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Ils se développent en dehors des réserves et attirent principalement une zone grise de l’autochtonie peu documentée à ce jour ainsi que de nombreux Blancs et quelques minorités visibles. Ces réseaux sont l’héritage de William Commanda (1913-2011), chef anishinàbe de la réserve de Kitigan Zibi, qui a pris l’initiative, il y a quelque cinquante ans, de diffuser les savoirs de son peuple à tous, Autochtones et non-Autochtones. Alors que les Autochtones dénoncent le fait que l’appropriation culturelle perturbe leur processus de reconstruction culturelle et de guérison, nous voyons sur le terrain les participants emprunter et s’approprier les ressources symboliques autochtones sans états d’âme. Nous nous proposons d’explorer les modalités de diffusion et d’appropriation de ces ressources en nous posant la question de savoir si ce phénomène relève, sur le terrain, d’habitus coloniaux ou bien se produit-il un début de guérison de la relation dans la lignée de la vision de Commanda ?","PeriodicalId":359044,"journal":{"name":"Drogue et santé revisitées : institution, appropriation et réinvention des usages","volume":"125 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-07-21","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"L’appropriation culturelle et identitaire, une entrave aux processus de guérison autochtone\",\"authors\":\"Marie-Noëlle Petropavlovsky\",\"doi\":\"10.7202/1090702ar\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Les Autochtones sont engagés aujourd’hui dans un processus de reconstruction culturelle qui passe par une réappropriation de leurs langues et de leurs savoirs, et qui s’inscrit dans un mouvement plus global de guérison autochtone. 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L’appropriation culturelle et identitaire, une entrave aux processus de guérison autochtone
Les Autochtones sont engagés aujourd’hui dans un processus de reconstruction culturelle qui passe par une réappropriation de leurs langues et de leurs savoirs, et qui s’inscrit dans un mouvement plus global de guérison autochtone. Leur démarche s’accompagne notamment d’actions qui visent à prévenir l’appropriation de leurs cultures et à dénoncer les représentations erronées de l’autochtonie. La reconstruction culturelle est portée par un refus d’être assimilés à la société dominante. Les Autochtones visent la coexistence et non l’inclusion dans le monde euro-américain. Les relations entre les Autochtones et non-Autochtones sont donc marquées avant tout par la dichotomie. Cependant, les réseaux de cérémonies de guérison autochtones que nous avons observés se situent aux antipodes de celle-ci. Ils se développent en dehors des réserves et attirent principalement une zone grise de l’autochtonie peu documentée à ce jour ainsi que de nombreux Blancs et quelques minorités visibles. Ces réseaux sont l’héritage de William Commanda (1913-2011), chef anishinàbe de la réserve de Kitigan Zibi, qui a pris l’initiative, il y a quelque cinquante ans, de diffuser les savoirs de son peuple à tous, Autochtones et non-Autochtones. Alors que les Autochtones dénoncent le fait que l’appropriation culturelle perturbe leur processus de reconstruction culturelle et de guérison, nous voyons sur le terrain les participants emprunter et s’approprier les ressources symboliques autochtones sans états d’âme. Nous nous proposons d’explorer les modalités de diffusion et d’appropriation de ces ressources en nous posant la question de savoir si ce phénomène relève, sur le terrain, d’habitus coloniaux ou bien se produit-il un début de guérison de la relation dans la lignée de la vision de Commanda ?