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Abstract
En France, avec la montée du chômage, la mobilisation scolaire des familles est progressivement devenue une nécessité (Terrail, 1990). Or, bien que soutenue par les politiques éducatives, la norme des études longues n’a pas enrayé la reproduction sociale. La prolongation des scolarités s’accompagne tant d’une élimination scolaire différée (Œuvrard, 1979) que d’une hiérarchisation des filières d’enseignement. Parmi ces transformations, le basculement de la formation professionnelle dans le domaine des filières scolaires de relégation (Moreau, 2003 ; Beaud, 2009) constitue un fait majeur dans l’évolution structurelle du système d’enseignement français. Pourtant la formation en école (LP) d’une part, et l’apprentissage en entreprise d’autre part, n’occupent pas la même position dans le champ de la formation professionnelle. Depuis la fin des années 1980, s’est mis en place une inversion du modèle hiérarchique préconisé dans les années d’après-guerre : à la préférence antérieurement accordée à la formation en école (les ancêtres des LP : LEP / CET) s’est aujourd’hui substituée une préférence marquée pour l’apprentissage en entreprise (Kergoat, 2010). Premier budget des politiques d’emploi pour les jeunes (Arrighi, 2013), l’apprentissage favoriserait l’insertion professionnelle tout en offrant à des jeunes, issus des classes populaires, un diplôme, et au delà un métier, qu’ils n’auraient sans doute pas pu acquérir autrement. Plébiscité par les différents gouvernements se succédant depuis plus de 30 ans, l’apprentissage permettrait, bien mieux que l’école, de placer l’emploi et ses réquisits au cœur même du système éducatif. Ainsi l’idée selon laquelle l’insertion professionnelle des jeunes est favorisée à la fois par le rapprochement de l’école avec l’entreprise et par l’élévation du niveau de formation est-elle présentée depuis quelques décennies comme un fait indiscutable (Tanguy, 2002). Cette affirmation n’est que très peu discutée, la preuve en serait établie par les faits1.