{"title":"Variations contemporaines sur un topos éculé","authors":"Karol’Ann Boivin","doi":"10.4000/fixxion.415","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"1 La littérature québécoise du XXIe siècle comporte une vaste cohorte d’étudiant·e·s en lettres, figures fictives à la parole métadiscursive2. Pauvres, dépravés, antibourgeois, en marge et en amour3, ces personnages portent un discours unique sur le microcosme des études littéraires, exposant les rapports de pouvoir qui s’y exercent. Après tout, d’aucuns considèrent que le roman universitaire peut être appréhendé comme un lieu imaginaire de repartage du capital symbolique, du pouvoir : “Janice Rossen thinks that the university novel is mainly about power, inclusion and exclusion”4. Cet angle d’observation apparaît d’autant plus juste si l’on envisage le monde universitaire comme un “imaginaire social institué”, expression proposée par le sociologue Jean-Jacques Simard et qui renvoie au pouvoir symbolique sur lequel repose en bonne partie l’université5. On peut facilement s’imaginer que les romans thématisant cet univers font la part belle aux jeux – et aux luttes – de pouvoir. Plus étonnante est la thématisation ad nauseam de l’éros pédagogique dans ces fictions. Tout se passe comme si la domination symbolique du monde académique débordait dans le sexuel. Pour le dire avec un chargé de cours fictif, “le vice venait avec la profession”6.","PeriodicalId":53257,"journal":{"name":"Revue Critique de Fixxion Francaise Contemporaine","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-12-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue Critique de Fixxion Francaise Contemporaine","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/fixxion.415","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
1 La littérature québécoise du XXIe siècle comporte une vaste cohorte d’étudiant·e·s en lettres, figures fictives à la parole métadiscursive2. Pauvres, dépravés, antibourgeois, en marge et en amour3, ces personnages portent un discours unique sur le microcosme des études littéraires, exposant les rapports de pouvoir qui s’y exercent. Après tout, d’aucuns considèrent que le roman universitaire peut être appréhendé comme un lieu imaginaire de repartage du capital symbolique, du pouvoir : “Janice Rossen thinks that the university novel is mainly about power, inclusion and exclusion”4. Cet angle d’observation apparaît d’autant plus juste si l’on envisage le monde universitaire comme un “imaginaire social institué”, expression proposée par le sociologue Jean-Jacques Simard et qui renvoie au pouvoir symbolique sur lequel repose en bonne partie l’université5. On peut facilement s’imaginer que les romans thématisant cet univers font la part belle aux jeux – et aux luttes – de pouvoir. Plus étonnante est la thématisation ad nauseam de l’éros pédagogique dans ces fictions. Tout se passe comme si la domination symbolique du monde académique débordait dans le sexuel. Pour le dire avec un chargé de cours fictif, “le vice venait avec la profession”6.