P. Favre , M. Baciu , C. Pichat , T. Bougerol , M. Polosan
{"title":"IFG et contrôle émotionnel dans les troubles bipolaires","authors":"P. Favre , M. Baciu , C. Pichat , T. Bougerol , M. Polosan","doi":"10.1016/j.fjpsy.2019.10.221","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Le trouble bipolaire (TB) est une pathologie chronique de l’humeur, caractérisée par des perturbations du fonctionnement émotionnel et cognitif lors des périodes dépressives, maniaques, et intercritiques (euthymiques). Au niveau cérébral, ces troubles de la régulation émotionnelle pourraient être sous-tendus des anomalies structurelles et fonctionnelles des régions cérébrales fronto-limbiques <span>[1]</span>. Bien que les interventions psychosociales spécifiques, telles que la psychoéducation, aient montré leur efficacité dans la prise en charge du TB leur impact sur le fonctionnement cérébral est encore peu connu. Les objectifs de cette étude étaient : (i) de préciser le substrat cérébral, anatomique et fonctionnel, qui sous-tend les troubles de la régulation émotionnelle dans le TB ; (ii) d’évaluer si la participation à un programme de psychoéducation de 3 mois pouvait induire une modification du fonctionnement cérébral chez ces patients ; (iii) d’identifier si les anomalies cérébrales observées avant la psychoéducation pouvaient prédire la réponse clinique après la psychoéducation. Nous avons utilisé une tâche de Stroop émotionnelle en IRM fonctionnel et mis en évidence une diminution de l’activité du gyrus frontal inférieur (IFG) ainsi qu’une augmentation de l’activité de l’hippocampe, respectivement impliquées dans le contrôle inhibiteur et la génération/perception des émotions, chez les patients présentant un TB par rapport aux sujets contrôles. Suite à trois mois de psychoéducation, ces anomalies d’activation fronto-limbique chez les patients étaient significativement atténuées <span>[2]</span>. En outre, l’augmentation du volume de l’IFG droit chez les patients avant la psychoeducation (mesurée par Voxel-Based-Morphometry) était significativement corrélée avec l’amélioration des stratégies de coping et la diminution de l’anxiété trait après la psychoéducation <span>[3]</span>. L’ensemble de nos résultats suggèrent que les déficits de régulation émotionnelle caractérisant le TB pourraient être sous-tendu par des anomalies fonctionnelles et structurelles de l’IFG et modulés par l’amélioration du contrôle cognitif « top-down », induit par la participation à un programme de psychoéducation. L’étude de la connectivité fonctionnelle et structurelle de l’IFG est nécessaire afin de mieux comprendre son rôle dans la physiopathologie du TB.</p></div>","PeriodicalId":12420,"journal":{"name":"French Journal of Psychiatry","volume":"1 ","pages":"Pages S29-S30"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"French Journal of Psychiatry","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590241519307214","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Le trouble bipolaire (TB) est une pathologie chronique de l’humeur, caractérisée par des perturbations du fonctionnement émotionnel et cognitif lors des périodes dépressives, maniaques, et intercritiques (euthymiques). Au niveau cérébral, ces troubles de la régulation émotionnelle pourraient être sous-tendus des anomalies structurelles et fonctionnelles des régions cérébrales fronto-limbiques [1]. Bien que les interventions psychosociales spécifiques, telles que la psychoéducation, aient montré leur efficacité dans la prise en charge du TB leur impact sur le fonctionnement cérébral est encore peu connu. Les objectifs de cette étude étaient : (i) de préciser le substrat cérébral, anatomique et fonctionnel, qui sous-tend les troubles de la régulation émotionnelle dans le TB ; (ii) d’évaluer si la participation à un programme de psychoéducation de 3 mois pouvait induire une modification du fonctionnement cérébral chez ces patients ; (iii) d’identifier si les anomalies cérébrales observées avant la psychoéducation pouvaient prédire la réponse clinique après la psychoéducation. Nous avons utilisé une tâche de Stroop émotionnelle en IRM fonctionnel et mis en évidence une diminution de l’activité du gyrus frontal inférieur (IFG) ainsi qu’une augmentation de l’activité de l’hippocampe, respectivement impliquées dans le contrôle inhibiteur et la génération/perception des émotions, chez les patients présentant un TB par rapport aux sujets contrôles. Suite à trois mois de psychoéducation, ces anomalies d’activation fronto-limbique chez les patients étaient significativement atténuées [2]. En outre, l’augmentation du volume de l’IFG droit chez les patients avant la psychoeducation (mesurée par Voxel-Based-Morphometry) était significativement corrélée avec l’amélioration des stratégies de coping et la diminution de l’anxiété trait après la psychoéducation [3]. L’ensemble de nos résultats suggèrent que les déficits de régulation émotionnelle caractérisant le TB pourraient être sous-tendu par des anomalies fonctionnelles et structurelles de l’IFG et modulés par l’amélioration du contrôle cognitif « top-down », induit par la participation à un programme de psychoéducation. L’étude de la connectivité fonctionnelle et structurelle de l’IFG est nécessaire afin de mieux comprendre son rôle dans la physiopathologie du TB.