des travaux qui rendent compte des développements récents de l’histoire sociale des XIXe et XXe siècles. Il embrasse l’époque contemporaine dans toute son ampleur, des toutes premières années du XIXe siècle aux toutes premières du XXIe. Il comprend l’histoire sociale dans tous ses développements.