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Abstract
Dans sa tragedie de 1613, The Duchess of Malfi, Webster montre tout le poids, qui perdure depuis quatorze siecles, de l’ancienne conception grecque du Cosmos posant des liens etroits entre les hommes et les elements qui le composent : a l’origine d’un determinisme des humeurs, elle motive actions et passions sous l’effet de l’humeur noire ou melancolie chez le Cardinal et le duc Ferdinand, freres de la Duchesse. Ils mettront une obstination perverse a vouloir empecher leur sœur, jeune veuve, de se remarier, payant un efficace agent double pour l’espionner, Bosola, lui-meme « malcontent » et « machiavelique » par exces d’humeur melancolique. Ces volontes perverses ou abusives, gerees par Bosola, acteur et metteur en scene de leurs passions, Webster les met en scene comme de veritables pathologies sur son plateau de scene transforme en amphitheâtre de medecine. A l’ecart de ce monde noir de la melancolie, le remariage clandestin mais legitime de la Duchesse avec son intendant Antonio prend figure d’utopie intimiste entre deux epoux libres de toute alienation passionnelle ou humorale, apres l’audacieux choix de la Duchesse de courtiser et d’epouser Antonio. La dystopie de la melancolie et du monde archaique des passions aura raison de cet amour, tandis que la Duchesse est poursuivie par la cruaute vengeresse de ses freres. Sa mort, par dela toute meditation sur « la vanite des vanites » que tente d’imposer Bosola pour complaire aux freres, atteint cette grandeur dans la simplicite qui fait acceder a la modernite du Sublime.