Edyta Kociubińska (dir.), Romanciers fin-de-siècle, Leiden-Boston, Brill-Rodopi, coll. « Faux Titre », vol. 446, 2020. ISBN : 978-90-04-44371-6. XXIV + 205 pages.

« SALMIS DE CADAVRES À LA BAUDELAIRE. Découpez un cadavre faisandé et déjà en décomposition, en autant de parties que vous pourrez, bourrez de vers bien faits et d’originalité, saupoudrez de paradoxes, parez de Fleurs du mal, et servez raide – échauffant. » (Lemercier de Neuville, cité dans Bandy & Pichois 1995: 145). Alors qu’il se moque de la formule poétique de Baudelaire, le journaliste et marionnettiste Louis Lemercier de Neuville se focalise sur deux aspects importants de son écriture: l’esthétique de la fragmentation et la technique de mystification intégrée au processus d’invention poétique et littéraire, qui sont à la base du mouvement décadent émergeant quelques années plus tard. Le roman décadent, ses expérimentations placées sous le signe de l’excès et de la sensation, à travers un nombre important de minores décadents, c’est l’objet des quatorze contributions du volume Romanciers fin-de-siècle, réunies par Edyta Kociubińska La production littéraire et artistique de la fin-de-siècle est largement documentée depuis déjà plus d’un demi-siècle, comme le rappelle Kociubińska dans la brève introduction de cette nouvelle publication. Dans le sillage de The Romantic Agony de Praz [1933] 1970, des ouvrages de référence tels que L’Imaginaire décadent de Pierrot (1977), cité à de nombreuses reprises par les contributeurs de ce volume, parmi tant d’autres, ont balisé la recherche contemporaine et internationale, fortement marquée par l’influence de Palacio (1993, 1994, 2003, 2007, 2011). Il n’est d’ailleurs pas anodin de voir se multiplier aujourd’hui les études qui déplacent les frontières de la décadence, comme par exemple l’ouvrage édité par Guri E. Barstad et Karen P. Knutsen, States of Decadence: On the Aesthetics of Beauty, Decline, and Transgression across Time and Space (2016), mentionné dans l’introduction de la présente étude, ou encore l’excellent travail de la British Association of Decadence Studies (BADS) et de son journal Volupté, créés notamment sous l’égide de Jane Desmarais à l’université de Goldsmiths (Londres).