{"title":"Systemic disorders in Argentine haemorrhagic fever","authors":"R.F. Marta, V.S. Montero, F.C. Molinas","doi":"10.1016/S0020-2452(98)80005-5","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Patients with Argentine haemorrhagic fever have mainly central nervous system involvement and haemorrhagic manifestations, with leucopenia and thrombocytopenia. Activation of blood coagulation, fibrinolysis, the complement system and cytokines was observed in the acute phase of the disease.</p></div><div><p>Membre du groupe des arénavirus, le virus Junin est l'agent étiologique de la fièvre hémorragique argentine (FHA). La phase aiguë de la maladie est caractérisée par des désordres au niveau du système nerveux central et des manifestations hémorragiques avec leucopénie et thrombocytopénie. Les anticorps neutralisants anti-virus Junin sont détectables à partir du 12<sup>e</sup> jour chez les patients non traités. L'administration de plasma immun prélevé chez des patients survivants, réduit le taux de mortalité de 20% à moins de 1 % quand la perfusion est faite avant le 8<sup>e</sup> jour de l'évolution de la maladie, le l<sup>er</sup> jour étant celui du début de la fièvre.</p><p>Aucune lésion histopathologique spécifique de la maladie n'a été remarquée cependant que l'on observe couramment une dilatation capillaire généralisée, une nécrose des cellules lymphoïdes dans les organes lymphatiques, et une réduction du nombre de cellules de la lignée érythrocytaire et des cellules leucopoïétiques associée à un taux normal de mégacaryocytes dans la moelle osseuse. Une nécrose tubulaire aiguë et un syndrome de détresse respiratoire aiguë ont été trouvés chez des patients en état de choc final.</p><p>L'immunodépression de la phase aiguë est en liaison avec la diminution du nombre de cellules B, T et nulles, et la réduction du rapport T4/T8. La réplication du virus Junin dans les cellules endothéliales et dans les macrophages n'affecte pas la cytotoxicité anticorps-dépendante des cellules mononucléaires périphériques et polymorphonucléaires. On observe l'activation de la coagulation sanguine au cours de la phase aiguë de la maladie grâce à l'augmentation du niveau des facteurs 1 et 2 et du complexe thrombine/anti-thrombine. Cependant cette activation est limitée étant donné que les inhibiteurs naturels, à savoir, l'ATIII, la protéine C et la protéine S libre et totale sont à des taux normaux dans la plupart des cas. Le système fibrinolytique est également activé ainsi que l'augmentation des niveaux de t-PA (tissue plasminogen activator) et du dimère D l'atteste. Une coagulation intravasculaire disséminée a été négligée sur la base des observations cliniques et de laboratoire et de l'absence de dépôt intravasculaire de fibrine. Une réduction des niveaux de Clq, de C3, de C5 et de C2 fonctionnel avec une élévation des produits de dégradation du facteur B et des produits d'activation de C3 et C4, sont le reflet de l'activation du complément à travers les deux voies. Cette activation survient dès les premiers stades de la maladie, avant l'apparition des anticorps anti-virus Junin, et elle est contemporaine de niveaux élevés d'E-α1AT (elastase α1 antitrypsin). Des titres élevés d'interféron α (IFNα) ont été observés dès les premiers stades de la maladie, ces titres étant particulièrement forts chez les patients qui sont morts (p<0,001). Ce manque apparent d'efficacité de l'IFNa chez les patients atteints de FHA est en contradiction avec les taux élevés de 2–5A synthétase leucocytaire. La production du facteur nécrosant tumoral α, d'interleukines (IL) 6 et 8 et du récepteur soluble de l'IL6, augmente essentiellement dans les cas sévères. Une corrélation significative a été trouvée entre la production d'IL8 et d'E-α1AT (r: 0,82, p<0,001) ce qui implique que l'activation leucocytaire peut opérer via cette cytokine. L'IL10, qui supprime la production de cytokines proinflammatoires, est aussi élevée chez les patients atteints de FHA.</p><p>Dans le modèle expérimental de la maladie, les cobayes reproduisent les désordres hématologiques avec un profil de laboratoire semblable à celui observé chez les humains. De son côté, le primate néotropical <em>Callitrix jacchus</em> développe des hémorragies et des manifestations neurologiques mais les observations de laboratoire sont différentes de celles observées chez les humains et les cobayes infectés. Les deux espèces animales meurent sans que l'on n'ai pu détecter aucun anticorps anti-virus Junin.</p></div>","PeriodicalId":89103,"journal":{"name":"Bulletin de l'Institut Pasteur","volume":"96 2","pages":"Pages 115-124"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"1998-04-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1016/S0020-2452(98)80005-5","citationCount":"13","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Bulletin de l'Institut Pasteur","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0020245298800055","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Patients with Argentine haemorrhagic fever have mainly central nervous system involvement and haemorrhagic manifestations, with leucopenia and thrombocytopenia. Activation of blood coagulation, fibrinolysis, the complement system and cytokines was observed in the acute phase of the disease.
Membre du groupe des arénavirus, le virus Junin est l'agent étiologique de la fièvre hémorragique argentine (FHA). La phase aiguë de la maladie est caractérisée par des désordres au niveau du système nerveux central et des manifestations hémorragiques avec leucopénie et thrombocytopénie. Les anticorps neutralisants anti-virus Junin sont détectables à partir du 12e jour chez les patients non traités. L'administration de plasma immun prélevé chez des patients survivants, réduit le taux de mortalité de 20% à moins de 1 % quand la perfusion est faite avant le 8e jour de l'évolution de la maladie, le ler jour étant celui du début de la fièvre.
Aucune lésion histopathologique spécifique de la maladie n'a été remarquée cependant que l'on observe couramment une dilatation capillaire généralisée, une nécrose des cellules lymphoïdes dans les organes lymphatiques, et une réduction du nombre de cellules de la lignée érythrocytaire et des cellules leucopoïétiques associée à un taux normal de mégacaryocytes dans la moelle osseuse. Une nécrose tubulaire aiguë et un syndrome de détresse respiratoire aiguë ont été trouvés chez des patients en état de choc final.
L'immunodépression de la phase aiguë est en liaison avec la diminution du nombre de cellules B, T et nulles, et la réduction du rapport T4/T8. La réplication du virus Junin dans les cellules endothéliales et dans les macrophages n'affecte pas la cytotoxicité anticorps-dépendante des cellules mononucléaires périphériques et polymorphonucléaires. On observe l'activation de la coagulation sanguine au cours de la phase aiguë de la maladie grâce à l'augmentation du niveau des facteurs 1 et 2 et du complexe thrombine/anti-thrombine. Cependant cette activation est limitée étant donné que les inhibiteurs naturels, à savoir, l'ATIII, la protéine C et la protéine S libre et totale sont à des taux normaux dans la plupart des cas. Le système fibrinolytique est également activé ainsi que l'augmentation des niveaux de t-PA (tissue plasminogen activator) et du dimère D l'atteste. Une coagulation intravasculaire disséminée a été négligée sur la base des observations cliniques et de laboratoire et de l'absence de dépôt intravasculaire de fibrine. Une réduction des niveaux de Clq, de C3, de C5 et de C2 fonctionnel avec une élévation des produits de dégradation du facteur B et des produits d'activation de C3 et C4, sont le reflet de l'activation du complément à travers les deux voies. Cette activation survient dès les premiers stades de la maladie, avant l'apparition des anticorps anti-virus Junin, et elle est contemporaine de niveaux élevés d'E-α1AT (elastase α1 antitrypsin). Des titres élevés d'interféron α (IFNα) ont été observés dès les premiers stades de la maladie, ces titres étant particulièrement forts chez les patients qui sont morts (p<0,001). Ce manque apparent d'efficacité de l'IFNa chez les patients atteints de FHA est en contradiction avec les taux élevés de 2–5A synthétase leucocytaire. La production du facteur nécrosant tumoral α, d'interleukines (IL) 6 et 8 et du récepteur soluble de l'IL6, augmente essentiellement dans les cas sévères. Une corrélation significative a été trouvée entre la production d'IL8 et d'E-α1AT (r: 0,82, p<0,001) ce qui implique que l'activation leucocytaire peut opérer via cette cytokine. L'IL10, qui supprime la production de cytokines proinflammatoires, est aussi élevée chez les patients atteints de FHA.
Dans le modèle expérimental de la maladie, les cobayes reproduisent les désordres hématologiques avec un profil de laboratoire semblable à celui observé chez les humains. De son côté, le primate néotropical Callitrix jacchus développe des hémorragies et des manifestations neurologiques mais les observations de laboratoire sont différentes de celles observées chez les humains et les cobayes infectés. Les deux espèces animales meurent sans que l'on n'ai pu détecter aucun anticorps anti-virus Junin.