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Depuis les destructions jusqu’à l’ébauche d’une théorie patrimoniale
À partir de 1792, l’extension par les armes de la Révolution entraîne l’occupation puis l’annexion des territoires situés entre Meuse et Rhin et, en conséquence, la mise en place de nouveaux découpages territoriaux où s’applique la législation parisienne, notamment en matière de bibliothèques. Cette législation rencontre toutefois une difficulté inédite, celle des bouleversements induits par le passage des armées et les opérations militaires. Beaucoup de bibliothèques promises au séquestre, comme cela avait eu lieu en France quatre ans auparavant, sont en effet dévastées par les pillages, mises à sac, réquisitions et incendies. Les instances révolutionnaires doivent donc se prononcer sur ce déploiement de violence, et justifier par ailleurs les mises sous séquestre, perçues comme une violence patrimoniale par les anciens possesseurs de ces collections. Le discours se fonde sur la libération des biens culturels confisqués jusqu’alors par le despotisme, sur la nécessité de nourrir par le livre un projet éducatif universel inédit, enfin sur un rêve culturel universel et cosmopolite concrétisé à Paris, capitale de la liberté. Tout en condamnant la brutalité des armées, ce discours promeut l’action militaire comme moyen efficace de mise en oeuvre de cette politique patrimoniale. L’exemple des départements constitués dans les anciens Pays-Bas méridionaux est d’autant plus intéressant qu’il marque un premier jalon dans l’histoire des conquêtes culturelles et de la spoliation des bibliothèques hors de France et dans la réflexion qui s’affinera ensuite dans les départements italiens et allemands, entre le Directoire et l’Empire.