{"title":"Ursum facere或重建的意义","authors":"Claudie Voisenat","doi":"10.3917/SR.047.0039","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Chaque hiver, dans le Haut-Vallespir, une vallee des Pyrenees-Orientales, de jeunes hommes grimes en « Ours », poursuivis par des « Chasseurs », parcourent les rues des villages pour se saisir des jeunes filles. En depit de leur anciennete, ou mieux, en raison d’elle, les fetes de l’Ours relevent bien d’une reconstitution : non pas celle d’un passe mis en scene dans sa materialite, mais celle du sens, perpetuellement reconstruit a mesure que le temps et les transformations sociales viennent l’eroder. Si les gestes et l’expression, « faire l’ours », ursum facere montrent une singuliere remanence, aussi loin que remonte notre documentation, depuis le milieu du xixe siecle au moins, les raisons de le faire n’ont pas cesse d’etre reelaborees, restaurant en permanence la coherence qui donne sens a l’experience, en permet le renouvellement et la repetition qui lui donne valeur de rite. Reutilisations, emprunts, transferts, sont a l’œuvre, utilisant les recouvrements successifs des discours autochtones par ceux de la religion tout d’abord, de l’erudition locale ensuite, des sciences humaines. Leur recuperation, on pourrait dire leur indigenisation recente, par une communaute soucieuse d’enoncer et de valoriser sa propre culture, ne cantonne pas la reconstitution dans la fidelite a une verite originelle, unique. Reconstituer la coherence, c’est avant tout orchestrer une polyphonie. On tente ici d’en isoler quelques voix.","PeriodicalId":213643,"journal":{"name":"Sociétés & Représentations","volume":"24 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"1900-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":"{\"title\":\"Ursum facere ou le sens reconstitué\",\"authors\":\"Claudie Voisenat\",\"doi\":\"10.3917/SR.047.0039\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Chaque hiver, dans le Haut-Vallespir, une vallee des Pyrenees-Orientales, de jeunes hommes grimes en « Ours », poursuivis par des « Chasseurs », parcourent les rues des villages pour se saisir des jeunes filles. En depit de leur anciennete, ou mieux, en raison d’elle, les fetes de l’Ours relevent bien d’une reconstitution : non pas celle d’un passe mis en scene dans sa materialite, mais celle du sens, perpetuellement reconstruit a mesure que le temps et les transformations sociales viennent l’eroder. Si les gestes et l’expression, « faire l’ours », ursum facere montrent une singuliere remanence, aussi loin que remonte notre documentation, depuis le milieu du xixe siecle au moins, les raisons de le faire n’ont pas cesse d’etre reelaborees, restaurant en permanence la coherence qui donne sens a l’experience, en permet le renouvellement et la repetition qui lui donne valeur de rite. Reutilisations, emprunts, transferts, sont a l’œuvre, utilisant les recouvrements successifs des discours autochtones par ceux de la religion tout d’abord, de l’erudition locale ensuite, des sciences humaines. Leur recuperation, on pourrait dire leur indigenisation recente, par une communaute soucieuse d’enoncer et de valoriser sa propre culture, ne cantonne pas la reconstitution dans la fidelite a une verite originelle, unique. Reconstituer la coherence, c’est avant tout orchestrer une polyphonie. On tente ici d’en isoler quelques voix.\",\"PeriodicalId\":213643,\"journal\":{\"name\":\"Sociétés & Représentations\",\"volume\":\"24 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"1900-01-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"1\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Sociétés & Représentations\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.3917/SR.047.0039\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Sociétés & Représentations","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/SR.047.0039","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Chaque hiver, dans le Haut-Vallespir, une vallee des Pyrenees-Orientales, de jeunes hommes grimes en « Ours », poursuivis par des « Chasseurs », parcourent les rues des villages pour se saisir des jeunes filles. En depit de leur anciennete, ou mieux, en raison d’elle, les fetes de l’Ours relevent bien d’une reconstitution : non pas celle d’un passe mis en scene dans sa materialite, mais celle du sens, perpetuellement reconstruit a mesure que le temps et les transformations sociales viennent l’eroder. Si les gestes et l’expression, « faire l’ours », ursum facere montrent une singuliere remanence, aussi loin que remonte notre documentation, depuis le milieu du xixe siecle au moins, les raisons de le faire n’ont pas cesse d’etre reelaborees, restaurant en permanence la coherence qui donne sens a l’experience, en permet le renouvellement et la repetition qui lui donne valeur de rite. Reutilisations, emprunts, transferts, sont a l’œuvre, utilisant les recouvrements successifs des discours autochtones par ceux de la religion tout d’abord, de l’erudition locale ensuite, des sciences humaines. Leur recuperation, on pourrait dire leur indigenisation recente, par une communaute soucieuse d’enoncer et de valoriser sa propre culture, ne cantonne pas la reconstitution dans la fidelite a une verite originelle, unique. Reconstituer la coherence, c’est avant tout orchestrer une polyphonie. On tente ici d’en isoler quelques voix.