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Comment agir au cœur d’un paysage fluvial en mutation ?
L’archipel de Siphandone est un ensemble d’iles fluviales etablies sur le cours inferieur du Mekong a la frontiere lao-cambodgienne. Au cœur d’enjeux economiques et bioclimatiques des reseaux fluviaux de l’Himalaya, les projets internationaux – par exemple faire de la region la « batterie de l’Asie du Sud-Est » – ont des effets sur le fleuve, ses ressources, son paysage. Si ces initiatives multiscalaires et top down renvoient a une conception du paysage « a l’occidentale » (Gauche, 2015), n’y a-t-il pas la un risque de marginaliser une cosmologie, celle des Lao Loum ? Sur un territoire ou la vie quotidienne a pu etre fortement contrainte, notamment par le milieu (Sayarath, 2014), comment les riverains a l’echelle villageoise et supravillageoise pourraient-ils reagir face a ces mutations ? Une maniere indirecte de repondre a la question et, a partir d’une recherche bibliographique et webographique, d’une enquete de terrain et d’entretiens exploratoires, l’article propose d’abord d’etudier l’une des premieres formes d’organisation commune, a savoir le langage, en se focalisant sur la signification du mot « paysage ». Puis, les pratiques paysageres de cette « civilisation du vegetal » (Vidal, 2017) seront mises en lumiere afin d’eprouver les trois notions – le paysage, le politique et le temps. Au rythme de la mousson et des relations aux genies du fleuve, les negociations supravillageoises des Lao Loum avec le fleuve-jardin seront considerees comme une action collective, soit l’expression d’un quotidien, une deconstruction de moments du paysage lao dans le « present epais » (Zitouni, 2019).