{"title":"Le singulier selon Gustave Guillaume","authors":"P. Monneret","doi":"10.3406/igram.2010.4107","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Parmi les tâches qui incombent aux linguistes s'inscrivant dans la mouvance guillaumienne, la clarification de la terminologie demeure une preoccupation essentielle. Bien que le Dictionnaire terminologique de la systematique du langage (Boone et Joly, 1996) ait marque une avancee significative a cet egard, le foisonnement du metalangage guillaumien, son evolution ou ses variations au cours du temps, font que de nombreuses questions restent en suspens, non seulement pour qui s'interesse, en historien, a la genese de la theorie guillaumienne, mais aussi et surtout pour qui considere que la systematique du langage, nullement reductible a un objet d'histoire, reste une theorie feconde et exploitable pour les linguistes contemporains. Le caractere plus ou moins necessaire de ce genre de clarification terminologique depend bien entendu des questions de l'on se pose, ou qui emergent a une epoque donnee et c'est sans doute pourquoi certains flottements demeurent invisibles tant que personne n'a eprouve de gene a leur endroit. Ainsi, il semble que les lecteurs de Guillaume n'ont guere ete embarrasses, jusqu'a present, par une variation terminologique qui touche pourtant un point crucial de la theorie guillaumienne, sa marque de fabrique la plus notoire : la tension \" universel / singulier \", qui est explicitement thematisee des Temps et verbe (Guillaume, 1965 [1929]), et sera symbolisee a partir des annees cinquante par le fameux \" tenseur binaire \". Cette variation, percue comme insignifiante, consiste en une alternance du couple \" universel / singulier \" avec le couple \" general / particulier \", qui conduit a s'interroger sur le sens des notions de singularite ou de particularite comme sur celui des notions d'universalite et de generalite. La question qui se pose alors n'est pas tant de savoir si les oppositions \" universel / singulier \" et \" general / particulier \" sont indifferenciees pour le linguiste Gustave Guillaume1, mais de determiner le sens de chacun de ces termes pour en delimiter l'usage possible en systematique du langage, et plus generalement en linguistique, voire en philosophie du langage. On s'attachera ici uniquement a la distinction singulier / particulier, et plus precisement au sens du singulier dans le modele guillaumien, sujet dont on verra qu'il couvre deja une tres large matiere.","PeriodicalId":38986,"journal":{"name":"Information Grammaticale","volume":"126 1","pages":"51-56"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2010-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Information Grammaticale","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3406/igram.2010.4107","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Arts and Humanities","Score":null,"Total":0}
引用次数: 1
Abstract
Parmi les tâches qui incombent aux linguistes s'inscrivant dans la mouvance guillaumienne, la clarification de la terminologie demeure une preoccupation essentielle. Bien que le Dictionnaire terminologique de la systematique du langage (Boone et Joly, 1996) ait marque une avancee significative a cet egard, le foisonnement du metalangage guillaumien, son evolution ou ses variations au cours du temps, font que de nombreuses questions restent en suspens, non seulement pour qui s'interesse, en historien, a la genese de la theorie guillaumienne, mais aussi et surtout pour qui considere que la systematique du langage, nullement reductible a un objet d'histoire, reste une theorie feconde et exploitable pour les linguistes contemporains. Le caractere plus ou moins necessaire de ce genre de clarification terminologique depend bien entendu des questions de l'on se pose, ou qui emergent a une epoque donnee et c'est sans doute pourquoi certains flottements demeurent invisibles tant que personne n'a eprouve de gene a leur endroit. Ainsi, il semble que les lecteurs de Guillaume n'ont guere ete embarrasses, jusqu'a present, par une variation terminologique qui touche pourtant un point crucial de la theorie guillaumienne, sa marque de fabrique la plus notoire : la tension " universel / singulier ", qui est explicitement thematisee des Temps et verbe (Guillaume, 1965 [1929]), et sera symbolisee a partir des annees cinquante par le fameux " tenseur binaire ". Cette variation, percue comme insignifiante, consiste en une alternance du couple " universel / singulier " avec le couple " general / particulier ", qui conduit a s'interroger sur le sens des notions de singularite ou de particularite comme sur celui des notions d'universalite et de generalite. La question qui se pose alors n'est pas tant de savoir si les oppositions " universel / singulier " et " general / particulier " sont indifferenciees pour le linguiste Gustave Guillaume1, mais de determiner le sens de chacun de ces termes pour en delimiter l'usage possible en systematique du langage, et plus generalement en linguistique, voire en philosophie du langage. On s'attachera ici uniquement a la distinction singulier / particulier, et plus precisement au sens du singulier dans le modele guillaumien, sujet dont on verra qu'il couvre deja une tres large matiere.