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Les anthropologues et le « concept » de populisme. Dépasser l’embarras pour tracer de nouvelles pistes
Les anthropologues restent en retrait dans le débat académique sur le populisme, pourtant leur contribution est fondamentale car ils ont fait des peuples, dans leur multiplicité, l’objet même de leur expertise scientifique. Revenir sur leur implication initiale dans ce débat permet de comprendre leur embarras actuel. Ancré dans l’horizon libéral, ce « concept » n’a cessé de faire l’objet d’investissement politique au sein même de la sphère académique. Conceptualisé par des sociologues américains en référence au maccarthysme, le populisme a assumé une connotation négative qui est aujourd’hui contestée. La normativité libérale inhérente à ce concept contrevient à la démarche des anthropologues qui cherchent au contraire à soustraire de leurs descriptions toutes formes de jugements pour rendre compte de la réalité à partir des catégories des acteurs. Néanmoins, ils ont mis à profit les hypothèses concernant le substrat paranoïaque du populisme. En s’efforçant d’incarner la volonté populaire, les leaders populistes tendent à substantialiser le peuple à travers des mises en scène corporelles qui explicitent un attachement physique à la nation et à ses caractéristiques. Cette tendance est également perceptible dans les populismes progressistes. Les anthropologues doivent s’efforcer, aujourd’hui comme par le passé, de révéler ces processus de substantialisation de la citoyenneté et d’ossification de la démocratie.