Les journaux de Louise Bourgeois: perspectives nouvelles sur le féminisme et l’érotisme

Abstract

Résumé L’ouverture des archives privées de Louise Bourgeois aux chercheurs a joué un grand rôle dans la découverte de l’influence de la psychanalyse sur son œuvre. Mais ses archives offrent des possibilités de découvertes en dehors du champ psychanalytique. En effet, dans les nombreux entretiens qu’elle accorde à partir des années 1980, Bourgeois racontera beaucoup d’anecdotes sur son enfance et sa vie en France. Ces déclarations sont devenues la source principale d’analyses et d’interprétations de ses œuvres. Mais, dans ses discours publics, Bourgeois est moins prolixe en ce qui concerne sa vie après son arrivée aux États-Unis en 1938 jusqu’à sa mort en mai 2010. En particulier lorsqu’on l’interroge sur ses œuvres sexuellement explicites ou sur ses liens avec le féminisme, elle devient très réticente. Une lecture approfondie de son journal intime, en particulier les carnets des années 1970, permet de combler ces lacunes. Dans son journal, Bourgeois inscrit méticuleusement son quotidien, ce qui nous permet de retracer ses activités à cette époque On y découvre notamment ses liens avec trois organisations féministes, Women in the Arts, Women’s Interart Center et Fight Censorship Group, liens qui n’avaient jusqu’ici jamais été documentés. Elle y évoque également ses œuvres, parfois accompagnées de croquis, d’adjectifs ou noms différents de ceux qu'on connaissait ne laissant aucun doute quant à la portée sexuelle et érotique de certaines pièces. Plus que remplir des blancs, les écrits de Bourgeois nous renseignent donc sur ces liens avec le mouvement féministe, mais également sur la manière dont l’artiste perçoit elle-même ses œuvres.