{"title":"外观","authors":"Hugues de Jouvenel","doi":"10.3917/futur.457.0033","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"La mondialisation et l’essor des échanges commerciaux internationaux étaient des tendances lourdes des dernières décennies du siècle passé, notamment sous l’effet de l’éclatement des chaînes de valeur. Mais la pandémie de Covid, puis la guerre en Ukraine et les tensions entre la Chine et les États-Unis, ainsi que les politiques que ces deux pays ont adoptées, ont suscité depuis quelque temps en Europe une inquiétude et un espoir : une inquiétude depuis que l’Union européenne s’est rendu compte qu’elle était tributaire, par exemple pour ses approvisionnements en produits pharmaceutiques, d’ingrédients actifs qu’elle devait importer ; un espoir, celui de réussir à opérer une relocalisation de la production sur son territoire et, à défaut, de diversifier l’origine de ses importations. Les avantages de l’étalement des chaînes de valeur se sont alors révélés moindres que les inconvénients, la situation devenant nuisible à l’autonomie stratégique de l’Europe, à celle de ses États membres et à celle de ses entreprises. Comment donc ont évolué ces chaînes de valeur depuis cette prise de conscience et les résolutions alors adoptées, y compris le plan de relance de l’Union européenne (NextGenerationEU) adopté en décembre 2020, la « Facilité pour la reprise et la résilience » (REPowerEU), entrée en vigueur en février 2021, et sa déclinaison dans les pays membres ? Rappelons enfin, sur ce dossier, que le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), 15 jours avant le sommet du G20 à New Dehli des 9 et 10 septembre 2023, s’alarmaient d’un commerce mondial de plus en plus « fragmenté » ? Dénonçant le « découplage technologique », Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, écrivait, fin août : « À mesure que les échanges commerciaux diminuent et que les barrières augmentent, la croissance mondiale sera durement touchée. » Elle estime que « la croissance économique mondiale d’ici 2028 ne dépassera pas 3 % par an, soit la prévision quinquennale la plus basse des trois dernières décennies » 1 . À quoi la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, répond : « Nous ne chercherons jamais à découpler ou à freiner l’économie chinoise » ; ajoutant : « nous ne faisons aucun compromis ni ne négocions en matière de sécurité nationale »… Afin d’amorcer la réflexion sur le sujet des dépendances stratégiques, nous publions dans ce bref dossier deux articles : l’un de Vincent Vicard et Pauline Wibaux, du CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) ; l’autre d’Aymeric Lachaux, de la direction générale du Trésor. 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Comment donc ont évolué ces chaînes de valeur depuis cette prise de conscience et les résolutions alors adoptées, y compris le plan de relance de l’Union européenne (NextGenerationEU) adopté en décembre 2020, la « Facilité pour la reprise et la résilience » (REPowerEU), entrée en vigueur en février 2021, et sa déclinaison dans les pays membres ? Rappelons enfin, sur ce dossier, que le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), 15 jours avant le sommet du G20 à New Dehli des 9 et 10 septembre 2023, s’alarmaient d’un commerce mondial de plus en plus « fragmenté » ? Dénonçant le « découplage technologique », Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, écrivait, fin août : « À mesure que les échanges commerciaux diminuent et que les barrières augmentent, la croissance mondiale sera durement touchée. » Elle estime que « la croissance économique mondiale d’ici 2028 ne dépassera pas 3 % par an, soit la prévision quinquennale la plus basse des trois dernières décennies » 1 . À quoi la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, répond : « Nous ne chercherons jamais à découpler ou à freiner l’économie chinoise » ; ajoutant : « nous ne faisons aucun compromis ni ne négocions en matière de sécurité nationale »… Afin d’amorcer la réflexion sur le sujet des dépendances stratégiques, nous publions dans ce bref dossier deux articles : l’un de Vincent Vicard et Pauline Wibaux, du CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) ; l’autre d’Aymeric Lachaux, de la direction générale du Trésor. 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