Impact du pharmacien dans une équipe opérationnelle d’infectiologie

Abstract

Introduction

La résistance bactérienne est un problème majeur de santé publique. Une utilisation inappropriée des antibiotiques (ATB) dans les hôpitaux entraînent un risque d’émergence de bactéries résistantes, des risques inadéquats pour le patient et des coûts supplémentaires pour la collectivité. Depuis plus d’un an, une équipe opérationnelle d’infectiologie composée d’un infectiologue et d’un pharmacien a été mise en place dans notre établissement pour améliorer la stratégie des anti-infectieux (AI).

L’objectif de ce travail est d’analyser l’impact du pharmacien sur les prescriptions des anti-infectieux au sein de l’équipe opérationnelle d’infectiologie de notre établissement.

Matériels et méthodes

Les différentes interventions pharmaceutiques ont été faites après une expertise au lit du patient, par téléphone ou en réunion de concertation pluridisciplinaire des anti-infectieux. Toutes les interventions ont été enregistrées sur Act-IP.

Analyse sur un an des indicateurs suivants : le nombre d’intervention pharmaceutique réalisé, les services concernés, la nature de l’AI concerné, les problèmes rencontrés, les interventions pharmaceutiques réalisées et le taux d’acceptation par les prescripteurs.

Résultats

Sept cent cinquante-huit interventions pharmaceutiques ont été réalisées sur 1 an. Les services étaient répartis comme tels : médecine (66 %, n = 501), chirurgie (24,9 %, n = 189), et réanimation (9 %, n = 68). Les AI concernaient surtout les ATB et notamment la vancomycine (14,5 %, n = 110), les céphalosporines (13,3 %, n = 101) et les fluoroquinolones (12,7 %, n = 96). Les principaux problèmes rencontrés étaient une erreur de posologie (24,5 %, n = 186), une demande de monitorage à suivre (24,1 %, n = 183), une non-conformité au consensus (22,6 %, n = 171) et des interactions médicamenteuses (13,6 %, n = 103). Parmi les non-conformités, on retrouvait principalement l’absence de désescalade au germe retrouvé (69 %, n = 118) ou la mauvaise durée de prescription (12,3 %, n = 21). Au total, 223 suivis thérapeutiques, 206 adaptations posologiques et 153 substitutions ont été demandées. Une modification de la prescription a été réalisée dans plus de 93 % des cas.

Conclusion

La collaboration étroite entre le pharmacien et l’infectiologue est une plus-value importante pour l’amélioration de la prise en charge des patients infectés ainsi que pour la promotion de bon usage des anti-infectieux de notre établissement. Une analyse en parallèle de la consommation des antibiotiques et de l’écologie bactérienne sur 2019 est prochainement prévue.