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Abstract
L’évolution législative récente relative à la fin de vie, qui tend à substituer la procédure à la relation, interroge. Aujourd’hui, chaque question semble devoir être obstinément transformée en problème à résoudre, et donc à résoudre techniquement. Nous évoluons dans un contexte marqué par la primauté de la technique et du droit sur le sens et sur le rapport humain. Ce paradigme, confronté à nos limites, accentue la double angoisse de la fin de vie : la peur de souffrir et la peur de mourir. Il favorise également une compréhension nominaliste de la liberté : l’autonomie n’est plus comprise comme un accomplissement, mais comme un refus, une émancipation du réel. La loi du 2 février 2016 rend compte de ce déplacement, elle qui nous invite à placer notre confiance non plus dans la personne mais « dans le dispositif ». Ainsi des directives anticipées, dont la finalité est de faire droit à l’autonomie, réduite à la maîtrise, au contrôle des conditions du mourir. Le dispositif, qui fera dépendre l’autonomie d’une exigence de conformité à la technique, devient le symptôme d’une profonde désubjectivation. La médicalisation de la mort obère la question de la mort. Et cette désymbolisation de la mort va de pair avec son individualisation, le sujet étant laissé de plus en plus seul. Il conviendrait de rendre à la parole et au sens leur souveraineté. Car les enjeux de la fin de vie sont des enjeux de sens — non de moyens.
期刊介绍:
Psycho-Oncologie est une revue scientifique humaniste et multidisciplinaire qui aborde de façon innovante le malade et la maladie dans notre société. Elle a pour objectif de créer des liens entre tous les partenaires de la prise en charge des patients atteints de cancer, mais aussi de leur famille et de leurs soignants. La psycho-oncologie, carrefour entre la médecine et les sciences humaines, discipline unique en son genre, fait objet une revue qui adresse aussi bien aux oncologues, psychologues, psychiatres, infirmières, qu’à tout le personnel de soins.