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摘要
在古希腊罗马时代,人体解剖学本身长期以来一直备受推崇,尤其是手被认为是值得赞美的。它们被视为人类优于其他生物的标志。公元前一世纪构思的仆人之手(manus ministrae)的有效形象流传了三百多年。它是西塞罗的遗产:西塞罗在《论自然》(De natura deorum)一书中将赞美身体这一部分的长篇大论归功于巴尔布斯(Balbus),其中带有亚里士多德终极论的烙印,在《论动物的各个部分》(On the Parts of Animals)一书第四卷中有所表述。"仆人之手 "的论题立即得到了呼应,几个世纪后又在四世纪初的基督教文本中重现,包括拉坦提乌斯(Lactantius)的论文《造物主上帝的工作》和西卡的阿诺比乌斯(Arnobius of Sicca),后者在其《反对外邦人》中提出了一个激进的分叉:在他那里,"仆人之手"(manus ministrae)失去了光彩,造物的益处受到了质疑;修辞者摒弃了一切形式的人类中心主义。作为一种文学体裁,道歉学处于传统的十字路口,其模棱两可之处在这一拆解中显露无遗。在杰罗姆之前几十年,阿诺比乌斯似乎曾自责过,因为他对书信的喜好和他所受的训练,使他更接近西塞罗,而不是基督。
Histoire des « mains servantes », de Cicéron à Arnobe
Dans l’antiquité gréco-romaine, l’anatomie humaine a été longtemps admirée en tant que telle et les mains, en particulier, jugées dignes d’éloges. Elles sont apparues comme la marque distinctive d’une humanité considérée comme supérieure aux autres créatures. L’image efficace des mains servantes ( manus ministrae ), conçue au i er siècle av. J.-C., a circulé pendant plus de trois cents ans. Elle constitue un héritage cicéronien : c’est dans le De natura deorum que Cicéron attribue à Balbus un long discours à la gloire de cette partie du corps qui reçoit l’empreinte du finalisme aristotélicien, tel qu’il s’est exprimé dans le livre IV du traité Des Parties des animaux . Le topos des « mains servantes » trouve des échos immédiats, puis renaît à des siècles de distance dans des textes chrétiens du début du iv e siècle, à la fois chez Lactance, dans son traité L’ouvrage du dieu créateur , et chez Arnobe de Sicca, lequel propose dans son Contre les Gentils une bifurcation radicale : avec lui, les manus ministrae perdent de leur lustre et les bienfaits de la Création sont mis en question ; le rhéteur rejette toute forme d’anthropocentrisme. Dans cette entreprise de démolition se devinent les ambiguïtés de l’apologétique en tant que genre littéraire au croisement des traditions. Quelques décennies avant Jérôme, Arnobe semble se reprocher, par son goût pour les lettres et par sa formation même, d’être plus proche de Cicéron que du Christ.
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