Oksana Grente, Christophe Duchamp, Sarah Bauduin, Simon Chamaillé-Jammes, Nolwenn Drouet-Hoguet, Olivier Gimenez
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Abstract
L’efficacité des tirs létaux de Loups gris (Canis lupus Linnaeus, 1758) à réduire la prédation de cette espèce sur les troupeaux domestiques est débattue, que cela soit en France ou ailleurs où ces mesures sont appliquées. Dans cet article, nous résumons les résultats de la thèse d’Oksana Grente, réalisée sous la direction de l’Office français de la Biodiversité (OFB) et du Centre d’Écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE-CNRS), qui a étudié les effets des tirs dérogatoires de loup sur les attaques aux troupeaux ovins dans l’arc alpin français. Deux approches complémentaires ont été adoptées pour répondre à cette question. Tout d’abord, les données administratives des constats d’attaques ont été analysées en comparant les situations avant et après les tirs. Il s’est avéré que les effets des tirs pouvaient être multiples et dépendaient des contextes dans lesquels ils étaient réalisés. La disparité dans ces résultats reste difficile à comprendre avec les données disponibles. Afin de pallier aux lacunes de l’analyse des tirs réalisés, un modèle théorique a été développé, dans lequel les comportements de prédation du loup ont été simulés selon différentes hypothèses, afin d’améliorer notre compréhension des interactions entre loups, troupeaux et tirs dérogatoires. Les simulations indiquent que le contrôle létal permettait de réduire la déprédation dans les contextes où les troupeaux domestiques sont protégés et moins vulnérables à la prédation que les proies sauvages. La difficulté réside à définir, sur le terrain, les contextes pastoraux et environnementaux qui régissent les comportements de prédation et donc les effets des tirs dérogatoires. L’une des solutions serait d’effectuer des expertises locales au sein de chaque ensemble de surfaces pastorales appartenant au même foyer de déprédation. La thèse propose une méthodologie statistique pour identifier ces groupes de pâturages. Cette méthode permet de tenir compte de l’utilisation des pâturages par les ovins, et donc du taux d’exposition au risque de déprédation qui diffère selon les troupeaux. Pour conclure, les résultats de la thèse invitent à adopter une gestion contextualisée des attaques par les tirs, c’est-à-dire ajustée aux situations locales, en complément des mesures de protection, elles aussi ajustées aux contextes locaux.