{"title":"Nerfs, sensibilité et motricité à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècle) : entre philosophie naturelle, théories physiologiques et pratique médicale","authors":"Laetitia Loviconi","doi":"10.3917/rhs.741.0007","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans ses œuvres de philosophie naturelle et de physiologie, Aristote a considere le cœur comme principe de la sensibilite et des mouvements locaux des membres locomoteurs, en attribuant ces mouvements a l’intervention de structures denommees neurâ (designant indistinctement tendons, ligaments et nerfs), dont certaines seraient presentes dans le cœur, d’autres attachees aux os et supposement derivees de vaisseaux issus du cœur. Au contraire, selon Galien, le cerveau et la moelle epiniere sont le lieu de naissance des nerfs, par l’intermediaire desquels les parties corporelles seraient sensibles et susceptibles de mouvements volontaires. Entre la seconde moitie du xie siecle et le xive siecle, ces theories adverses furent portees a la connaissance des medecins medievaux de l’Occident latin, d’une part, par des traductions arabo-latines et greco-latines des œuvres d’Aristote et de Galien, d’autre part, a travers les adaptations, les lectures et les interpretations que medecins et philosophes arabes avaient faites a partir de ces memes œuvres.Dans cet article, nous nous focalisons donc sur la fin du Moyen Âge afin d’examiner la facon dont les medecins de l’Occident latin reflechirent a l’anatomie et au statut des nerfs, en relation avec les facultes sensitive et motrice, au sein de practicae, œuvres faisant se cotoyer une perspective pratique et l’apport de donnees theoriques medicales. Afin de saisir les eventuelles parentes et singularites des discours de practicae, nous presentons dans un premier temps la facon dont ont ete discutes ces sujets dans quelques œuvres scolastiques de theorie medicale (xiiie-xve siecle). Nous analysons ensuite les discours developpes dans des practicae pour determiner comment les auteurs de telles œuvres ont mobilise des sources divergentes relevant de la philosophie naturelle et de la theorie medicale, dans le cadre de l’elaboration d’une medecine revendiquant le statut de science pour son versant theorique. Nous envisageons aussi dans quelle mesure les solutions et conceptions retenues par ces auteurs ont pu interagir avec l’exercice medical (mise en œuvre des diagnostics, des pronostics, des explications etiologiques, des conseils therapeutiques).","PeriodicalId":82560,"journal":{"name":"Revue d'histoire des sciences et de leurs applications","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2021-06-08","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue d'histoire des sciences et de leurs applications","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/rhs.741.0007","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Dans ses œuvres de philosophie naturelle et de physiologie, Aristote a considere le cœur comme principe de la sensibilite et des mouvements locaux des membres locomoteurs, en attribuant ces mouvements a l’intervention de structures denommees neurâ (designant indistinctement tendons, ligaments et nerfs), dont certaines seraient presentes dans le cœur, d’autres attachees aux os et supposement derivees de vaisseaux issus du cœur. Au contraire, selon Galien, le cerveau et la moelle epiniere sont le lieu de naissance des nerfs, par l’intermediaire desquels les parties corporelles seraient sensibles et susceptibles de mouvements volontaires. Entre la seconde moitie du xie siecle et le xive siecle, ces theories adverses furent portees a la connaissance des medecins medievaux de l’Occident latin, d’une part, par des traductions arabo-latines et greco-latines des œuvres d’Aristote et de Galien, d’autre part, a travers les adaptations, les lectures et les interpretations que medecins et philosophes arabes avaient faites a partir de ces memes œuvres.Dans cet article, nous nous focalisons donc sur la fin du Moyen Âge afin d’examiner la facon dont les medecins de l’Occident latin reflechirent a l’anatomie et au statut des nerfs, en relation avec les facultes sensitive et motrice, au sein de practicae, œuvres faisant se cotoyer une perspective pratique et l’apport de donnees theoriques medicales. Afin de saisir les eventuelles parentes et singularites des discours de practicae, nous presentons dans un premier temps la facon dont ont ete discutes ces sujets dans quelques œuvres scolastiques de theorie medicale (xiiie-xve siecle). Nous analysons ensuite les discours developpes dans des practicae pour determiner comment les auteurs de telles œuvres ont mobilise des sources divergentes relevant de la philosophie naturelle et de la theorie medicale, dans le cadre de l’elaboration d’une medecine revendiquant le statut de science pour son versant theorique. Nous envisageons aussi dans quelle mesure les solutions et conceptions retenues par ces auteurs ont pu interagir avec l’exercice medical (mise en œuvre des diagnostics, des pronostics, des explications etiologiques, des conseils therapeutiques).