L. Levy , A. Lefevre-Utile , S. Humbert , A. Belot , D. Boutboul , L. Essaadouni , M. Fouillet-Desjonqueres , A.S. Parentelli , D. Berrebi , A. Faye , A. Zaloszyc , B. Terrier , Groupe français d’étude des vascularites
{"title":"描述一种特殊形式的幼年发病的多血管炎肉芽肿病","authors":"L. Levy , A. Lefevre-Utile , S. Humbert , A. Belot , D. Boutboul , L. Essaadouni , M. Fouillet-Desjonqueres , A.S. Parentelli , D. Berrebi , A. Faye , A. Zaloszyc , B. Terrier , Groupe français d’étude des vascularites","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.352","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>La granulomatose avec polyangéite (GPA) est une vascularite granulomateuse nécrosante des petits et moyens vaisseaux associée à la présence d’anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA), dirigés essentiellement contre la protéinase 3 (PR3). La GPA touche principalement les adultes avec un âge moyen de 55 ans, et les atteintes les plus fréquentes sont oto-rhino-laryngée (ORL), pulmonaires et rénales <span>[1]</span>. L’atteinte digestive de la GPA est rare (5–10 %) <span>[2]</span>. Les formes à début pédiatrique sont rares, avec une prédominance de l’attente rénale (74 %) et peu de présentations digestives (17 %) <span>[3]</span>. Nous décrivons ici la présentation initiale et l’évolution d’une forme particulière de GPA à début juvénile.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Nous avons réalisé une étude rétrospective, multicentrique, observationnelle, de 2000 à 2023, incluant des patients de moins de 25 ans atteints de GPA répondant aux critères de classification de l’ACR/EULAR 2022, présentant une atteinte digestive inaugurale évocatrice de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Les données ont été recueillies rétrospectivement à partir d’une fiche de recueil standardisée.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Dix patients ont été inclus (âge médian 14 [écart interquartile : 11,25–22,5] ans, de sexe masculin dans 60 % des cas). Tous présentaient un tableau digestif prédominant inaugural avec diarrhées (100 %), douleurs abdominales (90 %) et/ou hémorragie digestive (80 %). Après explorations endoscopiques et analyses histologiques, un diagnostic initial de MICI avait été posé, dont 3 rectocolites hémorragiques, 3 maladies de Crohn et 4 colites indifférenciées. Seulement 4 avaient des lésions de vascularites sur les biopsies digestives initiales. Neuf patients ont reçu un traitement initial de MICI, reposant sur les corticoïdes, l’acide 5-aminosalicylique, les anti-TNF-alpha, l’ustekinumab et/ou le védolizumab. Ce traitement était insuffisant pour l’obtention d’une rémission dans 100 % des cas.</p><p>Le diagnostic de GPA était finalement posé dans tous les cas après le diagnostic initial de MICI, après un délai médian de 6 (écart interquartile : 3–20,5) mois. Les principales manifestations extra-digestives étaient cutanées (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8), ORL (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8), articulaires (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7), oculaires (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4) et pulmonaires (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3). Aucun patient ne présentait de glomérulonéphrite rapidement progressive (seulement deux hématuries microscopiques). Huit patients gardaient une atteinte digestive active quand le diagnostic de GPA a été posé.</p><p>Les ANCA étaient positifs au cours de l’histoire dans 90 % des cas, de spécificité anti-PR3 dans 88 %, sans jamais de spécificité anti-myélopéroxydase. Le traitement de la GPA reposait sur une corticothérapie associée à un immunosuppresseur (rituximab ou cyclophosphamide), permettant l’obtention d’une rémission dans 90 % des cas.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Nous décrivons dans cette étude un groupe de patients présentant une GPA avec manifestations digestives « MICI-like » inaugurales et à début juvénile. Cette forme semble représenter une entité à part entière de GPA, se caractérisant par la faible prévalence de l’atteinte rénale, un tableau digestif prédominant et une réponse, y compris digestive, aux traitements conventionnels de la GPA. Une analyse génétique de l’exome pourrait permettre d’identifier des gènes de prédisposition particuliers.</p></div>","PeriodicalId":0,"journal":{"name":"","volume":"45 ","pages":"Pages A67-A68"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Description d’une forme particulière de granulomatose avec polyangéite à début juvénile\",\"authors\":\"L. Levy , A. Lefevre-Utile , S. Humbert , A. Belot , D. Boutboul , L. Essaadouni , M. Fouillet-Desjonqueres , A.S. Parentelli , D. Berrebi , A. Faye , A. Zaloszyc , B. 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Nous décrivons ici la présentation initiale et l’évolution d’une forme particulière de GPA à début juvénile.</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Nous avons réalisé une étude rétrospective, multicentrique, observationnelle, de 2000 à 2023, incluant des patients de moins de 25 ans atteints de GPA répondant aux critères de classification de l’ACR/EULAR 2022, présentant une atteinte digestive inaugurale évocatrice de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Les données ont été recueillies rétrospectivement à partir d’une fiche de recueil standardisée.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Dix patients ont été inclus (âge médian 14 [écart interquartile : 11,25–22,5] ans, de sexe masculin dans 60 % des cas). Tous présentaient un tableau digestif prédominant inaugural avec diarrhées (100 %), douleurs abdominales (90 %) et/ou hémorragie digestive (80 %). Après explorations endoscopiques et analyses histologiques, un diagnostic initial de MICI avait été posé, dont 3 rectocolites hémorragiques, 3 maladies de Crohn et 4 colites indifférenciées. Seulement 4 avaient des lésions de vascularites sur les biopsies digestives initiales. Neuf patients ont reçu un traitement initial de MICI, reposant sur les corticoïdes, l’acide 5-aminosalicylique, les anti-TNF-alpha, l’ustekinumab et/ou le védolizumab. Ce traitement était insuffisant pour l’obtention d’une rémission dans 100 % des cas.</p><p>Le diagnostic de GPA était finalement posé dans tous les cas après le diagnostic initial de MICI, après un délai médian de 6 (écart interquartile : 3–20,5) mois. Les principales manifestations extra-digestives étaient cutanées (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8), ORL (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8), articulaires (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7), oculaires (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4) et pulmonaires (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3). 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Description d’une forme particulière de granulomatose avec polyangéite à début juvénile
Introduction
La granulomatose avec polyangéite (GPA) est une vascularite granulomateuse nécrosante des petits et moyens vaisseaux associée à la présence d’anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA), dirigés essentiellement contre la protéinase 3 (PR3). La GPA touche principalement les adultes avec un âge moyen de 55 ans, et les atteintes les plus fréquentes sont oto-rhino-laryngée (ORL), pulmonaires et rénales [1]. L’atteinte digestive de la GPA est rare (5–10 %) [2]. Les formes à début pédiatrique sont rares, avec une prédominance de l’attente rénale (74 %) et peu de présentations digestives (17 %) [3]. Nous décrivons ici la présentation initiale et l’évolution d’une forme particulière de GPA à début juvénile.
Patients et méthodes
Nous avons réalisé une étude rétrospective, multicentrique, observationnelle, de 2000 à 2023, incluant des patients de moins de 25 ans atteints de GPA répondant aux critères de classification de l’ACR/EULAR 2022, présentant une atteinte digestive inaugurale évocatrice de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Les données ont été recueillies rétrospectivement à partir d’une fiche de recueil standardisée.
Résultats
Dix patients ont été inclus (âge médian 14 [écart interquartile : 11,25–22,5] ans, de sexe masculin dans 60 % des cas). Tous présentaient un tableau digestif prédominant inaugural avec diarrhées (100 %), douleurs abdominales (90 %) et/ou hémorragie digestive (80 %). Après explorations endoscopiques et analyses histologiques, un diagnostic initial de MICI avait été posé, dont 3 rectocolites hémorragiques, 3 maladies de Crohn et 4 colites indifférenciées. Seulement 4 avaient des lésions de vascularites sur les biopsies digestives initiales. Neuf patients ont reçu un traitement initial de MICI, reposant sur les corticoïdes, l’acide 5-aminosalicylique, les anti-TNF-alpha, l’ustekinumab et/ou le védolizumab. Ce traitement était insuffisant pour l’obtention d’une rémission dans 100 % des cas.
Le diagnostic de GPA était finalement posé dans tous les cas après le diagnostic initial de MICI, après un délai médian de 6 (écart interquartile : 3–20,5) mois. Les principales manifestations extra-digestives étaient cutanées (n = 8), ORL (n = 8), articulaires (n = 7), oculaires (n = 4) et pulmonaires (n = 3). Aucun patient ne présentait de glomérulonéphrite rapidement progressive (seulement deux hématuries microscopiques). Huit patients gardaient une atteinte digestive active quand le diagnostic de GPA a été posé.
Les ANCA étaient positifs au cours de l’histoire dans 90 % des cas, de spécificité anti-PR3 dans 88 %, sans jamais de spécificité anti-myélopéroxydase. Le traitement de la GPA reposait sur une corticothérapie associée à un immunosuppresseur (rituximab ou cyclophosphamide), permettant l’obtention d’une rémission dans 90 % des cas.
Conclusion
Nous décrivons dans cette étude un groupe de patients présentant une GPA avec manifestations digestives « MICI-like » inaugurales et à début juvénile. Cette forme semble représenter une entité à part entière de GPA, se caractérisant par la faible prévalence de l’atteinte rénale, un tableau digestif prédominant et une réponse, y compris digestive, aux traitements conventionnels de la GPA. Une analyse génétique de l’exome pourrait permettre d’identifier des gènes de prédisposition particuliers.