{"title":"Réflexions autour des maladies héréditaires dans les traités médicaux des XIVe et XVe siècles","authors":"Laetitia Loviconi","doi":"10.3917/adh.137.0049","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"A la fin du Moyen Âge, un tres grand nombre d’ouvrages issus des medecines antique et arabe avait ete traduit en latin. Parmi ceux-ci figuraient le Canon de la medecine d’Avicenne et les Aphorismes attribues a Damascene. Ces œuvres contiennent une distinction des maladies hereditaires sur la base de leur mode de transmission. Elles fournissent des exemples de maladies considerees comme telles ou fixent les categories de maladies et lieux affectes qui s’y rattacheraient davantage. A partir de ces conceptions cohabitant avec les heritages aristotelicien et galenique, des medecins des xive et xve siecles, commentateurs du Canon ou auteurs de Practicae, ont approfondi la question des agents de transmission hereditaire des maladies. Ils y ont repondu le plus souvent par l’evocation d’une macule spermatique, avec parfois un haut degre de precision dans la reflexion sur la nature necessaire et/ou suffisante de celle-ci qui permit de faire emerger des differences entre l’heritage potentiel ou effectif des maladies hereditaires et des variations dans leurs manifestations, en lien avec le concept de disposition hereditaire a une maladie. Dans ces reflexions sur l’heredite, la place du sang fut egalement notable, en tant que le sang menstruel infecte fut tantot evoque comme un possible vecteur de maladies hereditaires, tantot nettement mis a distance de celles-ci par des auteurs faisant de la corruption du sang menstruel un facteur de maladies apparues in utero sans que les parents en soient affectes. Par d’autres aspects, les reflexions sur les maladies hereditaires conduisirent a des convergences entre questions relevant de la pathologie et de la physiologie. Ainsi en fut-il des discussions qui viserent a rendre compte du lien suppose entre chronicite et heredite des maladies et qui s’integrerent dans les reflexions sur la distinction entre caracteres naturels ou essentiels et accidentels. En revanche, les ouvrages etudies presentent une grande diversite de conceptions et d’argumentations dans les approfondissements par lesquels les medecins de la fin du Moyen Âge porterent leur attention sur l’heredite des maladies maternelles et sur l’implication du lieu affecte quant a l’heritabilite de la maladie mise en relation avec les mecanismes de production du sperme.","PeriodicalId":52444,"journal":{"name":"Annales de Demographie Historique","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Demographie Historique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/adh.137.0049","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Social Sciences","Score":null,"Total":0}
引用次数: 1
Abstract
A la fin du Moyen Âge, un tres grand nombre d’ouvrages issus des medecines antique et arabe avait ete traduit en latin. Parmi ceux-ci figuraient le Canon de la medecine d’Avicenne et les Aphorismes attribues a Damascene. Ces œuvres contiennent une distinction des maladies hereditaires sur la base de leur mode de transmission. Elles fournissent des exemples de maladies considerees comme telles ou fixent les categories de maladies et lieux affectes qui s’y rattacheraient davantage. A partir de ces conceptions cohabitant avec les heritages aristotelicien et galenique, des medecins des xive et xve siecles, commentateurs du Canon ou auteurs de Practicae, ont approfondi la question des agents de transmission hereditaire des maladies. Ils y ont repondu le plus souvent par l’evocation d’une macule spermatique, avec parfois un haut degre de precision dans la reflexion sur la nature necessaire et/ou suffisante de celle-ci qui permit de faire emerger des differences entre l’heritage potentiel ou effectif des maladies hereditaires et des variations dans leurs manifestations, en lien avec le concept de disposition hereditaire a une maladie. Dans ces reflexions sur l’heredite, la place du sang fut egalement notable, en tant que le sang menstruel infecte fut tantot evoque comme un possible vecteur de maladies hereditaires, tantot nettement mis a distance de celles-ci par des auteurs faisant de la corruption du sang menstruel un facteur de maladies apparues in utero sans que les parents en soient affectes. Par d’autres aspects, les reflexions sur les maladies hereditaires conduisirent a des convergences entre questions relevant de la pathologie et de la physiologie. Ainsi en fut-il des discussions qui viserent a rendre compte du lien suppose entre chronicite et heredite des maladies et qui s’integrerent dans les reflexions sur la distinction entre caracteres naturels ou essentiels et accidentels. En revanche, les ouvrages etudies presentent une grande diversite de conceptions et d’argumentations dans les approfondissements par lesquels les medecins de la fin du Moyen Âge porterent leur attention sur l’heredite des maladies maternelles et sur l’implication du lieu affecte quant a l’heritabilite de la maladie mise en relation avec les mecanismes de production du sperme.
期刊介绍:
Fondées en 1964 par la Société de Démographie Historique, les Annales de démographie historique, seule revue francophone du domaine, publient des recherches internationales en français et en anglais sur l"histoire, ou plutôt les histoires, de la population et de la famille telles qu"elles se présentent aujourd’hui : des travaux soucieux de leurs méthodes et de leurs catégories da"nalyse, des approches largement ouvertes sur l"histoire sociale et l"histoire de la santé, attentives aux apports de l’anthropologie comme de l"économie. Les Annales de démographie historique sont publiées avec le soutien du CNRS.