{"title":"黛比·塔克·格林年度舞台上的节奏曲","authors":"L. Sawyers","doi":"10.4000/sillagescritiques.7707","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans une esthetique du trauma, debbie tucker green fait resonner des voix socialement marginales et politiquement mineures et les dirige « d’une plume de fer » a la maniere d’un chef d’orchestre. Ses textes, au carrefour du poeme, de paroles de chansons et de la partition musicale interrogent d’emblee la nature du theâtral. En tant que femme noire qui met en scene des personnages noirs pour un public majoritairement blanc, les strategies de composition dramatique auxquelles elle a recours travaillent l’absence et le masque pour construire un theâtre en marge du didactisme dont ses « predecesseures » britanniques et noires ont souvent ete taxees. En effet, la representation du debat lui-meme est le grand absent de ce theâtre pourtant « politique ». SIDA, genocides, violences conjugales, incestes, guerres civiles, peine de mort s’abordent au travers de l’experience humaine de l’enjeu politique (mort, souffrance, torture, trauma, revolte). Le personnage theâtral voit sa subjectivite saisie dans un entre-deux. Ni totalement spectral, ni ancre de facon univoque dans la situation dramatique, le sujet se livre en stereophonie et laisse chaque spectateur, aux prises avec son empathie, negocier son propre chemin hermeneutique entre voix solo ou chant choral, portee locale ou universelle. Paradoxalement, c’est donc par l’absence que tucker green redefinit le theâtre « In-Yer-Face » du XXIeme siecle. A contre-courant de la frontalite visuelle de Kane ou Ravenhill, l’ecriture « coup de poing » de la dramaturge dirige son efficacite provocatrice vers l’oreille. Les personnages saignent, se dechirent et s’aiment dans une emotion exacerbee, mais c’est avant tout dans la langue qu’ils emploient que leur drame se joue. Armee de silences et de non-dits, tucker green grave une partition musicale faite de melodies fantomes nees de motifs d’ecriture relevant tantot du contrepoint, tantot de l’arpege ou encore du canon. Nous proposons de mener une reflexion sur les enjeux politiques de tels dispositifs musicaux. Quelles sont les modalites de la representation du traumatisme sur la scene « In-Yer-Face » de tucker green et quel est le role poetique et politique joue par la musicalite du texte dans cette representation ?","PeriodicalId":56234,"journal":{"name":"Sillages Critiques","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2018-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Traum-A-Rhythmia On Debbie Tucker Green’s In-Yer-Ear Stage\",\"authors\":\"L. 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Traum-A-Rhythmia On Debbie Tucker Green’s In-Yer-Ear Stage
Dans une esthetique du trauma, debbie tucker green fait resonner des voix socialement marginales et politiquement mineures et les dirige « d’une plume de fer » a la maniere d’un chef d’orchestre. Ses textes, au carrefour du poeme, de paroles de chansons et de la partition musicale interrogent d’emblee la nature du theâtral. En tant que femme noire qui met en scene des personnages noirs pour un public majoritairement blanc, les strategies de composition dramatique auxquelles elle a recours travaillent l’absence et le masque pour construire un theâtre en marge du didactisme dont ses « predecesseures » britanniques et noires ont souvent ete taxees. En effet, la representation du debat lui-meme est le grand absent de ce theâtre pourtant « politique ». SIDA, genocides, violences conjugales, incestes, guerres civiles, peine de mort s’abordent au travers de l’experience humaine de l’enjeu politique (mort, souffrance, torture, trauma, revolte). Le personnage theâtral voit sa subjectivite saisie dans un entre-deux. Ni totalement spectral, ni ancre de facon univoque dans la situation dramatique, le sujet se livre en stereophonie et laisse chaque spectateur, aux prises avec son empathie, negocier son propre chemin hermeneutique entre voix solo ou chant choral, portee locale ou universelle. Paradoxalement, c’est donc par l’absence que tucker green redefinit le theâtre « In-Yer-Face » du XXIeme siecle. A contre-courant de la frontalite visuelle de Kane ou Ravenhill, l’ecriture « coup de poing » de la dramaturge dirige son efficacite provocatrice vers l’oreille. Les personnages saignent, se dechirent et s’aiment dans une emotion exacerbee, mais c’est avant tout dans la langue qu’ils emploient que leur drame se joue. Armee de silences et de non-dits, tucker green grave une partition musicale faite de melodies fantomes nees de motifs d’ecriture relevant tantot du contrepoint, tantot de l’arpege ou encore du canon. Nous proposons de mener une reflexion sur les enjeux politiques de tels dispositifs musicaux. Quelles sont les modalites de la representation du traumatisme sur la scene « In-Yer-Face » de tucker green et quel est le role poetique et politique joue par la musicalite du texte dans cette representation ?