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Entre lieux de mémoire et lieux de l’oubli au Maroc
À partir des années 1990, le Maroc a entamé un processus de reconnaissance des différentes identités, d’origine berbère ou juive, qui ont contribué à la formation de l’identité marocaine à travers le temps. En fait, jusque dans les années 1990, et en accord avec l’atmosphère panarabiste de l’époque, les politiques gouvernementales au Maroc cherchaient à cacher et à marginaliser tous les héritages historiques et culturels non arabes. Le changement de politique intervenu dans les années 90 a donné lieu à un nouvel ensemble de problèmes en termes de mémoire et de politique du patrimoine. L’intérêt manifesté par le roi Mohammed VI, qui souhaitait que tous les cimetières juifs du Maroc soient restaurés grâce à des fonds provenant directement du Palais Royal, a permis de sauver 167 cimetières juifs au Maroc en 2015. Face à cette situation, le cas de Meknès est unique et intéressant à analyser. Meknès, l’une des villes les plus importantes de l’histoire des juifs au Maroc, ne compte jusqu’à aujourd’hui aucun lieu de mémoire juif restauré et préservé, à l’exception d’une restauration partielle de l’ancien cimetière réalisé en 2017. Le cimetière de l’ancien mellah à Meknès, en particulier, présente une typologie urbaine unique qui voit les tombeaux nichés le long de ses murs, les plus sacrés étant placés au pied des murs eux-mêmes, comme pour protéger, de cette position, tout le mellah. Cet article analysera donc le cas spécifique de Meknès et de l’oubli de son héritage juif.