{"title":"Le cortex frontal inférieur : un « hub » du contrôle inhibiteur cognitif et émotionnel ?","authors":"A. Cachia , M. Polosan , P. Favre , E. Fakra","doi":"10.1016/j.fjpsy.2019.10.218","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Le symposium soulignera l’intérêt de l’imagerie cérébrale dans l’évaluation de certaines fonctions comme le contrôle inhibiteur (CI), dont le rôle est essentiel dans l’adaptation comportementale au quotidien, ainsi que dans la physiopathologie de certaines pathologies psychiatriques. La première partie du symposium discutera le rôle clé du gyrus frontal inférieur (Inferior Frontal Gyrus, IFG) dans l’efficience du CI à partir d’une méta-analyse de 687 études en IRMf, montrant en particulier une inversion de latéralisation hémisphérique, avec une implication forte de l’IFG gauche chez l’enfant et de l’IFG droit chez l’adolescent et l’adulte. Nous montrerons également que l’efficience du CI dépend à la fois de mécanismes neurodéveloppementaux fœtaux, reflétés par la morphologie sulcale de l’IFG, et tardifs (neuroplastiques) mis en œuvre lors d’un entrainement cognitif. L’IFG est aussi impliqué dans les troubles bipolaires, l’IRMf ayant permis (a) de mieux préciser les corrélats neurofonctionnels lors d’une tâche de régulation émotionnelle et (b) de mesurer la plasticité cérébrale suite à l’application d’une intervention thérapeutique de type psychosocial (programme de psychoéducation). Lors du traitement du conflit émotionnel il a été ainsi montré une hypoactivation de l’IFG droit et une hyperactivation des régions limbiques chez les patients bipolaires versus contrôles sains. Ces anomalies neurofonctionnelles étaient atténuées après la psychoéducation, en parallèle avec un évolution clinique favorable. Ces résultats seront discutés dans le cadre d’une modélisation des troubles bipolaires impliquant un manque de CI émotionnel inhibiteur possiblement sous-tendu par un manque de CI cognitif et une anomalie fonctionnelle de l’IFG droit. Les troubles obsessionnels-compulsifs constituent une autre catégorie nosographique caractérisée, entre autres, par un déficit du contrôle inhibiteur. L’étude en IRM de diffusion de la connectivité structurelle (general fractional anisotropy, GFA) de l’IFG droit a permis de montrer, dans cette pathologie, des anomalies des circuits cortico-souscorticaux corrélées avec la durée d’évolution et la sévérité de la maladie. Ces résultats confirment l’implication de certaines anomalies cortico-souscorticales dans le phénotype compulsif et soulignent l’intérêt de l’imagerie dans la prédiction évolutive et le développement de stratégies thérapeutiques innovantes basées sur les connaissances physiopathologiques.</p></div>","PeriodicalId":12420,"journal":{"name":"French Journal of Psychiatry","volume":"1 ","pages":"Page S29"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"French Journal of Psychiatry","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590241519307184","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Le symposium soulignera l’intérêt de l’imagerie cérébrale dans l’évaluation de certaines fonctions comme le contrôle inhibiteur (CI), dont le rôle est essentiel dans l’adaptation comportementale au quotidien, ainsi que dans la physiopathologie de certaines pathologies psychiatriques. La première partie du symposium discutera le rôle clé du gyrus frontal inférieur (Inferior Frontal Gyrus, IFG) dans l’efficience du CI à partir d’une méta-analyse de 687 études en IRMf, montrant en particulier une inversion de latéralisation hémisphérique, avec une implication forte de l’IFG gauche chez l’enfant et de l’IFG droit chez l’adolescent et l’adulte. Nous montrerons également que l’efficience du CI dépend à la fois de mécanismes neurodéveloppementaux fœtaux, reflétés par la morphologie sulcale de l’IFG, et tardifs (neuroplastiques) mis en œuvre lors d’un entrainement cognitif. L’IFG est aussi impliqué dans les troubles bipolaires, l’IRMf ayant permis (a) de mieux préciser les corrélats neurofonctionnels lors d’une tâche de régulation émotionnelle et (b) de mesurer la plasticité cérébrale suite à l’application d’une intervention thérapeutique de type psychosocial (programme de psychoéducation). Lors du traitement du conflit émotionnel il a été ainsi montré une hypoactivation de l’IFG droit et une hyperactivation des régions limbiques chez les patients bipolaires versus contrôles sains. Ces anomalies neurofonctionnelles étaient atténuées après la psychoéducation, en parallèle avec un évolution clinique favorable. Ces résultats seront discutés dans le cadre d’une modélisation des troubles bipolaires impliquant un manque de CI émotionnel inhibiteur possiblement sous-tendu par un manque de CI cognitif et une anomalie fonctionnelle de l’IFG droit. Les troubles obsessionnels-compulsifs constituent une autre catégorie nosographique caractérisée, entre autres, par un déficit du contrôle inhibiteur. L’étude en IRM de diffusion de la connectivité structurelle (general fractional anisotropy, GFA) de l’IFG droit a permis de montrer, dans cette pathologie, des anomalies des circuits cortico-souscorticaux corrélées avec la durée d’évolution et la sévérité de la maladie. Ces résultats confirment l’implication de certaines anomalies cortico-souscorticales dans le phénotype compulsif et soulignent l’intérêt de l’imagerie dans la prédiction évolutive et le développement de stratégies thérapeutiques innovantes basées sur les connaissances physiopathologiques.