{"title":"La littérature contemporaine aux prises avec le mensonge et la mauvaise foi","authors":"Maxime Decout, Jochen Mecke","doi":"10.4000/fixxion.295","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"1 Entre mensonge et mauvaise foi, la littérature est en terrain connu. Tout le monde sait cependant qu’une fiction ne peut pas réellement mentir. Le lecteur, à moins de s’appeler Don Quichotte, n’ignore pas que l’histoire est fictive. C’est pourquoi un numéro de Fixxion sur le mensonge et la mauvaise foi pourrait étonner et presque prendre des allures d’oxymore, puisque, en soi, la littérature fictionnelle est capable de tout sauf de mentir. Cette perspective pourrait paraître plus surprenante encore à propos de la littérature contemporaine dont le retour au réel n’est plus à démontrer1. Cette transitivité retrouvée semble exclure a priori, ou tout au moins minorer, la part de jeu que les textes puisent dans le mensonge et la mauvaise foi. Et pourtant, entre le document, l’archive et la nonfiction, les œuvres ne manifestent-elles pas ostensiblement leur désir d’authenticité ? En multipliant les signes d’une transparence dans laquelle le réel primerait sur l’écriture, la littérature ne réagit-elle pas au soupçon de mensonge qui plane sur elle ? D’autant mieux que, malgré l’omniprésence de cette littérature du réel qui donne l’impression d’être débarrassée de pièges et de fraudes, le mensonge et la mauvaise foi n’ont pas dit leur dernier mot et restent toujours éminemment productifs, comme sous la plume de Pierre Senges, Tanguy Viel, Antoine Bello ou Éric Chevillard.","PeriodicalId":53257,"journal":{"name":"Revue Critique de Fixxion Francaise Contemporaine","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2021-06-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue Critique de Fixxion Francaise Contemporaine","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/fixxion.295","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
1 Entre mensonge et mauvaise foi, la littérature est en terrain connu. Tout le monde sait cependant qu’une fiction ne peut pas réellement mentir. Le lecteur, à moins de s’appeler Don Quichotte, n’ignore pas que l’histoire est fictive. C’est pourquoi un numéro de Fixxion sur le mensonge et la mauvaise foi pourrait étonner et presque prendre des allures d’oxymore, puisque, en soi, la littérature fictionnelle est capable de tout sauf de mentir. Cette perspective pourrait paraître plus surprenante encore à propos de la littérature contemporaine dont le retour au réel n’est plus à démontrer1. Cette transitivité retrouvée semble exclure a priori, ou tout au moins minorer, la part de jeu que les textes puisent dans le mensonge et la mauvaise foi. Et pourtant, entre le document, l’archive et la nonfiction, les œuvres ne manifestent-elles pas ostensiblement leur désir d’authenticité ? En multipliant les signes d’une transparence dans laquelle le réel primerait sur l’écriture, la littérature ne réagit-elle pas au soupçon de mensonge qui plane sur elle ? D’autant mieux que, malgré l’omniprésence de cette littérature du réel qui donne l’impression d’être débarrassée de pièges et de fraudes, le mensonge et la mauvaise foi n’ont pas dit leur dernier mot et restent toujours éminemment productifs, comme sous la plume de Pierre Senges, Tanguy Viel, Antoine Bello ou Éric Chevillard.