{"title":"L’impossible sincérité du curateur. Authenticité, crédit et récit de soi dans les versions contemporaines du récit de collection","authors":"Loïse Lelevé","doi":"10.4000/fixxion.323","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"1 Le terme collection n’apparaît dans son sens actuel dans les dictionnaires que dans la seconde moitié du XIXe siècle1, à la suite d’une série de bouleversements culturels (effondrement des collections royales ; constitution de grandes collections privées et d’un marché de l’art en expansion constante ; création de musées nationaux ; développement des sciences et techniques historiques, etc.2). S’affirment alors d’autres manières d’écrire l’art (catalogues, préfaces d’inventaires, articles de revue portant sur des attributions, chronique de l’Hôtel des ventes3), ainsi qu’un type nouveau, le collectionneur. Ses premières représentations littéraires, dans les années 1840, en font un maniaque et un marginal ; elles évoluent dès que la collection cesse d’être perçue comme une déviance pour devenir un phénomène de mode. La figure littéraire, rendant compte d’un phénomène social inédit, devient plurielle : au collectionneur authentiquement passionné mais “toqué” dont le Cousin Pons fournit l’exemple paradigmatique4 succèdent à la fois des ignares qui collectionnent pour affirmer leur statut bourgeois, des connaisseurs soucieux de préservation des richesses nationales volontiers soupçonnés de pédanterie, ou des aristocrates ayant conservé avec leur héritage leur sens du goût5. Le collectionneur n’est plus le seul responsable de la série d’opérations de constitution de la collection qui le définissaient comme tel (“peut être dit collectionneur le sujet qui est à la fois : connaisseur, prospecteur, inventeur, acquéreur, possesseur, amateur”6). Apparaît à ses côtés une nouvelle figure, celle de l’expert, souvent critiqué pour son aveuglement7 ou sa duplicité8 : il met en relief la faute du collectionneur naïf, qui lui fait confiance pour pallier son propre manque de discernement. Simultanément, les textes qui mettent en scène la collection d’un auteur unique, reflet de son désir, voire de sa folie, semblent programmer la disparition de celle-ci en même temps que de son auteur : revente de celle de Pons, engloutissement de celle du capitaine Nemo9...","PeriodicalId":53257,"journal":{"name":"Revue Critique de Fixxion Francaise Contemporaine","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2021-06-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue Critique de Fixxion Francaise Contemporaine","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/fixxion.323","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
1 Le terme collection n’apparaît dans son sens actuel dans les dictionnaires que dans la seconde moitié du XIXe siècle1, à la suite d’une série de bouleversements culturels (effondrement des collections royales ; constitution de grandes collections privées et d’un marché de l’art en expansion constante ; création de musées nationaux ; développement des sciences et techniques historiques, etc.2). S’affirment alors d’autres manières d’écrire l’art (catalogues, préfaces d’inventaires, articles de revue portant sur des attributions, chronique de l’Hôtel des ventes3), ainsi qu’un type nouveau, le collectionneur. Ses premières représentations littéraires, dans les années 1840, en font un maniaque et un marginal ; elles évoluent dès que la collection cesse d’être perçue comme une déviance pour devenir un phénomène de mode. La figure littéraire, rendant compte d’un phénomène social inédit, devient plurielle : au collectionneur authentiquement passionné mais “toqué” dont le Cousin Pons fournit l’exemple paradigmatique4 succèdent à la fois des ignares qui collectionnent pour affirmer leur statut bourgeois, des connaisseurs soucieux de préservation des richesses nationales volontiers soupçonnés de pédanterie, ou des aristocrates ayant conservé avec leur héritage leur sens du goût5. Le collectionneur n’est plus le seul responsable de la série d’opérations de constitution de la collection qui le définissaient comme tel (“peut être dit collectionneur le sujet qui est à la fois : connaisseur, prospecteur, inventeur, acquéreur, possesseur, amateur”6). Apparaît à ses côtés une nouvelle figure, celle de l’expert, souvent critiqué pour son aveuglement7 ou sa duplicité8 : il met en relief la faute du collectionneur naïf, qui lui fait confiance pour pallier son propre manque de discernement. Simultanément, les textes qui mettent en scène la collection d’un auteur unique, reflet de son désir, voire de sa folie, semblent programmer la disparition de celle-ci en même temps que de son auteur : revente de celle de Pons, engloutissement de celle du capitaine Nemo9...
“收藏”一词直到19世纪下半叶才出现在词典中,这是一系列文化剧变的结果(皇家收藏的崩溃;建立大型私人收藏和不断扩大的艺术市场;建立国家博物馆;历史科学技术发展等2)。因此,其他的艺术写作方式(目录、库存前言、期刊文章、《l ' hotel des ventes3》编年史)和一种新的类型——收藏家——开始出现。他的第一次文学表现是在19世纪40年代,这使他成为一个疯子和边缘人物;一旦一个系列不再被视为一种反常现象,而是一种时尚现象,它们就会发生变化。文学的图,一个独特的社会现象的反映,激情变得多元:真正的收藏家,但“强迫症”,其堂兄Pons相继paradigmatique4例子既无知的搭讪,以确认其身份的鉴赏家,发福的孩子愿意为了保全国家财富涉嫌剂量,或贵族goût5意义同其遗产的保存。收藏家不再是唯一负责收集过程的人,这些过程将他定义为这样的人(“收藏家可以被称为同时是鉴赏家、勘探者、发明家、购买者、拥有者、业余爱好者的人”)。在他身边出现了一个新的人物,一个经常因盲目或口是心非而受到批评的专家,他强调了naive收藏家的错误,他们信任他来弥补自己缺乏洞察力。与此同时,一个作者的文集的文本,反映了他的欲望,甚至是他的疯狂,似乎在计划她和她的作者同时消失:庞斯的转售,尼莫船长的吞噬……